L'empire des ruines

18

Après des heures interminables à l'intérieur de ces tunnels sombres et humides, la lumière du jour se fit enfin voir à l'horizon. Gabriel, Jordan, et Jade émergèrent lentement des profondeurs de Paris, le cœur battant à tout rompre. La première bouffée d'air frais apporta une vague de soulagement, mais également d'appréhension. Ils étaient enfin proches du QG de la résistance, mais quelque chose dans l'atmosphère pesante de la ville laissait présager de sombres nouvelles.

Leur trajet à pied jusqu'au quartier général fut marqué par une forte appréhension. Les ruelles étaient désertes, les bâtiments en ruine portaient les stigmates de récents combats. Gabriel portait Jade, la protégeant de son mieux des horreurs qui les entouraient. Jordan marchait à ses côtés, jetant des regards furtifs autour de lui, son visage marqué par la fatigue et l'angoisse.

En arrivant enfin devant l'entrée discrète du QG, Gabriel s'arrêta net. Il n'y avait aucun signe de vie. Pas de gardes, pas de mouvement, rien que le silence oppressant d'un lieu abandonné.

- C'est bizarre, murmura Gabriel, son instinct de survie en alerte. Il y a toujours quelqu'un de garde ici.

Ils échangèrent des regards inquiets, puis Gabriel se dirigea vers l'entrée, son arme prête à être utilisée dans une main et Jade toujours dans son deuxième bras. Il poussa lentement la porte avec son pied, qui émit un grincement sinistre. À l'intérieur, l'obscurité régnait, seulement brisée par quelques rayons de lumière filtrant à travers les fenêtres barricadées.

Ils avancèrent prudemment dans les couloirs désertés, leurs pas résonnant dans le silence. Gabriel sentait une boule se former dans son estomac. Quelque chose de terrible avait dû se passer pour que le QG soit ainsi déserté. Il se dirigea instinctivement vers la salle de commandement, espérant y trouver des indices.

La salle de commandement était vide, les cartes et les plans stratégiques éparpillés sur la table témoignaient d'un départ précipité. Gabriel fouilla rapidement les documents, cherchant un signe, un message laissé derrière.

- Rien. Ils sont tous partis.

Jordan s'approcha de la table, examinant les papiers avec attention.

- Peut-être qu'ils ont été attaqués ? Duval pourrait avoir lancé une offensive massive après l'annonce de ta mort.

Gabriel secoua la tête, refusant d'accepter cette hypothèse sans preuves concrètes.

- Non, il y aurait des signes de combat, des traces de lutte. Là, tout semble abandonné, comme s'ils avaient simplement disparu.

Jade, silencieuse jusqu'alors, gigota pour descendre des bras de Gabriel. Une fois au sol elle s'approcha timidement de la table, regardant les documents éparpillés. Gabriel caressa doucement ses cheveux, sentant sa détresse.

- On va s'en sortir, ne t'inquiète pas.

Ils continuèrent leur exploration, fouillant chaque recoin à la recherche d'indices. La cafétéria était vide, les salles de réunion désertes. Gabriel s'arrêta devant une porte fermée, hésitant un instant avant de l'ouvrir. À l'intérieur, se trouvait une petite salle de repos, avec quelques lits de camp et des couvertures. Mais toujours personne.

Jordan, voyant l'inquiétude de Gabriel, s'approcha de lui.

- Ça va aller, on va comprendre ce qui s'est passé ne t'inquiète pas.

Gabriel soupira profondément, le poids de la situation pesant lourdement sur ses épaules. Il regarda Jordan dans les yeux et il se sentit déstabilisé. Autrefois, il avait apprécié Jordan, avant de le haïr pour ce qui était arrivé à Stéphane. Il s'était juré de le détester à jamais, de ne jamais lui pardonner. Pourtant, à cet instant précis, d'autres sentiments remontaient en surface, des émotions qu'il ne parvenait pas à ignorer. Pourquoi ? Il ne comprenait pas. Il voulait refouler tout ça, mais c'était plus fort que lui.