Jordan Bardella se noyait dans une mer de documents éparpillés sur son bureau en chêne, cherchant désespérément à échapper aux souvenirs encore vifs de la soirée précédente.
Depuis le début d'après-midi, il se consacrait au dossier "Laurent". Un bon moyen de penser à Gabriel de manière constructive, sans que cela ne soit dicté par ses émotions chaotiques de la veille. Jordan refusait d'utiliser les termes - rêver de l'embrasser - une idée qui le répugnait autant qu'elle le troublait. Seul Dieu pouvait démêler l'entrelacs complexe de ses sentiments...
Quoi qu'il en soit, face au silence persistant - et particulièrement frustrant - de son rival politique depuis son SMS risqué, Jordan avait élaboré un plan : mettre l'évidence sous le nez du Premier Ministre pour le confronter, une bonne fois pour toutes, à la dure réalité.
C'était une méthode peu orthodoxe, voire psychorigide diraient certains, mais Jordan Bardella n'était pas du genre conformiste, encore moins tendre.
Éclairé par la seule lumière tamisée de sa lampe de bureau, le jeune député griffonnait des notes à la hâte. Il passait au peigne fin chaque article de presse et chaque déclaration publique, annotant, comparant et assemblant méticuleusement les pièces du puzzle.
Soudain, les premiers rayons de l'aube inondèrent le bureau. Jordan contempla le spectacle que lui offrait mère nature d'un œil las, le temps passait bien trop vite à son goût.
Il se massa les yeux, conscient qu'il avait bien mérité une pause. Oui, un bon café et surtout une bonne putain de clope.
D'un pas traînant, il se dirigea vers la machine nichée dans un coin de la pièce. Son dos lui faisait un mal de chien, ce qui n'était guère surprenant vu la façon dont il se tenait courbé derrière son écran d'ordinateur.
Tandis que le café s'écoulait goutte à goutte, il glissa une cigarette entre ses lèvres et l'alluma.
La première bouffée eut un effet salvateur sur le jeune député, qui, depuis sa fenêtre, observait les rues de Paris s'éveiller. Un petit commerçant luttait avec le rideau métallique récalcitrant de sa boulangerie. Jordan le regarda batailler quelques instants avant de sortir son téléphone de sa poche.
Toutes les cinq minutes, le politicien vérifiait son appareil. C'était ridicule, il en était conscient, mais Jordan ne pouvait s'en empêcher. Il voulait - crevait d'envie même - de lire la réponse de Gabriel Attal.
Une fois de plus, son écran s'alluma sur un silence radio. Le Premier Ministre avait pourtant vu son message - la petite coche bleue en était la preuve irréfutable - mais il ne daignait pas répondre, ou pire, quelque chose ou plutôt quelqu'un l'en empêchait.
Jordan soupira bruyamment face à cet ultime échec, la fumée blanche s'échappant d'entre ses lèvres en un voile épais, à l'image du chaos de ses pensées.
Soudain, une notification attira son attention. C'était un mail du cabinet gouvernemental, Bardella reconnaissait le nom du secrétaire d'État.
La dernière fois, il s'agissait d'une invitation à dîner avec le Premier Ministre. Le jeune député croisa les doigts pour que l'histoire se répète...
Un sourire béat étira ses lèvres au fur et à mesure qu'il découvrait le contenu du mail. - Bingo, se réjouit-il.
La soirée s'annonçait plus que prometteuse. C'était l'opportunité parfaite pour étaler ses recherches au nez du Premier Ministre. D'un geste brusque, Jordan écrasa son mégot. Il n'avait pas de temps à perdre vu la montagne de travail qui l'attendait pour boucler son dossier à temps.
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REQUIEM- Attal & Bardella
FanfictionAprès un débat houleux, Jordan Bardella sort fumer une cigarette. Dans l'obscurité du parking, il assiste à une scène terrible : Gabriel Attal, son rival politique, est violemment agressé. L'inconnu s'acharne sur l'homme à terre avec une haine que m...