Chapitre 4

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TW : Lemon 

Assis à son bureau, Gabriel termina son énième tasse de café. Il ne savait plus à combien il en était depuis ce matin. Il avait enchaîné les rendez-vous, les interviews avec différents journalistes et régler les derniers détails d'organisation de son prochain débat avec Jordan qui serait diffusé dans trois jours. Le soleil s'était couché depuis longtemps, mais Gabriel n'y prit pas attention tant il croulait sous sa longue liste de choses à faire. Il referma un dossier qu'il venait de signer, lorsque l'on frappa à la porte.

— Entrez, dit-il d'une voix faible, éraillée par la fatigue.

— Bonsoir, Monsieur Attal.

Un frisson parcourut sa colonne vertébrale en entendant son nom prononcé avec cette voix. Sa voix. La main sur la poignée de la porte, Jordan se tenait debout dans l'encadrure, droit comme un i dans son costume bleu marine impeccable. Il travaillait autant que lui et Gabriel ignorait comment il arrivait à avoir un visage aussi frais, sans aucun cerne, alors que lui avait l'impression d'être passé sous un bus à chaque fois qu'il se regardait dans un miroir. Juste derrière Jordan, Gabriel aperçut l'un de ses gardes du corps, les mains croisées devant lui en arborant un air sévère propre à sa profession.

— Bonsoir, Monsieur Bardella, répondit-il en se levant de son siège. Quelle est la raison de votre visite tardive ?

Devoir faire semblant de ne pas être intime était devenu facile avec le temps, Gabriel avait tendance à le prendre comme une pièce de théâtre, un jeu destiné à divertir les foules. Jordan s'avança de quelques pas dans la pièce et tendit sa main vers lui, au-dessus du bureau. Ils échangèrent une poignée de main cordiale et Jordan reprit la parole.

— Je reviens tout juste de Marseille, mon planning est assez chargé ces prochains jours, alors je me suis permis de passer pour discuter de notre prochain débat, si vous le souhaitez.

— Bien sûr, asseyez-vous.

Gabriel l'invita d'un geste de la main à prendre place dans le siège face à lui. Jordan déboutonna sa veste et tourna son regard vers son garde du corps avant de lui faire un signe de tête. L'homme comprit le message, il s'écarta, ferma la porte et les deux hommes se retrouvèrent seuls.

— Je croyais que tu devais rentrer hier soir, s'exclama Gabriel en faisant attention de ne pas parler trop fort.

— Le meeting a duré plus longtemps que prévu, alors j'ai dormi là-bas.

Sur ces mots, Jordan contourna le bureau pour se retrouver du même côté que Gabriel. Un sourire en coin étira ses lèvres avant de prendre possession des siennes. Il aurait adoré prolonger ce baiser, mais il n'était pas à l'aise. Ce genre de rapprochement lorsqu'ils étaient dans des lieux publics où n'importe qui pouvait les surprendre avait le don de lui mettre la boule au ventre. Jordan dû le sentir, car il s'écarta au bout de quelques secondes.

— Je vous dérange, Monsieur le Premier Ministre ?

— J'ai encore du travail, soupira-t-il en passant une main sur son visage. On peut s'organiser pour le débat, si c'est vraiment la raison de ta venue.

— Je dois t'avouer que c'était plus une excuse qu'autre chose.

— Tiens donc.

Jordan laissa échapper un rire, alors que Gabriel se laissait tomber dans son fauteuil. Il avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts et l'overdose de caféine qu'il avait ingurgitée commençait à lui donner des palpitations.

— Tu devrais lever le pied, reprit Jordan en s'asseyant sur le coin de son bureau. Je ne veux pas te vexer, mais tu as une sale tête.

— Je n'ai pas le temps de me reposer. Il parait que j'ai le Président du Rassemblement National à mettre au tapis.

Sentiments et Trahison - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant