CHAPITRE CINQUIÈME

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Aujourd'hui est la dernière journée d'anniversaire de Sky et Aujourd'hui est aussi le jour réel de ma naissance.
C'est pourquoi j'ai eu droit à quinze minutes de plus de sommeil et me suis levée à 4h30, ce qui est rare.

Aujourd'hui, la dernière journée de fête se déroule dans le pré à l'arrière de notre maison.

Étant donné qu'aujourd'hui est mon anniversaire, c'est le seul jour de l'année où, après mes corvées matinales, je suis libre d'obligations quelconques.

Je ne peux pas aller dans mon pré, vu les préparatifs alors je reste dans ma chambre à lire un livre, Orgueils et préjugés de Jane Austen.

Des petits coups frappés à la porte m'interrompent.

- Lu ? Tu es réveillée ?

Depuis plusieurs heures...

- Oui, papa. Viens, entre.

Mon lit grince quand je m'assois. Mon père rentre et ferme la porte derrière lui. Ses cheveux blonds, qui commencent à tirer vers des nuances argentées, et ses yeux bleus perçants avec des reflets violets en son centre, mon père à toujours été très bel homme. J'ai entendu ma mère dire qu'elle avait eu pas mal de concurrence. Même aujourd'hui, des femmes continuent à lui faire des signes.

- Lullaby, ma chérie, j'arrive pas à croire que c'est déjà tes 17ans aujourd'hui.

Il parle d'une voix émue et me regarde comme s'il me découvre pour la première fois.

- Je me rappelle le jour où tu es née, comme une lueur dans la tempête.

Papa ne parle que rarement de ma naissance. Voire jamais.

- Hey papa, ce n'est juste qu'un anniversaire. Je ne vais pas disparaître d'un coup.

- C'est un anniversaire de plus qui te rapproche de ta majorité. Et de ta vie... d'adulte.

Sa voix se brise. Et je comprends ce qui l'effraie. Que je fonde ma vie d'adulte loin d'ici et que je l'abandonne. Et même si l'idée de l'abandonner me laisse un goût amer dans la bouche, je le sais au fond de moi. Jamais, au grand jamais, je ne pourrai rester ici.

- Tu pourrais...

- Non, papa. Tu sais qu'une vie ici pour moi est impossible.

Il soupire avant de sourire tendrement en me caressant la joue.

- Tu es si parfaite. Ne l'oublie jamais, Lullaby, tu m'as compris ?

- Oui.

- Tes différences ne te définissent pas, elles font ta force.

Ses mots me percutent et me coupe le souffle. Il venait peut-être de dire la chose la plus belle, et celle que toute ma vie, j'ai attendu d'entendre.

Je me jette dans ses bras et le serre fort. Tremblante, je déverse mes larmes sur ses épaules, mes peurs, mes blessures, mes peines, celles que personne ne peut guérir, à part lui. Je les déverse en des flots inarrêtable et je me sens mieux.

Plus légère.
Plus vivante.
Plus Lullaby, moins "démon".

Alors je relâche toute cette pression. Je lui communique ma douleur, mes coups, mes faiblesses. Parce que la seule personne qui peut les endosser sans ciller, sans flancher, c'est bien lui.

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Je m'adosse contre son épaule, vidée de mes larmes et de mes peines. Et je me sens prête à endurer une nouvelle année de crises, de pleurs et de souffrance.

LullabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant