Chapitre 13

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"Les nobles portent des armures d'or, mais leur cœur est aussi froid que l'acier. Les chevaliers, quant à eux, portent des armures en toc ou des haillons, mais savent que le véritable courage ne se mesure pas à la richesse, mais à la dignité que l'on accorde à ceux que l'on écrase sous son pied."

~Milisandre

Le jardin du palais avait perdu de son éclat depuis que Lucrate avait quitté l'endroit. Personne ne devait sans occuper, maintenant... Quelques nobles discutaient, mais s'écartaient bien vite en voyant la longue lame qu'il avait à la main. L'ancien conseiller rajeuni se fichait royalement d'eux. En fait, en s'écartant, il n'avait qu'une envie : les tuer. Leur égocentrisme était tel qu'ils croyaient que Lucrate était venu pour eux.

Pathétique.

Il entra dans le palais humain. Lieu qu'il connaissait par coeur, comme s'il était chez lui, ici. Ce qui était le cas : il avait habité vingt ans ici.

Les longs couloirs n'avaient plus aucun secret pour lui. L'armure sur sa droite était un passage secret vers les caves, la petite fenêtre plus loin était un piège contre les voleurs. Cet endroit était vraiment l'invention d'un être supérieur. On sentait la magie, quand on était un peu expérimenté sur l'esprit. Et cet endroit transpirait la magie comme le Jardin de Botanique.

Dans le couloir sombre qui menait à la salle du trône, des armures en fer étaient disposées majestueusement contre les murs, reposant sur un socle de cuir rouge. Était-ce vraiment des armures, ou des chevaliers camouflés ?

Ici, il était sur ses gardes. Vraiment sur ses gardes. Hors de question qu'il meure. Il l'avait promis à Cléa.

Adressant une prière silencieuse au Dieu des morts, il se rapprocha de la porte.

- Monsieur Ficine. Notre roi ne vous a pas accordé audience.

Le gardien des clé de sa majesté, Monsieur Olabel, semblait catégorique.

-Vous n'avez plus accès à cette partie du château après avoir été condamné pour abandon de la couronne... Partez, et vous retrouverez peut-être les bonnes grâces de Sa Majesté.

Lucrate soupira.

-Ah ah. Bonne blague, n'est-ce pas ? Un conseiller royal qui se fait réprimandé par un domestique de bas étage. Vous vous fouttez de moi, n'est-ce pas ? 

Rajeunir de 40 ans faisait sans doute gagner plus de confiance en soi... Lucrate se réfugiait toujours derrière une sagesse implacable. Cependant, cela était dû à une douleur profonde, pas à une quelconque vieillesse...

-En fait votre condamnation vous a rétrograder à vulgaire roturier. Aujourd'hui c'est vous le petit gens de bas étage.

Mais il est vrai que en plissant les yeux, Ficine avait l'air changé, plus confiant, plus fort, plus intimidant... Il était redevenu ce guerrier d'antan qui était parti à l'aventure dans les contrées du monde.

Un chevalier de la Douce Reine.

Le gardien ouvra la bouche, la referma, avala sa salive et se décida à parler :

- Je... heu suis navré de votre situation.

-Un roturier ? Ohhhhh que non. Un vagabond, à la limite. Mais qu'est-ce qui pourrai être mieux que de sentir le vent de la liberté sur son visage ? 

Il soupira une deuxième fois.

-Vous êtes les mêmes, les gens de la cour et qui servent le roi. Vous ne savez pas vous défendre et vous êtes faibles. Vous l'avez toujours été.

Les Royaumes Maudits : Le Roman !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant