Gabriel se réveilla avec la sensation d'avoir fait une nuit blanche. Il avait l'habitude de dormir très peu ou d'être réveillé au milieu de la nuit lorsqu'une urgence survenait, mais cette fois-ci, il ne s'agissait pas de ça. Les problèmes de l'État étaient loin dans son esprit, la seule et unique chose qui le torturait était son altercation avec Jordan.
Il avait fait les quatre coins de son lit, tournant dans tous les sens en espérant trouver le sommeil. En vain. Au milieu de la nuit, il avait fini par se diriger vers le salon où il s'était installé avec son portable et un verre de vin. Grossière erreur, car lorsqu'il ouvrit Instagram, il fut noyé sous la masse de montage vidéo faite par les internautes retraçant les moments marquants de son débat avec Jordan. Et en aucun cas, il ne s'agissait de politique. Tout était centré sur les regards qu'ils avaient échangés, leurs sourires, leurs mimiques. Il était forcé de constater que Jordan avait raison, c'était la folie. La panique commençait à le gagner. Comment allait-il expliquer ça au Président si ce mouvement prenait de l'ampleur ? Quelle excuse allait-il lui donner ? Rongé par l'angoisse, Gabriel envoya un SMS à Jordan, lui expliquant sa découverte et lui demandant comment il voulait procéder. Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, son message était resté sans réponse.
Ce détail suffit à miner le moral de Gabriel, qui n'était déjà pas au beau fixe. Il était persuadé que Jordan l'ignorait, il répondait toujours à ses messages, parfois avec une heure ou deux de retard, mais il répondait. La situation était complexe, mais il n'avait pas le temps de tergiverser, il devait se mettre au travail, car la campagne était loin d'être terminée.
Il ne savait pas par quel miracle, il avait réussi à faire sa journée de travail sans s'endormir lors d'une réunion ou dans son bureau. Avalant café sur café, Gabriel avait réussi à tenir son rôle de Premier Ministre en ayant les félicitations du chef d'État à propos de son débat avec Bardella qu'il avait, d'après lui, gagné haut la main. En aucun cas, il ne fit allusion à ce qu'il avait pu voir sur les réseaux sociaux ou tout simplement, lors du débat. Un sentiment de soulagement l'avait envahie. Tout n'était pas perdu.
En début de soirée, Gabriel était rentré chez lui afin de retrouver son appartement de fonction en plein cœur de Paris. Un logement bien trop grand pour lui et bien trop vide à son goût. Il mourrait d'envie d'envoyer un message à Jordan. Maintenant que son esprit n'était plus occupé par le travail, il se remémora leur dispute sans pouvoir se retirer de la tête que leur relation avait peut-être touchée à sa fin. Est-ce que seulement, ils avaient eu une histoire ensemble ? Ou comme Jordan l'avait si joliment dit, ce n'était que pour le sexe ? Pas de son côté, en tout cas, car s'il y avait une chose dont il était certain, c'était qu'il aimait Jordan Bardella. Entre l'amour et la haine, il n'y avait qu'un pas et il l'avait franchi depuis longtemps.
*
La sonnette de son appartement réveilla Gabriel en sursaut. Il s'était assoupi dans le canapé, la fatigue avait eu raison de lui. Tout en se redressant, il attrapa la télécommande de la télévision afin de l'éteindre et jeta un coup d'œil à sa montre. Une heure du matin ? Si une personne venait sonner chez lui à cette heure, c'était que l'heure était grave. Les cheveux en bataille, la chemise à moitié ouverte et froissée, Gabriel ne prit pas le temps de s'arranger et se précipita vers la porte d'entrée avant de l'ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque son regard se posa sur son invité nocturne.
— Je peux entrer ?
Gabriel cligna des yeux plusieurs fois de suite comme s'il s'assurait qu'il n'était pas en train de rêver. Pour seule réponse, il s'écarta afin de laisser passer Jordan et referma la porte derrière lui. Ils avaient l'habitude de se voir le soir, lorsque les yeux n'étaient plus tournés vers eux. La discrétion était devenue leur nouveau mantra. Seulement, leur visite n'était jamais aussi tardive.
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Sentiments et Trahison - Bardella x Attal
FanficDans leur vie professionnelle, les deux politiciens sont rivaux, séparés par des opinions tranchées et à l'opposé l'un de l'autre. Seulement, lorsque les caméras s'éteignent et que les regards se tournent ailleurs, les deux hommes vivent leur amour...