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Le silence enveloppait la petite pièce où Gabriel s'était enfin assoupi, mais son esprit n'était pas en paix. Les visages de Stéphane, Jordan, et Jade continuaient de hanter ses rêves, se mêlant dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Des fragments de souvenirs se mélangeaient à des visions incertaines de l'avenir, et Gabriel se réveilla à plusieurs reprises, le cœur battant, sans parvenir à se débarrasser de ce poids sur sa poitrine.

L'aube pointait à peine lorsqu'il ouvrit les yeux une dernière fois, le corps tendu et l'esprit encore embrumé par la fatigue. Mais malgré le peu de sommeil qu'il avait pu avoir, Gabriel se sentait étrangement résolu. Il savait qu'il devait prendre une décision, et cette décision ne pouvait plus attendre.

Il se redressa lentement sur le lit, passant une main dans ses cheveux en bataille, puis se leva. Son corps protestait contre chaque mouvement, mais il ignorait la douleur physique. Ces derniers jours avaient été difficile. Il s'étira légèrement, essayant de chasser la raideur de ses muscles, avant de se diriger vers la petite fenêtre de la chambre. Dehors, Paris s'éveillait doucement, les premiers rayons du soleil perçant à travers le voile grisâtre de la ville dévastée.

Gabriel inspira profondément, essayant de clarifier ses pensées. La veille, il avait été submergé par le doute, incapable de se décider entre rechercher Stéphane ou retrouver Jordan et Jade. Mais maintenant, tout semblait plus net, comme si la nuit lui avait apporté la clarté dont il avait tant besoin. Il savait ce qu'il devait faire.

Il se dirigea d'abord vers une petite salle de bains rudimentaire, où il se débarrassa des vêtements usés qu'il portait depuis des jours. Il se doucha rapidement, l'eau tiède emportant un peu de la fatigue et de la saleté accumulées. Une fois propre, il enfila des vêtements frais, simples mais fonctionnels, qui avaient été mis de côté pour lui. Se sentant un peu plus revigoré, il sortit de la chambre, le regard déterminé.

Il traversa les couloirs du quartier général de la résistance, saluant distraitement les rares combattants qu'il croisait, son esprit déjà ailleurs, concentré sur ce qui l'attendait à l'extérieur.

Gabriel s'apprêtait à quitter le quartier général de la résistance, son sac en bandoulière, prêt à partir. Alors qu'il s'approchait du garde qui surveillait la porte, il remarqua l'homme jeter un coup d'œil par le judas. Soudain, le garde recula, l'air alarmé, et cria.

- Stéphane !

Gabriel sentit son cœur s'arrêter. Sans réfléchir, il hurla au garde d'ouvrir la porte. Celui-ci obéit rapidement, et lorsque la porte s'ouvrit, Gabriel se retrouva face à une vision qui le laissa sans voix. Stéphane était là, vacillant, épuisé, mais vivant. Son visage était marqué par l'épuisement, ses vêtements étaient déchirés et sales, mais ce qui saisit Gabriel, c'était l'étrange teinte bleutée de ses veines, visibles sous sa peau pâle.

- Stéphane ? murmura Gabriel, sa voix à peine audible, encore incrédule.

Stéphane s'effondra presque sur le sol, mais Gabriel fut assez rapide pour le rattraper avant qu'il ne tombe. Il l'aida à s'asseoir, ses mains tremblantes d'émotion.

- Appelez les médecins ! cria Gabriel, sa voix maintenant tremblante d'urgence.

En quelques secondes, plusieurs résistants se précipitèrent dans la pièce, aidant Gabriel à allonger Stéphane sur une civière. Les médecins, alertés par les cris, accoururent également et commencèrent immédiatement à s'affairer autour de lui. Ils observèrent les veines bleuâtres sur son corps avec des regards perplexes, échangeant des murmures inquiets entre eux.

- C'est quoi, ça ?

- On n'a jamais vu un truc pareil.

Gabriel, toujours sous le choc, resta près de Stéphane, refusant de le quitter des yeux. Il se sentait tiraillé entre le soulagement de l'avoir retrouvé vivant et l'angoisse de ne pas comprendre ce qui lui était arrivé.

L'empire des ruinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant