Tournant les talons, je me mets à m'en aller, sans même un regard en arrière. Et personne ne me retient après tout, surtout pas Sky. J'accélère le pas avant de me faire rattraper par une poigne ferme.
Je me retourne et mon regard croise celui presque blanc.
- Pourquoi il faut toujours que tu essaies de me piquer tout ce que j'ai ?
Je ferme mes yeux, tout en essayant de dégager mon bras de sa poigne.
Ne pleure pas...
Je m'efforce de ne rien ressentir et de ne pas pleurer.
- Jusqu'à même mon petit ami. Quand est-ce que tu vas cesser ?
Ses mots me firent mal.
Son petit ami...
- Disparaît de ma vie, me chuchote t-elle avant de me libérer. On aurait été tellement mieux sans toi. Et le pire, c'est que tu le sais.
Refusant d'entendre une seconde de plus sa méchanceté, sa cruauté, je m'élance vers un endroit où je le sais, je trouverai ma paix.
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Cela fait un jour et demi que je suis ici. Dans ma tanière, ma grotte. C'est une grotte pas très loin du village mais à la lisière de la forêt et de la zone montagneuse. Je m'y refugiais souvent quand j'étais petite et que papa était parti. J'y gardais plein de conserves que j'avais volé dans les cuisines au cas où je devais y passer des jours. En sachant que personne ne me chercherait, ne s'inquiétait.
Jamais.
Une cachette d'un jour devenu mon repère, je me retrouvais ici lorsque j'étais à bout. Lorsque ma mère me poussait dans mes derniers retranchements. Mais au retour de papa, ça s'est fait de plus en plus rare. Et là, ça fait un an que je n'avais pas mis les pieds ici. Alors que c'était, en quelques sortes, ma maison.
Seule et isolée de tous.
La grotte était assez humide et un morceau de tissu était étalé sur des brindilles et branches d'arbres sur lesquels je m'efforçais de m'assoupir à chaque fois que je venais ici, ce qui à un moment arrivait tous les deux jours.
Empilé contre la paroi rocheuse de la grotte, sept boîtes de conserve. J'en en ai vidée une hier, pour mon repas.
Je suis maintenant assise à même le sol et faisait l'une des rares activités que je me permettais de faire ici, le tricot.
J'en étais arrivée à tricoter un haut pour oublier Wilam et la peine immense qui me fait souffrir.
Je comprends dorénavant la douleur des protagonistes dans les livres lorsqu'ils ont le cœur brisé.
Cette sensation d'étouffer et cette peine qui te bouffe le cœur, tous ces regrets et remords de ce que tu as fait et tu n'as pas fait, ton cœur mitigé entre la haine et les regrets de tout ce que vous n'aviez pas pu faire.
Cette sensation que j'essaie de faire taire au point de retrouver mes anciennes habitudes : celles de m'isoler.
Comme si je ne l'étais pas déjà...
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Lullaby
JugendliteraturUn soir de pleine tempête, Hazeila mit au monde des jumelles, Lullaby et Sky. Le village, très pieux, tomba en admiration devant les jumelles, ou devrais-je dire, devant Sky, la petite blonde aux yeux tels un ciel ensoleillé. Lullaby, quand à...