Chapitre 2

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Voilà deux jours déjà que le vert et le blond s’ignoraient royalement. A chaque repas, ils s’installaient côte à côte pour s’occuper de la vaisselle puis, sans une parole ou un remerciement, ils se quittaient pour rejoindre leurs activités respectives. Le reste de l’équipage n’avait pas reparlé de cette étrange situation, préférant se concentrer sur leurs objectifs personnels. Les choses s’étaient déroulées sans débordement jusque là et tous étaient satisfaits de cette situation. Jusqu’à ce moment. Ce soir-là, le cuisinier s’était montré passionné d’une tout autre manière encore, offrant aux femmes de l’équipage un traitement de faveur exagéré qui en avait fait râler plus d’un, dont le Capitaine qui aurait également voulu d’autres tranches de viande arrosées de sauce ou le médecin qui avait bavé devant les rochers cocos dont la senteur sucrée l’avait presque fait baver. Il les avait couvertes de compliments, encore et encore et s’était montré d’autant plus rude avec le reste de l’équipage. L’archéologue avait alors eu le malheur de faire l’éloge de sa délicieuse cuisine et la navigatrice l’avait remercié plusieurs fois pour ses douceurs. Une sensation familière avait serré le cœur du sabreur et cette fois-ci, celle-ci avait été si forte et désagréable qu’il avait quitté la table avant même la fin du repas. Le blond avait déclaré que “cet idiot devait encore être de mauvaise humeur” et les autres avaient renoncé à aller le voir pour lui demander s’il allait bien, sachant pertinemment qu’il n’aurait pas apprécié ce geste qu’il l’aurait fait se sentir faible.

Le blond tapa du pied pendant un moment à la fin du repas. Où était donc cet imbécile de sabreur ? Il sortit de la cuisine :

— Eh, Usopp, t’aurais pas vu Zoro ? Il est de vaisselle !

— Et bien, je suppose qu’il doit être à la vigie…

Le cuisinier souffla et se résigna à aller le chercher. En entrant, il fut surpris de le voir endormi dos à la porte. En s’approchant, il remarqua son visage crispé dans son sommeil et ses mains serrées sur ses sabres. Il hésita et un souvenir qu’il avait voulu enterrer au plus profond de son esprit refit surface.

Il se revit le serrer contre lui, embrasser son front alors qu’il gémissait douloureusement son nom dans son sommeil. Il revit son air fermé au réveil, ses souffrances qu’il enfouissait sous un masque d’indifférence. Et puis la suite vient à son esprit sans qu’il ne puisse l’arrêter. Ses mots d’amour, son corps contre le sien.

Il recula en chancelant et se laissa tomber sur le sol, le dos contre le mât qui traversait la vigie. Il se rappela du jour où il avait mis fin à leur relation. Il se rappela des larmes qui ne s’étaient taries avant de longues minutes. De sa peine, qu’il avait dû gérer seul, à l'abri des autres. Il n’avait pu faire autrement. C’était ainsi. Cette relation n’aurait pu que les détruire.

Il se sentit soudainement triste et fatigué. Il remonta ses genoux contre son torse et posa sa tête dessus, contemplant le dos du sabreur au sommeil agité. Est-ce qu’il devait le réveiller ? Le laisser à ses cauchemars ? Il voulait se blottir contre lui, arrêter de lutter juste un moment. Il ne cessait de redoubler d’ardeur dans sa cuisine, pour ses princesses, dans le but d’essayer d’oublier le sabreur mais il n’y parvenait pas. Et cet imbécile ne l’aidait pas lorsqu’il lui lançait des regards à la dérobée. Merde, il le voulait, il le voulait tellement. Mais il savait comment cela allait se passer. Zoro était possessif et jaloux, il aimait le contrôle, il avait cette tendance à s’énerver pour des choses stupides et il ne voulait plus d’une telle relation. Il ne voulait plus faire attention à chacune de ses actions et avoir peur pour l’avenir de l’équipage. Il serra les poings et se redressa. Peu importe, il pouvait s’occuper de la vaisselle tout seul ce soir. Il hésita et finit par sortir.

— Sanji, tu l’as trouvé ? demanda le Tireur d’élite.

— Il dort, je vais me débrouiller, souffla-t-il en rejoignant sa cuisine.

Une erreur T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant