L'empire des ruines

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Victor Duval se tenait dans son bureau, les yeux fixés sur les écrans de surveillance qui tapissaient les murs. Chaque caméra montrait une partie différente de la ville sous son contrôle, un réseau complexe et omniprésent qui lui permettait de maintenir une emprise de fer sur la population. Le visage impassible, il parcourait les images sans émotion, à la recherche du moindre signe de trouble, du moindre indice que la résistance osait encore se dresser contre lui.

La pièce était plongée dans une pénombre oppressante, seulement éclairée par la lumière froide des écrans. Les murs étaient ornés de portraits de lui-même, posant fièrement dans son uniforme, un rappel constant de son pouvoir absolu.

Un verre de whisky à la main, il savourait le silence, ce moment de calme avant que le jour ne commence vraiment et que le poids de ses responsabilités ne le rattrape.

C'est alors que quelque chose d'inattendu se produisit. L'un des écrans clignota brièvement, interrompant la monotonie des images. Duval fronça les sourcils, ses yeux perçants se fixant sur l'anomalie. L'écran noirci se remplit soudainement d'un visage familier, celui qu'il croyait avoir réduit au silence pour de bon. Gabriel Attal.

Le verre de whisky glissa des mains de Duval et se fracassa sur le sol, le liquide ambré se répandant comme une tâche de sang sur le tapis. Ses doigts se crispèrent sur le bord de son bureau, ses yeux fixés sur l'écran comme s'il ne pouvait pas croire ce qu'il voyait. Gabriel s'adressait directement à la caméra.

Duval sentit un frisson de colère monter en lui. Il avait fait exécuter Gabriel. Comment cet homme pouvait-il encore être en vie, et pire encore, oser défier son autorité de cette manière ?

Le message de Gabriel était clair et concis, destiné à la résistance et à quiconque avait encore le courage de se battre. Il déclarait que le combat n'était pas terminé et que la résistance vivait toujours. Gabriel était vivant, et avec lui, l'espoir renaissait.

- Impossible...

Il se redressa brusquement, ses doigts serrés en poings alors qu'il abattait violemment son poing sur le bureau, faisant trembler les objets disposés avec soin. La vision de cet homme sur les écrans était une gifle, un affront direct à son règne, et il ne pouvait pas le tolérer.

- Comment... comment a-t-il réussi à diffuser ce message ? hurla Duval, sa voix résonnant dans la pièce vide. Ses yeux fixaient les écrans, où l'image de Gabriel continuait à défiler. C'était une humiliation publique, une attaque directe contre lui.

Duval se précipita vers le téléphone sur son bureau, décrochant brutalement le combiné pour hurler des ordres à ses subordonnés.

- Je veux savoir comment ce message a pu passer ! Je veux une enquête immédiate sur toutes nos chaînes de communication ! Faites couper cette diffusion, et trouvez-moi cette ordure ! Je le veux mort, cette fois-ci pour de bon !

Les techniciens de la sécurité du régime s'activèrent immédiatement, leurs doigts courant frénétiquement sur les claviers tandis qu'ils tentaient de localiser l'origine de la diffusion. La panique suintait dans chaque mot échangé par les agents, conscients de la colère de leur supérieur. Mais Jordan avait été astucieux, utilisant une faille dans le réseau de communication du régime, une faille que Duval ignorait encore.

Alors que les secondes s'écoulaient et que les efforts pour interrompre la diffusion échouaient, Duval sentait sa rage se transformer en une fureur glacée. Il avait sous-estimé Gabriel, il l'avait laissé échapper, et maintenant cet homme devenait un symbole de la rébellion encore plus puissant qui menaçait de renverser son empire.

Finalement, après ce qui sembla être une éternité, les écrans retournèrent à leur état habituel, les images de surveillance reprenant leur cours normal. Mais le mal était fait. Le message de Gabriel avait été diffusé, et il n'y avait pas de retour en arrière possible. Duval se laissa tomber lourdement sur son siège, le souffle court, le regard noir.