Chapitre 4

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« Le chemin à une fin, mais il est noir, long et périlleux. »


J'ai pensé à repasser à la maison, mais des gardes royaux étaient postés à l'entrée. Alors je me suis contenté d'escalader le mur qui mène à ma chambre, j'ai attrapé un sac de voyage, quelques vêtements, des armes, mes maigres économies et je suis parti. Après avoir vécu tant de temps dehors sans toit, je devrais savoir m'en sortir. Je passe les portes de la cour royale avec un pincement au cœur. C'est ici où j'ai vécu le plus de chose. Ma vie est dans l'arène aux côtés de mes amis, de ma famille. Les révélations de ma mère ont beau me bouleverser, je ne lui en veux pas. Elle a voulu me protéger, c'est tout.

- Ton nom ?

Je relève la tête et souri au vieux monsieur du relais.

- Link.

Il le griffonne sur son registre et disparaît derrière l'étable. Lorsqu'il revient, il est accompagné de ma jument qu'il guide à l'aide de son harnais.

- Bonne balade, me dit-il.

Si seulement il savait que je ne reviendrais peut-être jamais. Je me hisse sur la selle et d'un léger coup de talon, Épona avance. C'est le premier cheval que j'ai réussi à dompter. Elle n'est pas très docile mais elle est vive et loyale. Pendant qu'elle trottine un peu dans l'herbe pour se dégourdir les pattes, je réfléchis à un itinéraire. Je pourrais faire des haltes aux relais le temps qu'elle se repose, mais ils sont très éloignés les uns des autres. De plus, le Roi a peut-être déjà posté des gardes pour m'attraper. Je vais devoir dormir à la belle étoile. Je soupire et guide ma jument jusqu'au sentier de terre. Elle semble comprendre et on commence la route qui me mènera à la cité gérudo. Je sais que j'y arriverais. Avec de la persévérance et du courage, je ne m'arrêterai pas.

La nuit tombe et je suis obligé de m'arrêter. Je trouve un arbre assez grand pour me couvrir en cas de pluie et enlève la selle d'Epona. Je sais qu'elle reviendra alors je la laisse gambader dans la plaine. Après tout, c'est sa place. Je m'allonge sur l'herbe et laisse le bruit des grillons me bercer. Cette journée à été éprouvante. Je suis un prince. Je n'arrive pas à le croire. Comment un être aussi peu important que moi peut jouer un rôle majeur dans la société ? Je ne suis pas fait pour gouverner. Ma place est ici, sous un arbre à contempler les étoiles. Pas à vagabonder dans un château en attendant que le roi ou la reine actuelle meurt.

Non, je ne veux pas finir comme Zelda.

Je me demande si les Gerudos me laisseront entrer dans la cité. Je ne veux même pas y penser. Si elles me laissent y accéder, est-ce que je pourrais continuer à vivre une vie normale d'hylien apprenti chevalier ou est-ce que je serais forcé de suivre les règles comme Zelda ?

Je soupire et ferme les yeux. Le chemin risque d'être long et ne pas dormir risque de le rendre encore plus fatiguant. J'entends Épona venir se coucher près de moi avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.

« Le noir fait ressortir la pureté de nos cœur. »

Le réveil fut l'un des plus dur. J'ai du mal à me rappeler pourquoi j'ai dormi dans la nature. J'époussette mes vêtements avant de jeter un coup d'œil à ma carte. Je me suis arrêté dans la forêt des géants, ce qui reste très près du château. Imaginons que le roi ait remarqué mon absence après seulement quelques heures. Il a pu lancer une équipe à mes trousses, et il sait que je suis le prince des gérudos. Vu son intelligence, il n'a sûrement pas tardé à comprendre que je cherche à aller vers la cité. J'efface les maigres traces que j'ai laissé en dormant puis je monte sur Epona après lui avoir donné une pomme. Je commence déjà à avoir faim. Mais j'ai appris à gérer cette sensation.

Le Prince des GerudosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant