Chapitre 15

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Les résultats étaient tombés et à nouveau, la défaite se présentait à leurs portes. Définitive, cette fois-ci. Certes, ils étaient deuxième, mais cela n'empêchait pas le dénouement final. Comme la procédure le voulait, Gabriel allait démissionner. C'était le cœur lourd que cette réalité prit lentement le chemin de son esprit. Dans cette bataille, il avait tout perdu. Son travail et son couple.

Les paroles de Marine avaient tourné en boucle dans son esprit ces trois derniers jours et il avait été forcé de constater qu'elle avait raison. Tous les problèmes de Jordan avaient commencé dès le début de leur relation. De cet amour impossible, caché, interdit. Il avait eu l'espoir qu'un jour, ils puissent vivre leur amour au grand jour en ignorant le jugement des gens, des partis opposé ou des Français en désaccord avec leurs idéaux. L'agression dont avait été victime Jordan lui confirmait que c'était impossible. Il était en train de tout perdre, à cause de lui, et les résultats des élections étaient une nouvelle preuve.

— Gabriel.

La voix du Président le sortit de ses songes. Il sentait des larmes venir piquer ses yeux, mais il serra les dents pour les contenir. Son regard se tourna vers le chef d'État, assis sur le coin de son bureau. Sans aucun mot, Gabriel se dirigea vers la table basse où il avait posé une pochette bleu marine. Il ouvrit cette dernière, se saisit du feuillet à l'intérieur et se dirigea solennellement vers Emmanuel Macron.

— J'ai failli à mon devoir, Monsieur, commença-t-il sur un ton morne. Je ne mérite pas d'avoir ma place à vos côtés. Veuillez accepter ma démission au poste de Premier Ministre.

Le regard rivé sur la lettre, Gabriel ne pouvait se résoudre à lever les yeux pour croiser le regard emplit de déception du Président. C'était sa campagne, son devoir de l'assurer et il avait lamentablement échoué. La feuille se mit légèrement à trembler, en rythme avec les spasmes qui agitaient ses mains. Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas fermé l'œil, il ignorait comment il arrivait encore à tenir debout.

Emmanuel Macron se saisit de sa lettre puis la déposa sur son bureau sans prendre la peine de la lire. Il ne s'agissait que d'une formalité, mais le Président était en droit de la refuser. Dorénavant, son destin était entre ses mains.

— Je dois réfléchir à la situation, finit-il par avouer. Faites votre discours comme c'était prévu, et rentrez chez vous. Du repos semble nécessaire.

— Bien, Monsieur.

Sans rien ajouter, Gabriel salua le Président et sortit de son bureau. Se reposer ? Il ne savait même pas s'il en était encore capable tant son cerveau refusait de se taire. Trop de pensées pirataient son esprit, le rendant insomniaque et juste bon à se mettre de la caféine en intraveineuse pour tenir le choc. D'un pas traînant, Gabriel prit le chemin de son bureau pour récupérer le discours qu'il avait préparé, lorsqu'il entendit des éclats de voix. La main sur la poignée, il tendit l'oreille pour essayer d'entendre de quoi il s'agissait, mais il ne percevait que des sons inaudibles. Sa curiosité piquée au vif, il prit la direction de ce raffut qui semblait se trouver dans le hall du bâtiment.

— Je vous le répète, je dois voir Monsieur Attal. C'est urgent.

— Monsieur Bardella, je ne peux pas vous laisser entrer. Le Président ainsi que le Premier Ministre sont en réunion, personne n'est autorisé à les déranger.

Immédiatement, Gabriel se précipita dans le hall et un spectacle inédit se dessina sous ses yeux. Jordan était entouré de deux de ses gardes du corps, debout derrière lui, prêt à intervenir au cas où la situation dégénérerait. Tant bien que mal, la sécurité renforcée à Matignon peinait à contenir un Jordan Bardella dans une colère visiblement profonde.

Sentiments et Trahison - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant