Une erreur T2

Chapitre 16

— J'ai dit pas comme ça gamin ! brailla le vieux tout en lui donnant un coup de rouleau à pâtisser.

— Je fais de mon mieux le vioc' !

— Sanji, dis lui que... mais aie !

Le blond pouffa dans sa manche malgré lui. Le vieil homme, prénommé Garn s'était révélé être un ancien grand chef étoilé mais aussi une ancienne connaissance du vieux Zeff. En effet, il l'avait côtoyé à une époque où il n'était pas encore pirate et ils avaient passé plusieurs mois ensemble, à faire les quatre cents coups ensembles, tels les sales gosses qu'ils étaient. Mais même en apprenant cela, il avait refusé que le blond mette la main à la pâte. Il semblait tout particulièrement affectionner l'épéiste aigri, qui n'était pourtant pas des plus agréables.

— Mets-y plus de délicatesse bon Dieu, cette pâte ne t'a rien fait !

— Mais je suis délicat ! répliqua-t-il sur le même outré.

Le cuisinier ne pouvait s'empêcher de rire depuis tout à l'heure et ce malgré lui. Voir son petit ami ainsi maltraité, par un espèce de vieillard rabougri l'amusait terriblement. Il reconnaissait dans cet homme les manies brusques de son propre père adoptif, qui lui manquait beaucoup, et ce même s'il préférait ne s'en plaindre à personne.

— Je ne peux toujours pas l'aider, Garn ? proposa-t-il entre deux moqueries.

— Hors de question ! Je sais que ce chenapan de Zeff t'a bien formé ! Mais lui, c'est une catastrophe ambulante, quelqu'un doit en faire quelque chose !

— Il n'a pas vraiment besoin de cuisiner, en fait. Je suis le chef à bord, c'est moi qui les nourris tous.

— Il devrait au moins savoir se débrouiller ! Comment faisait-il avant de te rencontrer !

— Je crois que c'est la question que tout le monde se pose...

— Tu exagères, je sais faire du riz et...

Il n'eut pas le temps de se plaindre car il reçut un nouveau coup de rouleau sur le crâne. Il grimaça et se remit au travail consciencieusement, puisqu'il n'en avait pas le choix. Il se fit réprimander une nouvelle fois et il soupira, les épaules basses. En plus de cela, son ventre ne cessait de manifester sa faim. Le blond, assit sur une chaise que lui avait gentiment proposé le vieil homme, observait la disposition de la cuisine avec soin. Comme il l'avait supposé plus tôt, celle-ci était très propre et bien rangée, reflet de la personnalité perfectionniste de son propriétaire.

— Allez p'tit, t'as intérêt à aller plus vite si tu veux manger avant ce soir ! menaça le vieil homme.

Je riais malgré moi, avant que mon propre ventre ne se fasse entendre. Ce fut au tour du vert de se moquer de moi. Cependant, il se fit de nouveau frapper, car il avait trop écrasé ses raviolis.

— Je suis désolé, arrêtez ça... marmonna-t-il tout en se protégeant au mieux des coups violents

— Ils sont bons pour la poubelle !

— Je vais les manger, ne vous inquiétez pas, interrompit le blond avec un doux sourire. Je n'aime pas vraiment le gaspillage.

— Ça va, je vais le faire, c'est ma bêtise, marmonna le vert avec une moue boudeuse.

Le cuisinier sourit avec douceur, attendris par l'adorable comportement du bretteur, et ce même s'il se faisait à cet instant maltraiter. C'était l'une des choses qu'il appréciait chez lui ; il respectait toujours les personnes qui étaient au-dessus de lui, et ce peu importe le domaine. Il acceptait volontiers ces quelques coups car il savait ô combien le vieillard rabougri à ses côtés avait des compétences exceptionnelles. Il mit encore une demi-heure à finir le plat, si bien que l'après-midi avait déjà commencé. Cependant, Garn refusa d'en rester là et lui demanda de dresser les assiettes, au plus grand désespoir de son jeune apprenti.