30 septembre 2018

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TW : mutilation physique

Nathan et Josh auraient préféré ne pas en arriver là. A devoir guetter le moindre mouvement aux alentours de Henriques Street. Le quartier n'était pas spécialement glauque, ils avaient connu pire. Mais, comme à Durward Street, la moitié des réverbères ne fonctionnait pas. Mesure d'économie de la ville ou défaillance technique ?

— J'aurais dû me renseigner auprès des services d'entretien. Tu ne trouves pas ça étrange qu'une partie des lampes soient éteintes ? C'était la même chose lors du meurtre de Tremelling. La voisine de Lesley Jevans s'en est plainte lorsque nous l'avons interrogée. Sur le coup je n'ai pas relevé. Bon, nous savons que ce n'est pas la seule rue de Londres à avoir ce genre de soucis. Cependant, par acquis de conscience, j'ai fait une rapide recherche avant de partir, et devine ? Problème identique à Hanbury Street la nuit du 8. Je vais envoyer un message à Tom. C'est bien Tom qui est de permanence cette nuit ? demanda Nathan.

— Oui, c'est lui. Tu vas lui demander de se renseigner ?

— On ne sait jamais. Il commence à y avoir trop de coïncidences dans ce dossier. En plus, je me demande si notre homme ne bosserait pas avec quelqu'un. Tu vois, lui c'est le pro du charcutage et il lui faut un expert technique. Du genre un gars qui peut contacter nos escorts sans se faire repérer ou bousiller l'éclairage publique. Parce que je ne vois pas comment il pourrait gérer tout ça en même temps.

Les deux hommes, chacun planqués dans une voiture banalisée, communiquaient par téléphone. Tout comme leurs collègues venus leur prêter main forte pour la nuit, ils avaient veillé à stationner leur véhicule loin d'une lampe. Grâce aux vitres teintés, vêtus de couleurs sombres et avachis sur leur siège, ils étaient pratiquement invisibles.

L'automne s'installait peu à peu sur la capitale anglaise et les nuits étaient de nouveau plus fraiches.

Nathan jeta un regard discret autour de lui : les immeubles n'étaient pas défraichis, les murs n'étaient pas couverts de graffitis, les rues étaient relativement propres. Aucune bande de jeunes ou de camés ne traînaient dans le coin. En fait, à part les policiers, il n'y avait personne dans le quartier. Comme si tout le monde se doutait que cette nuit, cent trente ans après le meurtre d'Elizabeth Stride, il valait mieux rester chez soi que de se balader dans les rues de Whitechapel.

Ils étaient passés en repérage dans l'après-midi et Nathan avait pu remarquer que le quartier ne comportait aucun magasin ni bar. Les plus proches commerces se situaient sur Commercial Road mais il n'y avait rien pour attirer les fêtards du dimanche soir.

On était bien loin de l'animation qui régnait à Earl's Court.

— Minuit trente. En toute logique, notre inconnu devrait se montrer dans les vingt prochaines minutes, annonça Josh, faisant sursauter son coéquipier.

— En toute logique, oui. Rien à signaler de ton côté ?

— Pas un chat à l'horizon. J'espère qu'Orminston ne va pas tout foutre en l'air. Il n'avait pas l'air commode ce matin.

— Tu m'étonnes. Il a dû dire adieu à son rendez-vous galant et il va devoir glander pendant deux heures avec comme seule compagnie un policier. La fille était bien plus compréhensive.

— Sans blague ! Elle ne devra rien faire mais elle sera quand même payée. Ça vaut la peine. Et cela lui assure une soirée tranquille, s'éclaffa Josh.

Nathan soupira :

— J'imagine que ça ne doit pas être plaisant tous les jours. Ces vieux pervers doivent leur en faire voir de toutes les couleurs à ces pauvres filles. Je ne voudrais pas être à leur place. Après, je sais aussi que certaines aiment ça. Comme dit ma mère, il faut de tout pour faire un monde. Mais quand même. Moi, si j'étais à la rue ou si j'avais du mal à gagner ma vie, jamais je n'irai jamais faire le gigolo. Et peu importe si on me propose des millions, ce serait un non irrévocable.

Les secrets de WhitechapelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant