Lorsque le soleil se lève || 𝑚𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔 + 𝑠𝑒𝑢𝑛𝑔𝑗𝑖𝑛

Troisième interlude

A mon frère chéri,

C'est la première fois que j'écris réellement une lettre. Pas une professionnelle, mais une qui vient du cœur. Alors, sûrement que je ne serai pas aussi doué que toi. Mais, il faut essayer pour réussir.

D'aussi loin que je me souvienne de toi, tu as toujours été un rayon de soleil. Et tu l'es toujours. J'ai toujours aimé passer du temps avec toi, à m'occuper de toi quand tu étais bébé même si tu criais et pleurais, dès que tu n'avais plus ta peluche favorite dans les mains. L'innocence te berçait et me ramenait la mienne. On avait peut-être quatre ans d'écart, ça n'empêchait pas qu'on s'entendait très bien. Mais je crois que je m'égare, le but de ma lettre n'est pas celui de tous atténuer en te racontant notre enfance. Tu la connais très bien. Du moins, de ton point de vue...

Je suis désolé Jisung. Terriblement désolé. Mais je suis arrivé à un point de ma vie où ce n'est plus possible. Et pour cette unique lettre, je me dois d'être transparent avec toi. Tu risques sûrement de m'en vouloir, mais je voulais partir en ayant le cœur léger.

Tu es mon petit frère, alors j'ai pris la responsabilité d'encaisser et de créer une voie saine pour que tu puisses t'épanouir, sans être confronté à ceux à quoi j'ai eu à faire. C'est mon choix, mais j'y ai un peu été poussé par la force des choses.

Je suis l'aîné de la famille, alors il est vrai que papa et maman m'ont poussé à exceller, à être parfait en soit, alors que tu sais très bien que je ne le suis pas. Qu'aucun de nous l'est. Mes études en ingénierie, c'est moi qui les ai choisies, parce que j'aimais ça, et aussi parce que ça correspondait avec l'avenir que nos parents voulaient. Travailler ensuite avec papa, c'est lui qui avait choisi, pas moi. Et honnêtement, je veux que toi, tu choisisses ton propre chemin. N'écoutes pas ce que te proposeront papa et maman, et ne suis pas non plus ma voie, parce que je sais que tu en es capable. Tu m'admires un peu trop par moment, et ça me gêne, parce que je ne suis pas digne des éloges que tu me fais. VIs ton rêve de devenir artiste, Jisung. Tu en as les capacités et tu es doué ! Et je n'exagère pas ça parce que tu es mon frère.

Mais je m'égare une nouvelle fois. Je vais maintenant t'expliquer comment j'en suis arrivé là. Ma lettre fait très pragmatique, mais ce n'est pas l'état de mon cœur actuellement.

Les études d'ingénierie sont simples, au début, ma première année a été facile à suivre même s'il y avait des choses techniques. Tu l'as certainement vu, j'arrivais à passer beaucoup de temps avec toi. Mais à partir de la deuxième année, plus ça allait, plus les choses se corsaient. Ça devenait dûr de suivre le rythme, tout en essayant de te voir. Alors j'ai arrêté de passer du temps avec toi, et c'est la chose que je regrette le plus à l'heure actuelle. Je me suis perdu, l'angoisse a commencé à me ronger et avec, les mauvaises fréquentations. Je vais sûrement te décevoir avec la suite Jisung, et j'en suis désolé. Je n'arrivais tout simplement plus à aller de l'avant.

J'ai commencé à consommer de l'héroïne. Une dose minuscule la première fois. Et je me suis senti putain de vivant. Comme ça ne l'avait pas été depuis longtemps. Et quand les effets se sont dissipés, j'ai retrouvé la tristesse et la morosité de ma vie. Je m'étais promis de ne pas en reprendre parce que j'avais déjà vu le résultat sur un de mes amis. Et je ne voulais pas que ça m'arrive. Mais je n'ai pas su résister. Parce que mes études me bouffaient et que je voulais retrouver cette joie qui s'engouffrait dans mon cœur. Quand je passais du temps avec toi, surtout. Alors j'en ai pris plus souvent, à plus grosse dose.

Et j'ai foutu ma vie en l'air. Je suis devenu addict, sans possibilité de retour. Je ne suis plus du tout venu vous voir parce que je ne voulais pas que vous voyiez dans quel état j'étais.

Mais maintenant c'est trop tard. Je ne peux pas continuer comme ça.

Je pars Jisung, vers un monde meilleur. Un endroit où plus aucune pression ne pèsera sur mes épaules, où je pourrais être libre et moi-même. Ne me rejoins pas, je t'en supplie. Je sais que tout va devenir très dur pour toi, mais tu es fort, tu surmonteras tout ça. Prends soin de papa et maman, mais sans te surmener, s'il te plaît. Deviens un jeune homme admirable dont je pourrais être fier quand je t'observerai de là où je suis, sois toi-même et vis pour toi. C'est la meilleure chose que tu peux faire pour moi. Je sais que je n'ai pas été le meilleur grand frère du monde, mais j'ai été très fier d'être le tien.

Et surtout, Jisung, n'oublie pas que je t'ai aimé depuis le premier jour où tu es né.

Avec tout l'amour et la force que je peux te donner,

Adieu,

Ton grand frère qui t'aime.
Changbin