Chapitre 35

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"Réalité et Imaginaire dansent en parallèle, deux entités distinctes dont les chemins se croisent sans jamais se toucher, témoignant de l'infinie complexité de notre monde intérieur. Un Cauchemar ne comprendra jamais un Réel, et inversement."

~Elizabeth

Dans le palais des elfes, un long couloir gangrené par la magie noire s'étirait à l'infini, étouffant la lumière qui tentait de percer. Les murs, jadis ornés de symboles d'antan, suintaient d'une énergie malfaisante. Puis, dans cette obscurité presque tangible, une présence se matérialisa. Immeron, sinistre et déformé par l'éternité, émergea, un grand sourire carnassier figé sur ses lèvres pâles.

Son corps translucide bouillonnait de sentiments contradictoires : colère, haine, tristesse, joie, peur, envie... Une symphonie chaotique fusionnée en une seule émotion dévorante : la rage. Tout cela le rongeait depuis bien trop longtemps.

Et, soudaines, les couleurs s'évaporèrent de son être. Son visage, ses membres, tout devint cendre et pierre. De vieilles runes s'embrasèrent sur sa peau, sinuant comme des éclairs brûlants sur son épiderme durci. Un frisson traversa l'air tandis qu'une lame longue comme un homme prit forme dans sa main, arme titanesque et sinistre qui traînait au sol, faisant résonner chaque pas d'un "clic" funèbre.

Ce n'était plus Immeron.

C'était son cauchemar.

Un rire sardonique éclata à même le vide, froid comme la pierre du cauchemar qui venait d'apparaître.

- Tellement prévisible.

La voix résonnait de toute part. Immeron avançait avec cette désagréable sensation d'inutilité. Il faisait du surplace : le couloir s'étendait à l'infini.

Il était piégé.

La lame du cauchemar trancha l'espace physique. Longue taillade qui tranchait les sorts comme les âmes.Une brèche apparut, inspirant la froideur des morts et des cataclysmes les plus puissants. Immeron s'enfonça dans ce passage entre la réalité et le Royaume des Morts.

Après... Rien ne se produit, le silence du marbre était glacial. Les quelques nervures qui y serpentaient étaient infinies, dans ce chateau plongé dans la sorcellerie.La brèche était bien accueillie : elle avait sa place ici, au centre du couloir, laissée solitaire sans même qu'on cherche à la refaire, à la corrompre, à l'utiliser contre son ennemi.

Dorcas n'avait aucun ennemi. Seulement des pions.La brèche restait là, comme si elle avait son utilité pour la maitresse des lieux, à tel point que cela relevait de l'arrogance : Dorcas sous-estimait les Dieux eux-mêmes.

La tête d'Immeron originel passa à travers la brèche.

- Je vais paraître insistant. Mais...

Il repassa son corps entier dans le couloir, puis dévoila l'intérieur de sa main.

Des âmes.

-Je te présente ta famille : ici, ton père, tes frères, ta sœur, tes cousines et bien entendu, ton enfant.

Il les montrait de l'index à chaque fois.

-Rend moi les âmes de mon cimetière et je te les rendrais. Rend moi ma sœur, le Comte, le Conteur, et tout les autres, et je te les rendrais. Sinon...

Immeron était cruel, et il savait parfaitement quoi faire pour se faire écouter. Il referma doucement sa main, se qui représentait une pression considérable pour les quelques vies présentes à l'intérieur, qui ne formèrent qu'un tas difforme.

Les Royaumes Maudits : Le Roman !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant