Chapitre 2

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Jade

Mes paupières sont lourdes, j'ai chaud, je sens des gouttes de sueurs couler le long de mon corps. Jamais je n'ai eu aussi chaud dans cette partie du monde, ce n'est pas normal. Cette sensation de mal être n'est pas anodine. J'ai dû attraper une infection due à l'attaque d'hier. Pourtant je pensais naïvement que le soin prodigué à mon arrivée avait arrêté les microbes. Durant ma jeunesse, je n'ai pas été habituée à recevoir des soins médicaux.Mon père ne souhaitait pas dépenser inutilement de l'argent, alors les docteurs ne se déplacent qu'en cas d'extrême nécessité. Surtout quand un grand événement a lieu dans les jours qui suivent. Selon notre géniteur, la maladie renforce les défenses immunitaires. De plus, nous étions considérés comme des être faibles par notre père. Une main froide vient se poser sur mon front, des murmures se font entendre, je ne comprends pas un traître mot de ce qui est prononcé. Pourtant en Iran, les médecins du camp parlent tous en anglais. Je dois être en plein délire, c'est la seule explication.

Quant au bout d'une éternité selon moi, j'ouvre enfin mes yeux. Ses derniers se posent sur un plafond blanc, ce qui n'est pas normal. Sur le base, les toiles étaient beiges, afin de se fondre dans la masse de sable. Je plisse les paupières en essayant de me souvenir d'un transfert effectué dans la nuit. J'aurais dû m'en rendre compte, je me rappelle m'être assoupie dans la salle des soins du campement.

Les murs qui m'entourent sont blanc, le matériel semble beaucoup plus perfectionné que celui dont nous disposions en Iran. Pourtant les hôpitaux militaires de zone de guerre sont conçus pour opérer en urgence les soldats blessés, ou bien les civils. Ce qui nous arrive de plus en plus. Les habitants des villages avoisinants nous font régulièrement confiance. Ils commencent à savoir que nous ne leur voulons pas du mal. Des années de dialogues ont été nécessaires, pour en arriver à ce niveau de sentiment de sécurité avec les forces armées étrangères.

Le bruit des pas en dehors de ma chambre aseptisée me fait revenir au présent. Je suis branchée à une perfusion de couleur translucide, les bip des machines sont réguliers, pour signaler que tout va bien. J'essaie de déchiffrer ce qui est marqué sur l'étiquette de la poche de médicament, malheureusement c'est écrit en petit caractère. La porte finit par s'ouvrir sur une carrure imposante dans un costume noir. Étonnant, je pensais que c'étaient les médecins qui se présentaient en premier pour rencontrer les patients. Ce physique taillé dans la pierre fait penser à un homme des renseignements intérieurs. Il ne manquerait que les lunettes noires et on croirait tout droit sortie de MEN IN BLACK. Son regard se pose sur le décor de ma chambre, où je devrais dire la non-décoration, son visage n'exprime aucun sentiment, c'est presque perturbant. Néanmoins dans nos métiers les expressions ne sont pas recommandées, nous devons être en pleine possession de nos moyens.

— Mademoiselle Jackson, vous vous sentez prête à avoir de la visite ? m'interroge l'homme sans me regarder
— Oui, répondis-je curieuse de comprendre le cirque qui se déroule sous mes yeux fatigués.

Un léger signe effectué par cet homme vers le couloir, la porte qui n'est pas fermée afin que le second protagoniste entende ma réponse.

Quelques secondes après l'autorisation donnée, un individu entre, mon père.

Merde, cinq années que je ne l'ai pas vue.

J'ai appris au cours de mon adolescence que mon paternel ne se déplace jamais sans bonne raison. S'il se présente aujourd'hui au chevet de mon lit, dans cet hôpital militaire, c'est parce que c'est bon pour lui, pour sa carrière. Normalement, je ne suis qu'un grain de sable dans son assension jusqu'à la haute sphère politique. J'en déduis que les informations qu'il détient sont mauvaises pour moi, mais que pour lui c'est bénéfique.

Mon regard se pose sur sa carrure, il n'a presque pas changé durant ses années durant lesquelles j'ai quitté le pays. Il a pris quelques cheveux gris, mais c'est l'âge qui avance. Cela le rend presque plus humain. Toujours vêtu de ses costumes sur mesure, aujourd'hui, il ne déroge pas à la règle qu'il nous a imposée durant de nombreuses années.

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