Chapitre 15

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Josh,

Je la regarde sortir de la pièce la tête haute. Bon sang cette femme va finir par me rendre fou. Jamais personne n'a osé me contredire depuis longtemps. Seule ma défunte mère prenait son courage à deux mains pour tenir tête à un Sanchez. Mon père ce tirant aimait prouver sa force sur elle.

Un soir, une gifle de trop, un mot prononcé trop rageusement contre nous, j'ai fini par me rebeller aussi.

∞∞∞∞∞∞

Date inconnue, banlieue de Washington DC.

— Tu oses me dire comment éduquer mes enfants, hurle mon père rouge de rage.

— Je suis désolée... je ne voulais pas te contredire ... pleure ma mère assise dans le canapé.

Caché dans les escaliers, j'ai été réveillé par les cris de mon géniteur, les pleurs de ma génitrice. A mes côtés se trouve mon petit frère, ses bras s'agrippent pour que je ne bouge pas de notre cachette. Les tremblements de son petit corps, me font rester auprès de lui. Il est de mon devoir de grand frère de prendre soin de lui, de le protéger de la fureur de notre paternel. D'ici, nous avons une vue parcieille sur la scène qui se déroule sous nos yeux.

— Je n'aime pas quand papa est en colère, me chuchote-t-il

— Je sais Hank... je sais, mais ça va bientôt être fini... Tu vas voir. Tenté-je de le rassurer comme je peux.

Les hurlements de mon père continuent de planer dans le salon, les larmes de maman se sont enfin calmées. Comme si elle se retenait de faire du bruit.

J'adresse un signe de tête vers mon frère pour qu'il retourne dans sa chambre, puis me décide de descendre les quelques marches qui restent afin d'aller la réconforter. Mes pieds nus se posent doucement sur le parquet, pour ne pas faire trop de bruit et déranger encore plus papa. Il n'aime pas que nous traînions dans ses jambes. Quand je passe le seuil de la porte, je me fige. Mon père a ses deux mains autour du cou de maman. Ses articulations sont blanches de serrer si fort, les yeux de ma mère sont écarquillés de peur, aucun son ne peut sortir de sa bouche. Le regard de mon paternel se tourne sur moi, la fureur est toujours présente dans ses yeux.

—Tu vois ce que tu as fait Josh .... Tu le vois hein, hurle-t-il.

— Maman, me précipité-je sur lui.

Durant ma course auprès d'elle, j'attrape une barre qui traine dans le coin de la cheminée. C'est un réflexe de défense, comme je ne sais jamais comment il va réagir. Souvent, quand je viens en soutien à ma mère, les coups pleuvent sur moi, sous les plaintes de cette dernière. Je lève cette ferraille aussi haut que possible et frappe le plus fort que je puisse. Du haut de mes seize ans, je m'acharne sur la silhouette de mon père. Le premier coup est donné dans sa nuque, le second sur la tête. Sa carcasse tombe dans un bruit sourd sur le parquet. Pourtant, je continue à lui assigner des commotions, le bruit des craquements des os, le sang giclant sur moi. Cette rage est alimentée par la vision de ma mère au sol... Quand les forces commencent à me quitter, je laisse tomber l'objet. Je suis debout au milieu du salon, face à moi se trouvent deux corps, ceux de mes parents. Je commence doucement à ressentir du dégoût envers mon père, mes gestes, puis mon regard se pose sur notre génitrice et au fond de moi, je sais que ce que j'ai fait n'est pas pour rien. C'est pour avoir un avenir meilleur, puis maman sera plus heureuse auprès des anges. Une perle salée dévale mes joues, je l'essuie rapidement avec la manche de mon pyjama. S'en suis des bruits de pas se font entendre. Ils me ramènent au présent.

Mon petit frère !

Oh bon sang, il ne faut pas qu'il découvre ce carnage. Je me précipite dans le couloir, je l'intercepte avant qu'il passe le seuil d'entrée du salon. Ma main accroche la sienne, je l'emmène derrière moi dans les escaliers. Je tourne en haut à droite dans notre chambre. Sors un sac de sous le lit, tourne vers la penderie qui est en désordre comme souvent. Je prends le maximum d'affaires afin de les faire entrer dans ce paquetage. Mon frère est debout dans l'entrée, il me regarde avec des yeux larmoyant, j'enlève mon haut, le change par un vêtement qui n'est pas imprégné par le sang de notre père. J'attrape nos vestes, l'enfile suivi de Hank. Nous redescendons au rez-de-chaussée. Je prends la peine de sortir de la villa par la porte arrière, afin de ne pas repasser devant la scène de crime. Il est nécessaire que je mette mon petit frère en sécurité, loin de cette maison.

∞∞∞∞∞∞

Je suis sorti de mes pensées lugubres par un appel téléphonique. Je décroche sans prendre la peine de regarder qui m'appelle.

— Allo ! Comment va le roi du crime m'interroge Hank au téléphone.

— Parfaitement et toi Monsieur le grand flic !, répliqué-je avec humour.

— Grand je ne sais pas, mais flic c'est vrai ! Toi, tu as encore fait des tiennes ces derniers jours ?

— Juste un brin de nettoyage, ironisé-je.

— Si tu pouvais éviter de faire ça dans la capitale, ça serait idéal.

— Comme si tes chefs n'appréciaient pas que je m'occupe des gars comme Jackson...

— Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit...me coupe-t-il. Comment vont les témoins ?

— Au regard de Jade plutôt pas trop mal... Pour ma part, je pense que tu devrais bientôt venir chercher mon corps.

Le grand éclat de rire de mon frère clôture la conversation, je raccroche sans le saluer. Devant moi, se tient Jade.

Je sens que la journée va être longue.

Je dépose mon téléphone sur mon bureau, la porte se ferme sans bruit. Nous faisons face, son regard m'indique clairement qu'elle a entendu le plus gros de ma conversation avec mon frère. Même si cette dernière n'était pas longue.

— Quelle organisation gouvernementale ? m'interroge-t-elle froidement.

— DEA, FBI, CIA, l'acronyme que tu souhaites. Choisis?

— Ne me mens pas ! s'énerve-t-elle.

— C'est classifié Secret d'état

— C'est de ma vie dont on parle bon sang, de ma carrière.

— Tu n'as plus de carrière, mets-toi ça bien en tête Jackson. Ton père a tout détruit sur son passage, tu es un dommage collatéral.

— Impossible ! crie-t-elle.

— Ce n'est pas possible d'être si bornée que ça. JE SAIS CE QUE JE TE DIS ! Je ne peux hélas pas te fournir les preuves que j'ai en ma possession. Ce que je peux te dire c'est que mes équipes et moi-même travaillons dessus depuis des années. Nous allons faire tomber ces pourritures du gouvernement.

— Comment tu comptes t'y prendre ? Car je te rappelle que ces "pourritures" sont aussi les chefs des différents organismes gouvernementaux.

— J'ai la chance d'avoir le pied dans les deux milieux...

— Quel est le plan ? me demande-t-elle encore une fois.

Bon sang, cette femme est têtue, j'ai l'impression de ne faire que me répéter depuis le début de cette discussion.

— Pour le moment nous attendons. Quand ça sera le moment je te ferai signe ... Maintenant si tu veux bien j'ai d'autres chats à fouetter.

∞∞∞∞∞∞

Une semaine s'est écoulée depuis notre discussion dans mon bureau. Jade est toujours aussi distante et froide avec moi et mon personnel. Elle continue à fouiner dans les recoins de la maison dans le but de comprendre mon plan. Je m'amuse à la regarder faire, car elle peut chercher longtemps. Il faut avouer que je n'ai pas réellement d'itinéraire redéfinir avec ma mission, j'ai décidé il y a quelques années de vivre au jour le jour. Je me mets en action dès qu'une information tombe, parfois elles sont bonnes, d'autre fois non. Ce n'est pas évident tout le temps, mais cela fait partie du job. Je suis certain que Jade comprendrait si elle prenait la peine d'enlever ses œillères.

Actuellement, j'observe de loin les déplacements du Sénateur Jackson. Depuis l'explosion partielle de sa villa, il navigue entre deux logements, un près de la maison blanche, l'autre à la sortie de la ville. Ce qui me surprend car personne ne lui connaît de résidence secondaire dans ce coin-là. Je sais de source sur qu'il en possède une à Aspen, et une autre dans les îles des Bahamas, où il part souvent en vacances. Ses voyages, il les fait toujours seul, mais ses notes de frais qu'il émet montrent la présence d'une personne extérieure. Une maîtresse ? Sûrement, malgré le fait qu'il soit suivi régulièrement par la presse, personne ne lui connaît une relation. Selon nos dossiers, il n'a pas refait sa vie depuis le décès brutal de son épouse, il y a de cela vingt-six années.

Un son me sort de mon écran d'ordinateur, une notification sur mon cellulaire m'informe de mon départ pour les Etats-Unis sans délai.

Secret d'étatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant