L'Italie.
Minato, TOKYO || AHAccoudé contre la vitre du taxi, j'observe les rues de Tokyo défiler à toute allure. La pluie est tombée il y a moins de dix minutes, peut-être cinq, en réalité je n'ai plus eu la notion du temps que mes fesses ont effleuré le siège passager de la voiture. Le dossier de Lorenzo entre les doigts, je ferme les yeux.
J'ai arrêté de sangloter quand mon cœur a commencé à m'envoyer des signaux contradictoires : brûlures, pincement. Quand Kaïs a mis fin à notre relation, la douleur est apparue de façon similaire. Par peur de la solitude, de perte de confiance, et de rejet.
Cette fois-ci, je ne peux pas blâmer Kaïs pour les actes d'un autre, mais j'aurais aimé, et je comprends que c'est impossible désormais. L'amour ne dure jamais longtemps, mon père avait entièrement raison, sur tout. Le contrôle sur la vie de Lorenzo était une illusion, il voulait absolument que j'y croie.
— Dure soirée ? demande l'homme au volant.
Lentement, je rouvre les yeux en soupirant. Lui répondre ne servirait qu'à prouver que cette nuit est pire qu'une catastrophe, un mensonge. Comme les dix dernières années qui viennent de se dérouler, et ça n'a tenu que deux jours.
— Mmm.
Quand je contemple la bague à mon index, je pince mes lèvres entre elles. Mémoriser chaque détail de la soirée lié au basket-ball n'est pas une bonne idée, parce qu'elle me rend davantage anxieux, avec plus de questions. Comment ai-je pu passer à côté de plus cinq années de mensonges, d'Anselme et Ishan qui couvrait Lorenzo depuis le début.
Ils n'ont pas postulé pour le plaisir, mais uniquement pour protéger leur patron. Patron, bordel, ce terme me donne envie de vomir. Lentement, j'inspire, les brûlures dans ma poitrine s'accentuent avec ce geste. J'ai un faible pour les hommes qui aiment les mensonges.
— Arrêtez-vous là. chuchotais-je.
Le conducteur hoche la tête avant de se garer près d'un trottoir, après lui avoir tendu le reste de billets dans ma poche, je quitte le véhicule pour courir sous la pluie. Le seul endroit isolé qui ne permet pas à l'eau d'entrer est le vieil hangar près de la tour de Tokyo.
Dès que j'entre à l'intérieur, j'aperçois les barils d'essence vide et quelques allumettes sur le côté. Ceux qui viennent ici savent exactement comment se débarrasser du passé, en jetant ma veste trempée sur le sol, j'attrape au passage le premier paquet d'allumette.
Le dossier recouvert d'essence, je laisse les flammes s'étendre jusqu'au rebord du baril. Je ne sais pas si mon père a eu l'idée de faire des copies - très certainement, mais pour l'instant je dois me débarrasser de ça, uniquement de ça. C'est ce que je répète en boucle avant de m'effondrer sur le bitume tout en tenant ma poitrine.
Tu dois t'occuper de ça, et uniquement de ça. Parce que plus personne ne le fera pour toi désormais. Les sanglots envahissent l'endroit insalubre et vide, l'orage brise le crépitement des flammes au moment où je renifle. Ma vie s'étend sur tout un tas de cendres, un brasier qui emporte Lorenzo et ses mensonges.
✮ AKIRA, 20:22 ✮
APPARTEMENT, TOKYO.Quand je passe la porte de l'appartement, les effluves d'un parfum familier embaument chaque espace dans lequel je me faufile. Je craignais de devoir tomber sur Jin au beau milieu de l'entrée avant de comprendre que ses affaires ont disparu, mon grand-père a dû le récupérer depuis un long moment.
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HORI, du côté de Minato-Ku
RomanceAkira Hori est un maître dans l'art de la discrétion, du kenbu, mais également de sa propre protection. Étant le fils unique du dernier dirigeant de la mafia japonaise, sa survie est la clef de la prochaine succession. Pour habitude d'obtenir ce qu...