HORI, du côté de Minato-Ku

じゅういち

Incendie dans mon cœur.
Minato, TOKYO || AH

Si vous vivez dans le plus beau quartier de Minato à Tokyo, vous pouvez vous considérer comme chanceux jusqu'à la fin de votre vie. En revanche, si vous êtes confronté à la froideur et à la haute dangerosité du quartier de Nishinari, bienvenue dans mon monde.

C'est étrange que la boîte de nuit la plus luxueuse se trouve dans un quartier malfamé qui recèle de mercenaires, de certains prostitués et de dealers. Mon père n'a pas eu l'air de rechigner quand Yori lui a annoncé le nom de la boîte, je suppose que c'est encore une preuve qu'il est le préféré de tout le monde.

— Tu aimes ?

Adossée contre un mur, je continue d'analyser les amis de mon cousin qui entre petit à petit à l'intérieur. L'envie de ne pas lui répondre m'effleure, mais je connais son mode de fonctionnement : moins je lui parle, plus il dénonce des faux propos à mon père.

— Tu veux dire ton départ à l'université ? Dieu, je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie.

Les mains dans les poches, je détourne le regard vers la grande allée, rester dans le froid depuis plus de quinze minutes commence à avoir de graves conséquences sur les battements de mon cœur.

— Pourquoi tu n'essaies pas de discuter avec les prostituées ? Tu vas avoir à travailler après le spectacle.

Son sourire s'agrandit lorsqu'il tape mon épaule, je n'ai jamais autant détesté quelqu'un. Cocktail à la main, il fait signe au videur de ne pas me laisser entrer avant de retourner à l'intérieur. Anselme et Ishan doivent déjà surveiller le périmètre chacun de leur côté pendant que je me retrouve comme un con à attendre Lorenzo.

Après tout, pour lui, il n'y aura pas de quoi s'inquiéter ce soir sur une potentielle jalousie, comment frotter mon cul contre des mercenaires si je ne suis même plus invité à participer ? En observant mes baskets, j'aperçois des escarpins luxueux s'arrêter face à moi.

— La fête à l'air moins amusante dehors.

Je n'ose pas remonter les yeux sur son visage de peur d'y voir de la pitié ou une autre forme de peine à mon égard. Si elle travaille dans le coin, je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle m'observe depuis le début à attendre, seul.

— Mmh. répondis-je.

Ses jambes élancées font tache à côté de mon jean à peine repasser, quand j'ai enfin le courage d'affronter son regard, je vois son sourire angélique et ses longs cheveux noirs emparer l'entièreté de mon espace. Elle n'a pas l'air d'être une amie de Yori, cet idiot ne sait même pas s'entourer de femmes depuis les annulations de ses fiançailles.

— Es-tu.. tu travailles ici ?

Dans un signe d'incompréhension, elle observe les alentours avant d'émettre un rire cristallin.

— Non, j'ai un profond respect pour les personnes qui travaillent à Nishinari mais je rentre tout juste d'un rendez-vous solitaire. Cette allée m'a paru animée alors j'ai décidé de l'emprunter, qu'elle est ton excuse ?

La chaîne de perle qu'elle porte autour du cou s'abaisse légèrement quand elle expire, je peux me retrouver face à plusieurs choix : lui mentir et attendre encore vingt minutes dans le froid, ou bien dire la vérité.