Chapitre 8

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« Même les plus nobles excuses ne réparent pas un cœur brisé »

Sous les conseils de Riju, j'ai commencé à tenir un journal. J'y note tout ce que je ressens, puis je m'y réfère pour lui conter après. J'arrive à me canaliser. Lorsque je vais trop mal, elle m'emmène dans la crevasse qu'il y a au début du désert et j'y crie un bon coup. Je commence à aller mieux. Pour l'instant, personne n'est au courant. Personne, sauf Sealisi. C'est la jeune fille que j'ai aidé. Elle a trouvé des occupations à l'aide de son seul bras valide et ses amies l'aident à s'intégrer. Je vais souvent la voir pour parler. Elle est la seule, excepté Riju, qui est au courant pour mes crises. Je suis heureux de l'avoir à mes côtés. J'ai pris des nouvelles de Tari. D'après ses lettres, il a fui le royaume juste après la mort de ma mère. Il a trouvé refuge près de l'endroit où vivent les zoras. Ils ne se mêlent pas de ses affaires, et il reste en sécurité, il ne demande rien de mieux. De plus, il a rencontré une jeune zora et ils sont tombés éperdument amoureux l'un de l'autre. Il pensent se marier bientôt. Il m'a promis de me tenir au courant de la date, maintenant qu'il sait que je suis à la cité gerudo. Il ne sait pas à quel point ses lettres me font du bien. Je suis tellement heureux de voir qu'il est vivant amoureux et en bonne santé. J'ai tellement hâte de le revoir, rencontrer sa fiancée, lui souhaiter le meilleur en personne. Je me lève, range la lettre bien au chaud dans un des tiroirs de mon meuble et laisse le vent filtré par ma fenêtre faire voltiger mes mèches dorées.

Je vais bien.

- Riju ?

Je m'avance dans sa chambre sans même demander sa permission. Son carnet de psychologue est posé sur sa table de chevet, ouvert sur une page où elle a marqué en gros « progrès notables ». Je souris, fier. Je ne suis pas seul, et je ne le serai jamais. C'est la dernière chose à laquelle j'arrive à penser avant d'entendre tousser près de son lit. Je m'approche pour la voir, souffrante, clouée au lit.

- Riju ! Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Elle tente de sourire, en vain.

- Je suis désolée de ne pas t'avoir prévenu que notre séance d'aujourd'hui serait annulée. Je n'ai pas pu sortir de ma chambre.

Elle lance un regard assassin à sa garde du corps qui relève la tête, certaine qu'elle a fait le bon choix. Je la remercie d'un signe de main. C'est fou comme Riju peut être bornée, je suis certain qu'elle n'aurait pas hésité à sortir si elle en avait eu la possibilité.

- Ne t'inquiètes pas pour moi, me lance-t-elle. C'est rien qu'un petit rhume, ça va passer.

- Un « rhume » ?! On est en plein désert !

- Ça m'arrive souvent en cette période.

- On est en été !

Elle ouvre la bouche, prête à surenchérir, avant de remarquer qu'elle est à court d'argument.

- Vraiment Link ? Je suis obligée de justifier un coup de mou ?

Je baisse la tête, gêné. Elle a beau être bien plus jeune que moi, je n'ai aucune envie de me battre avec elle. Je suis certain qu'elle gagnera.

- Bien. D'ailleurs, j'ai une nouvelle qui va te redonner le sourire.

Elle fouille quelques secondes sous son oreiller avant de secouer une lettre sous mon nez. Une lettre de Tari. Je l'attrape avant de l'ouvrir. Riju me demande de la lire à voix haute, elle a toujours été curieuse de nature. Je suis même surpris qu'elle n'ait pas ouvert la lettre avant moi.

- Cher Link, nous sommes ravis de t'inviter à notre mariage, le 4 juillet dans la vallée Tribly qui longe la rivière Zora. N'hésite pas à amener Riju ! J'ai très hâte de te revoir pour fêter cette fête qui est un véritable tournent dans ma vie. Ton ami, Tari.

Le Prince des GerudosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant