La trahison du Roi.
Japon, TOKYO || AHL'obscurité de la salle de théâtre ne m'oblige que très peu à plisser les yeux lorsque je tente d'apercevoir mon père, ou Jin à travers la foule. Les Kim-Choi sont les seuls à être arrivés dix minutes après la fermeture des portes, pourtant ce n'est pas ce qui les ont empêchés d'entrer.
À travers les coulisses, j'aperçois Lorenzo, Anselme et Ishan se tenir près de la scène en lançant des regards noirs à la plupart des hommes près de l'estrade. Je n'avais pas eu besoin d'insister au sujet de ma protection, Enzo a été très clair là-dessus : il ne compte confier ma vie à personne. Quitte à surveiller lui-même le moindre geste suspect.
— Tout est prêt ? demandais-je anxieusement.
Mon grand-père était censé finaliser les dernières retouches de cet horrible costume qui commence à laisser des plaques rouges tout autour de ma nuque, il était censé, je perçois simplement qu'il est en train de maudire le jour où je suis né.
— Dieu, Akira, comment as-tu du poids en seulement quelques semaines ?
Le stress et le fait que Lorenzo ne cesse pas de me faire manger en grande quantité sont sûrement la cause de ce délit, vouloir prendre soin de moi revient à contrarier mon grand-père.
— Pardon.
Il balaie mes excuses d'un revers de main avant de passer un coup de fer sur le bas de mon kimono, les applaudissements et hurlements qui résonnent dans la salle ne sont signe que d'une seule chose : mon père vient de commencer son discours.
Avec plus d'ennui qu'autre chose, mon grand-père se dirige près de l'estrade en secouant mon poignet. Se cacher derrière de vieux rideaux bleus pour écouter mon père raconter les mêmes bobards depuis mes douze ans devient lassant.
— Comme chaque année, je vous remercie d'être présent à cette union. Ce spectacle n'est pas seulement un moyen pour mon fils de montrer encore une fois à quel point il tient de sa mère.
Le public ricane en faisant glousser mon père, je ne vais pas supporter ça une seconde plus. Je baisse les yeux vers le bas de l'estrade pour observer Lorenzo secouer la tête, je comprends seulement quelques minutes après qu'il m'adresse ce geste en signe de : ne t'avise pas de te défiler.
Et il a raison, je lui ai promis de me défendre ce soir, de m'occuper uniquement de moi-même et non des autres pour une fois. Sauf que je n'avais pas prévu que mon père mentionne la seule femme dont il est incapable de parler depuis sa mort, il ne l'a jamais fait en sept ans de spectacle et de discours.
— Ce lieu de rencontre sert à faire la paix entre nous, entre les mafias coréennes, françaises, italiennes.
Anselme et Ishan sourient à l'unisson lorsque l'Italie est prononcé, ça n'est jamais bon signe quand ils font ça, et le regard d'Enzo ne l'est pas non plus. Pendant que mon père entame la partie des nouveaux plannings, je recule discrètement pour atteindre le buffet privé réservé à la famille.
Si je dois m'ennuyer encore cinq minutes, autant que ça me serve. Des petits fours et quelques dango entre les doigts, j'avale l'un après l'autre les boulettes de riz avant de sursauter en sentant une main se poser sur mon épaule.
— La distraction principale est loin d'avoir hâte de monter sur scène pour briller, n'est-ce pas ?
L'accent inconnu de l'homme m'indique de ne pas lui faire confiance, alors je me contente de hausser les sourcils en détaillant ses yeux gris et les glaçons contenus dans son verre de whisky.
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HORI, du côté de Minato-Ku
Roman d'amourAkira Hori est un maître dans l'art de la discrétion, du kenbu, mais également de sa propre protection. Étant le fils unique du dernier dirigeant de la mafia japonaise, sa survie est la clef de la prochaine succession. Pour habitude d'obtenir ce qu...