Chapitre 7

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Auréa

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Auréa

Les cheveux fouettant mon visage, je prends le temps de souffler un peu. Ce que je n'ai pas fait de la journée, je crois bien. Après notre petit tour en voiture, Kylian m'a traînée dans le quartier Montmartre. C'est un quartier que j'adore, avec ses rues étroites et escarpées qui se rejoignent par de grands escaliers. C'est un vrai symbole dans la capitale et j'apprécie beaucoup son côté un peu artistique et historique. De nombreux peintres sont venus ici, comme Picasso ou Modigliani, mais j'aime le fait qu'il permet à de nouveaux artistes de s'exprimer. On y trouve souvent, en pleine journée, des peintres de tout âge qui y dressent leurs chevalets pour faire des portraits des touristes. Ce quartier est magnifique, mais, selon moi, le fait qu'il soit très touristique gâche un peu toute sa beauté. C'est pour cette raison que Kylian a préféré m'emmener ici tard dans la soirée, il n'y a pratiquement plus personne. C'est dommage parce qu'il y a des choses incroyables à voir, comme les nombreux musées, théâtres, cabarets, lieux religieux impressionnants, et c'est même ici qu'on trouve le célèbre Moulin Rouge. Je me sentais tellement bien que je ne voulais pas partir. Kylian a dû me menacer de me jeter dans la Seine pour que je me décide à quitter les lieux. En parlant du loup, je pense l'avoir épuisé, aujourd'hui. Six ans, c'est long, surtout quand on essaie de les rattraper en quelques heures. J'ai la bouche sèche et pâteuse d'avoir trop parlé. Quant à lui, je ne serais pas étonnée qu'il se soit déplacé une côte ou deux à force de soupirer. Néanmoins, même ce visage fermé qu'il tentait d'imposer entre nous n'a pu me dissimuler ses sourires dérobés. Et il ne m'en faut pas davantage pour loger une boule de chaleur sous ma poitrine.

À présent que le soleil s'est décliné, nous roulons toujours dans les rues relativement encombrées de la capitale. Kylian demeure silencieux, le regard rivé sur la route. Une part de moi s'en veut de l'avoir poussé dans ses retranchements, en début d'après-midi, mais l'autre... est déjà prête à recommencer. Ce qui, dans un sens, m'effraie. J'ai plein d'amis. Ma bonne humeur instinctive fait qu'il est facile de m'approcher. En revanche, de vrais amis, je n'en ai pas. Je n'ai qu'à voir comment il m'a été facile de tout plaquer pour venir ici... Je n'ai jamais ressenti le besoin de gratter sous la surface, de créer des liens profonds. Peut-être parce que mon frère et Kylian se sont évanouis du jour au lendemain, me prouvant qu'un lien se brise d'un rien. Peut-être parce que je suis ainsi faite, tout simplement.

Mais là, c'est différent. J'ai besoin que Kylian s'ouvre à moi, besoin de savoir ce qui projette une ombre sur son âme. Seulement, le « pourquoi » de ce besoin commence à réellement me faire peur, comme le pourquoi je meurs d'envie qu'il pose cette fichue main sur moi...

- Tu ne m'as pas dit où on allait ? demandé-je.

Il tourne légèrement le visage, son regard se suspend au mien durant une fraction de seconde qui me bouscule, avant de se reporter sur la route. D'un geste vague de la main, il m'indique de l'imiter. Les paupières plissées, j'aperçois enfin un bâtiment qui se découpe. Et plus on avance, plus le bâtiment se déploie, majestueux et grandiose. Peut-être même trop, d'ailleurs... La voiture ralentit tandis que l'immense terrasse de ce que je devine être un hôtel s'étale sous mes yeux ronds. Il n'y a pas à dire, l'endroit est magnifique. Des petits salons de jardin sont dispersés çà et là, des tables hautes ainsi que des matelas sous des tentures. Des lampions blancs éclairent le tout, certains grimpant même dans de grands arbres.

Storm of Feelings || Kylian MbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant