Chapitre 6

45 8 6
                                    

"Je me tiens ici, aux portes de la mort, le cœur lourd de regrets. Chaque instant partagé avec elle est un trésor que je m'apprête à laisser derrière moi. Je voudrais tant lui offrir la beauté de ce monde, mais le temps m'échappe, et je suis contraint de partir. Si seulement je pouvais ancrer nos souvenirs dans le jardin de ma mémoire, les protéger du vent des étoiles qui tissent et chantent des tragédies entre elles..."

~Lucrate

Il y a toujours un endroit où les roses s'épanouissent. Cléa en était sûre. Mais quand elle regardait dans les yeux de son grand-père... Elle comprenait l'éphémère. Mais peut-être par déni, elle refusait de comprendre. Non.

Elle cueillit la rose comme ultime souvenir des jardins du roi et se leva, mit la fleur dans ses cheveux, puis courut vers son grand-père.

-Tu n'es pas...

Si, il était obligé. Et elle le savait. On ne choisissait pas ce genre de chose. Mais elle ne voulait pas le comprendre. Alors elle se tût. Dépit ou déni. Sa gorge se serrait.

Tout mais pas son grand-père.

Lucrate se retourna et lui sourit. Un sourire franche, honnête et courageux. Sans aucun artifice. Comme lui l'était.

-Ne t'en fais pas, il me reste encore du temps à passer avec toi...

Il lui tendit une main, ridée et usée par le temps.

-Alors ?

Elle ne dit rien. Ses mots peinaient à venir. En fait, elle avait tellement de choses à dire mais si peu de temps, tout à coup. Et elle n'y arrivait pas. Alors, pour toute réponse, elle prit la main de son grand-père et partit à ses côtés.

La démarche de Lucrate ne faisait pas noble. Elle ne l'avait jamais fait, d'ailleurs. Logique. Il n'avait pas passait sa vie aux mondanités de la cour, bien que né dans une famille étonnamment riche. Sa vie avait été consacrée à la chevalerie et à la Douce Reine, n'incluant que très peu de bal...

-Es-tu prête et sans regret ?

- On ne devrait pas prendre des bagages ?

Cléa était sans doute stressée, mais au fond elle avait déjà prit sa décision. Elle l'avait prise au moment où elle c'est enfuie du manoir pour rejoindre son grand père. C'était même pour cela qu'elle avait mis un pantalon et non une robe, comme toute sa vie.

-Dis moi donc ce que tu veux prendre !

- Je n'ai besoin que de toi, répondit-elle finalement.

Son sourire était revenu, simple et sincère... Celui qui ressemblait aux rayons du soleil. Bonheur en lumière solaire. Puis son inquiétude revint à la charge, persistante.

- Et... le royaume ? Que deviendra-t-il sans toi ?

Augustus sans Lucrate c'était la décadence assurée. Toutes ces questions n'était sûrement que de vaines tentatives de retenir le temps et le destin. Et si elle pouvait juste arrêté et profiter maintenant, elle avait tellement de chose à faire avant que son grand-père n'entame son dernier voyage...

Mais Lucrate n'avait pas besoin de répondre... C'était comme si la solution était dans les yeux de son grand-père. Elle ne fit que répondre au calme de l'homme qu'elle admire.

- Je suis prête.

Elle serra la main de son grand-père, si fort, comme si traverser la frontière pouvait à tout instant faire s'envoler le viel homme.

Le conseiller réfléchit un instant. Avec un air pensif qui ressemblait tellement à celui de sa femme décédée...

-Dis moi. Si demain, tu devrai venir chercher Valentin car il était en danger... Le ferai tu ?

Les Royaumes Maudits : Le Roman !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant