Chapitre QUINZE

11 5 0
                                    

"Un soir de pleine tempête, deux entités surgiront des ombres : un ange déchu, avide de vengeance, et un autre ange, porteur d'une lumière prête à nous sauver. Leurs destins s'entrelaceront dans un ballet obscur, où le bien et le mal se confondent".

Cette parodie qui me bousillait l'âme, que j'entendais à longueur de journée, telle était la prophétie.

Notre Déesse a fait une alliance avec le fondateur de ce village, elle le rendrait indépendant et lui, et ceux qui consommeront de la terre qu'elle a rendu féconde, lui seront redevable, à tout jamais. Et ce, depuis trois siècles. Depuis, à chaque génération, on nous a rabâché la même histoire, pendant trois siècles, ces prêtres nous ont rabâché cette même histoire, dans nos lieux de prières, La Haffa, et à l'école.

Cette prophétie a été accordée à notre dernier prête en lice, Louis Montel, et ce dernier a vu cela comme un immense honneur. Et la naissance de deux jumelles en pleine nuit de tempête, ce qui est interdit, jumelles à l'apparence peu commune a été le coup de pouce pour renforcer la position de Louis Montel. Et il attendait une chose de moi, une erreur, pour se débarrasser définitivement de moi.

Et c'est pourquoi il a cet immense sourire macabre devant moi, ligotée comme le poteau en fer qui nous servait dans les années antérieures à célébrer le drapeau américain.
Je suis à environ un mètre du sol et sous moi, se trouve du foin.

La population est réuni autour de moi, formant un cercle. Mais moi, je refuse de penser à ce qu'il s'est passé.

Mon père est mort...

Et je vais mourir à mon tour.

Les mains attachées par une corde rugueuse, la tête baissée, les larmes qui coulent de plus belle, je n'arrive pas à detourner mon esprit de ce qui s'est passé dans la forêt.

Il est mort...
Et je vais mourir à mon tour.

Et c'est de ma faute...

Prêtre Montel se positionne devant moi, une torche enflammée dans la main.

Il esquisse un rictus malveillant avant de s'adresser à la population.

- Chers amis, nous faisons face à un grand malheur. Antoine est mort, de sa propre chair. Et nous voici aujourd'hui, en train de pleurer cet homme que nous avons profondément aimé.

Aimé ? Ils l'avaient aimé ? Mon père est mort en pleurant car ils l'ont détruit. Comment peuvent-ils être si cruels ?

- VOUS AVEZ TUÉ SA CHAIR, C'EST VOUS LES MONSTRES DÉGUISÉS EN AGNEAU ! MON PÈRE EST MORT PAR VOTRE FAUTE ! IL EST MORT PAR...

Une gifle s'atterit sur ma joue et je l'attend. Mais elle ne vient pas, elle ne vient jamais.

La douleur.

Qui me détournera de celle qui fait rage dans mon cœur.

- Vous le voyez tous ? Cette fille est folle, FOLLE ! On l'a épargné et elle veut nous détruire. S'en prendre à nous, à nos enfants, dit-il en regardant les mamans. En commençant par son propre père. Est-ce qu'on va la laisser agir ?

Un faible non résonne et il retend l'oreille en disant "plus fort". Un non bruyant fini par résonner et Louis sourit de toutes ses dents. Si les habitants du village ne m'aimait pas, c'était sa faute à lui. Et lui, il me haïssait.

- La seule façon de l'éliminer est de la tuer. Pour être sûr qu'elle ne revienne plus.

Son regard est fou et ses yeux fixent un point dans le vide, derrière moi.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 06 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

LullabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant