じゅうご

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Les univers de notre amour.
Minato, TOKYO || AH

Je prends mon petit-déjeuner en silence. La salle de séjour est uniquement éclairée par les lampadaires à l'extérieur, l'horloge qui indique quatre heures trente déjà. Je cligne des yeux avant d'apporter à nouveau la cuillère remplie de céréales à mes lèvres.

— Akira, bordel.

Mes doigts se figent sur le manche du couvert en bois, je me sens obligé de m'écarter de l'odeur âcre du parfum de Lorenzo. En réalité, si je n'ai pas réussi à dormir de la nuit et encore moins à supporter sa chaleur, c'est uniquement à cause de ça.

— Reviens dormir.

Je déglutis en tournant la cuillère dans le lait frais, mon ventre émet des bruits négatifs qui me font stopper les mouvements. Finalement, deux bouchées suffisent à me donner envie de vomir. Je me demande comment va James, s'il s'intègre à nouveau ou si l'idée de passer la nuit seul dans une chambre d'hôtel payée par les soins d'Anselme n'est pas trop angoissante.

Ça doit l'être au vu de la pluie qui fait rage à l'extérieur, deux-cent trente-huit gouttes, deux cent trente-neuf. Les paroles d'Enzo se font lointaines quand j'observe chacune d'entre elles tomber sur la vitre.

Tu reprendras à la prochaine pluie, lover boy.

Lorsque des mains froides s'enroulent autour de mes hanches, je sursaute avant de m'écarter d'un bond. Ce qui a l'air d'énerver plus que tout l'italien.

— Je.. pardon, je vais reposer le bol. chuchotais-je.

Tête baissée, je m'apprête à me diriger vers la cuisine pour effectuer mes dires, je dois l'empêcher à tout prix de voir les larmes aux coins de mes yeux, d'apercevoir mes cheveux bruns en piteux état.

— Penses-tu que je te déteste ?

— Pardon ?

Passant sa langue sur ses lèvres humides, il attrape le bol entre mes mains pour le déposer sur le comptoir, à quelques mois près, j'avouais ici même que j'allais tout faire afin qu'il tombe amoureux de moi. Désormais, je souhaite tout l'inverse.

— Penses-tu que je te déteste ? répète-t-il.

Honteux, je hoche la tête et m'éloigne une fois de plus de lui, si je me tiens à une parfaite distance, je ne sentirais pas son parfum. J'aperçois ses mains basanées entrer dans mon champ de vision avec plus de lenteur qu'il n'en faut, je comprends qu'il me donne le temps de reculer si l'envie m'en prend.

Bordel, il ne devrait pas faire ça, parce que je retombe un peu plus amoureux de lui. Il devrait me gifler pour agir de cette manière, pour souffler le chaud et le froid depuis plusieurs jours.

— Mio caro, rien de ce qui se passe est de ta faute..

Sanglotant contre son torse et sous ses doigts chauds qui s'insinuent entre mes cheveux, je fais abstraction de l'odeur de café. Je m'efforce de ne pas paniquer une nouvelle fois, je n'ai pas le droit de le faire quand il se montre patient et délicat.

— Je t'ai réveillé n'est-ce pas ? Je suis désolé.

— Ce n'est rien Kira, j'aimerais que tu le fasses de toi-même pour que nous puissions discuter de ce qui ne va pas d'accord ? Je préfère être éveillé à quatre heures du matin et me tenir éloigné que de ne pas savoir ce qui te tourmente si tardivement.

À nouveau, je hoche la tête en serrant le haut de son pyjama, un simple t-shirt noir qui embellit entièrement son visage. Eh bien, c'est une des choses que les Kim-Choi ne m'ont pas encore enlevée, les sentiments.

HORI, du côté de Minato-KuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant