Prologue

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Au loin, les courbes de la capitale se dessinaient avec plus de précision au travers du regard de la jeune Elyana. Port-Réal était la ville la plus peuplée des Sept Couronnes. Judicieusement située à l'embouchure de la Néra, entourée de remparts et en partie bâtie sur trois collines. Six années qu'elle n'avait plus mît les pieds dans sa ville natale. Elle se surprit à ressentir un certain réconfort en retrouvant la puanteur et le bruit incessant des ruelles fourmillantes et sales de la capitale.

Le dos endolori par des jours et nuits de chevauchée, elle ne rêvait que d'un bain tiède et d'une tourte à la viande bien chaude. Arpentant les étroites ruelles déjà bien animées, elle se rendit dans l'une des nombreuses tavernes située non loin de la célèbre et bien côtoyée, rue de la soie.
Elyana s'offrît un bon repas chaud, assise dans un coin de la taverne, elle observait en silence les forgerons du roi qui appréciaient une pause bien méritée autour d'une chope de bière tiède.

Son moment de détente fut rapidement écourtée par l'entrée fracassante de quatre manteaux blancs. Des chevaliers de la garde du roi.

Ils scrutèrent l'établissement, quand le regard de l'un d'eux se posa sur la jeune femme.

— Elle est ici, s'exclama-t-il en s'approchant à grand pas.

Elyana jeta un regard derrière elle, s'assurant qu'il parlait bien d'elle quand il s'empressa de la saisir par le bras.

— Ma dame vous êtes prié de nous suivre.

— Quoi ? Vous devez faire erreur je viens tout juste d'arriver, balbutia-elle abasourdie.

Le garde renforça sa prise autour de son bras, l'attirant contre son gré vers l'extérieur.

— Il n'y pas d'erreurs, grommela-t-il. Suivez-nous et en silence.

Les trois autres se mirent à l'encercler de parts et d'autres tandis qu'ils avançaient à vive allure, remontant la rue du roi, une grande avenue qui partait de la place centrale pour mener au Donjon Rouge. Puissant, ce dernier était la forteresse qui se dressait fièrement au sud-est de Port-Réal, c'était un grand édifice, abritant la famille royale depuis des siècles.

Les pensées d'Elyana furent bousculées tandis que les gardes la firent presser le pas davantage.

— Auriez-vous l'amabilité de m'informer sur les raisons de cette arrestation ? Tenta-t-elle avec précaution.

L'un d'eux, lui lança un regard de côté avant de soupirer bruyamment.

— Nous ne faisons que suivre les ordres.

— Les ordres ?

Il demeura silencieux. Comme un seul homme ils pénétrèrent dans l'enceinte du Donjon Rouge, traversèrent plusieurs couloirs et finirent par arriver devant une large porte en chêne bardée de bronze, s'élevant sur plusieurs mètres de haut, c'était l'accès à la salle du trône.

Les portes s'ouvrirent, offrant une visibilité sur la vaste salle vide à cette heure de la journée. Au loin, en son centre, se dressait le tant convoité trône de fer. Forgé par les épées des hommes vaincus par Aegon le Conquérant, tout en pointes et barbelures acérées, énorme, noir et tordu, sans aucune symétrie. Le roi devait y accéder par une volée de marches. La tradition prétendait qu'Aegon l'avait voulu ainsi car un roi se devait de ne pas connaître le confort quand il siège.

Les quatre gardes royaux firent avancer Elyana jusqu'au centre de la pièce, elle fit volte-face en les voyant qui s'apprêtaient à quitter la pièce.

— Mais qu'est-ce que cela veut dire ?

Elle eut en guise de réponse le lourd fracas des portes qui furent fermées au passage des hommes. Elyana leva les bras au ciel avant de les laisser mollement retomber. Était-ce une farce ? Elle n'aurait su le dire.

À quelques mètres de là, tapi dans l'obscurité, dissimulé derrière un pilier de pierre, quelqu'un l'observait d'un œil acéré.

En silence, le regard d'Aemond parcourait la silhouette familière d'Elyana, traçant les contours de son visage et les douces courbes de son corps. Cela faisait six ans qu'il l'avait vu pour la dernière fois, mais son regard était resté gravé dans sa mémoire. Le temps avait été clément avec elle, les années l'avaient transformé en une jeune femme au charme indéniable, dont la présence soulevait en lui une tempête d'émotions.

Les souvenirs l'envahissaient comme un torrent, les images de leur passé commun vacillaient dans son esprit – des rires résonnant dans les couloirs ensoleillés, des murmures secrets dans les coins faiblement éclairés, une amitié qui s'était épanouie entre eux comme une fleur fragile.

D'un pas léger et d'une démarche assurée, il sortit lentement de la pénombre. Arrivant dans son dos, il s'arrêta non loin d'elle.

— Cela fait bien longtemps, commença-t-il d'un ton se voulant neutre.

Elyana ne se retourna pas tout de suite, un sourire se dessinant sur son visage.
Cette voix, -quoi que plus grave que la dernière fois où elle l'avait entendu- n'avait jamais quitté son esprit.

— J'aurai dû me douter... soupira-t-elle en lui faisant face. Il n'y a que toi pour ordonner à ta garde de m'appréhender comme une criminelle au moment même où je remettrai les pieds ici.

Aemond demeura silencieux, un léger rictus apparaissant au coin des lèvres.



Il l'avait retrouvé.


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The one-eyed prince | HOTD Où les histoires vivent. Découvrez maintenant