Les secrets de Whitechapel

21 septembre 2018

Finalement, malgré l'urgence, Josh et Nathan durent laisser leurs recherches de côté durant trois jours. Le dix-sept septembre à vingt-et-une heure, une fusillade éclata dans un restaurant huppé de la capitale, faisant deux morts.

Les deux policiers furent réquisitionnés pour mener l'enquête pour leur plus grand mécontentement. Cependant, la chance fut avec eux. Après avoir questionné les proches des victimes, ils purent rapidement cibler deux suspects potentiels. Les images enregistrées par les caméras de surveillance leur permirent ensuite de confondre le meurtrier qui finit par avouer son crime après plus de huit heures d'interrogatoire ininterrompu.

Mécontents d'avoir perdus trois précieux jours dans leur enquête sur les meurtres de Whitechapel, ils arrivèrent au bureau dès six heures du matin afin de poursuivre leurs recherches sur Marcus Godward.

— Et si on commençait par ses gosses ? proposa Josh, une tasse de thé à la main.

— Ouais, bonne idée. Comme on dit, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. Si Le gars n'est pas clair, au moins l'un des enfants ne doit pas l'être non plus.

Au bout de quinze minutes, Josh décréta qu'ils pouvaient écarter Oliver, le plus jeune, de tout soupçons. Au début du mois d'août, il avait déclaré qu'il en avait marre de la société actuelle. Il avait tout plaqué et vivait dans le dénuement le plus total au sein d'une tribu de Papous dans des conditions proches de l'âge de pierre. Josh éplucha l'article qui lui était consacré et qui était sorti la veille, vidéo à l'appui. Les journalistes l'ayant filmé et suivi pendant un mois, le garçon ne pouvait donc être lié aux meurtres de Whitechapel. En outre, il avait un diplôme en littérature anglaise et aucune formation médicale.

Les deux autres fils de Marcus Godward, Stuart et Marcus junior, travaillaient dans la société de leur père. L'un comme directeur marketing, l'autre comme responsable du département des ressources humaines. Tout comme leur frère, ils n'avaient aucune formation en médecine. Jazmin, la première fille de l'homme d'affaire, se trouvait en Indonésie depuis trois mois, en lune de miel prolongée. Nathan déclara qu'elle ne pouvait certainement pas être impliquée dans les meurtres.

Restait la seconde fille, Indira.

— La pauvre gamine !

L'exclamation de Josh interrompit Nathan dans ses recherches :

— Tu as trouvé quelque chose ?

— Oui, regarde. Elle se trouvait dans la maison de campagne de sa tante, à Bracklesham Bay, lorsque des cambrioleurs ont pénétré dans la propriété. Indira a été frappée puis ligotée avec une corde et enfermée dans la cave. Sa tante a également été brutalisée. Les voleurs sont repartis avec de l'argent et des bijoux. D'après ce que je lis, Indira, qui avait dix ans à l'époque, a été si traumatisée qu'elle refusait de sortir de chez elle et d'aller à l'école. Marcus a publié un communiqué deux mois après le cambriolage en indiquant que sa priorité était la guérison de sa fille et qu'il demandait à ce qu'on respecte sa vie privée.

— Et ensuite ? insista Nathan.

— Eh bien... rien. Indira semble avoir disparu des radars. Tu sais ce que je crois ? Je pense que la gosse a développé un truc genre stress post traumatique, des crises, des machins qui font qu'elle n'était plus visible en public. En quelque sorte, elle est devenue la honte de la si belle famille Godward.

— Ce qui signifie qu'elle doit vivre quelque part loin de Londres, entourée d'une armée de domestiques qui veillent à ce qu'elle ne mette jamais le pied dehors, conclut Nathan.

— Ou pire, enfermée dans une clinique psychiatrique privée. C'est courant chez ces gens-là. Ils ne supportent pas la moindre petite tâche dans leur univers si parfait. D'ailleurs ça reste à la mode. Depuis des années on voit des cliniques privées ou des centres de « repos » se créer un peu partout dans le monde. Des établissements luxueux réservés à une certaine élite. Les patients qu'on y enferme n'en ressortent pratiquement jamais ou alors comme des zombies.