Kylian mène, en apparence, une vie de rêve ! Jusqu'au jour où débarque Auréa, la sœur de son coloc. La dernière fois qu'il l'a croisée, elle avait 15 ans. La dernière fois qu'il l'a croisée... elle n'était pas aussi troublante. Et la dernière fois q...
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Auréa
- Tu en tires, une tête ! se moque Calista.
Une grimace sur les lèvres, je la rejoins contre la balustrade face à la tour Eiffel et au coucher de soleil. Les rayons orangés réchauffent encore plus son teint mat ainsi que ses yeux clairs qui se posent sur moi. Thomas, les fesses sur la pierre, m'observe d'un air railleur. Je l'imite, puis cale mes reins, dédaignant le crépuscule pour ce qui se trouve à l'opposé, de l'autre côté. À savoir Kylian. Qui se borne à m'ignorer puisqu'il est assis avec mon frangin – que je commence un peu à détester - et ses amis, Achraf et Ousmane, à la terrasse d'un bar. J'ai beau comprendre, dans un sens, que Kylian n'ose rien lui dire, il n'empêche... que ça m'agace prodigieusement. Surtout lorsque je dois endurer des paires d'yeux féminins s'accrochant beaucoup trop à sa silhouette. Oui, j'ai envie de marquer mon territoire comme un animal affamé. Oui, je suis jalouse. M'en fous, j'assume. Enfin, je crois...
Les bras croisés sous ma poitrine, je persiste à le fusiller mentalement quand Thomas, suivant mon regard, me dit gentiment :
- Je comprends, tu sais, qu'il ait peur d'en parler à Énes. Tu n'es pas n'importe qui, Auréa.
- Justement, grommelé-je. Je ne suis pas n'importe qui.
- Ce que je tente de te dire, c'est qu'il y a une sorte de règle tacite entre mecs. Pas touche aux sœurs et aux mères.
Je manque de m'étouffer.
- Aux mères ? Calista se met à rire, toujours passionnée par son coucher de soleil.
- Crois-moi, parfois, il est bon de le préciser, se justifie-t-il. Plus sérieusement, les filles, entre potes, on adore se vanter. Surtout sur le sexe. Et personne n'a envie d'imaginer son meilleur pote en train de se taper sa petite sœur. Et puis...
- Énes connaît très bien Kylian, le coupe l'Italienne. Ainsi que ses... mauvais penchants. C'est assez logique qu'il craigne sa réaction s'il lui avoue qu'il en pince pour toi.
- En pincer ! raillé-je. Ça... rien n'est moins sûr.
Elle fait volte-face pour s'installer dans la même position que nous, puis me fourre un coup d'épaule.
- Je te trouve bien négative, rabat-joie.
- Je suis frustrée, lâché-je tout à trac. Sexuellement parlant, je précise.
Thomas avale de travers une gorgée de son cocktail qui éclabousse sa chemise bleu ciel. Calista, quant à elle, pivote la tête vers moi, l'air aussi sérieux qu'un pape.
- Raconte.
- Ça fait dix jours, depuis Venise. Dix jours qu'on se croise dans les couloirs, qu'il se contente de m'embrasser, puis... plus rien.
- Il attend peut-être le bon moment, tente de l'excuser Thomas.
- Kylian n'est pas du genre à se retenir, en matière de sexe.
