Chapitre 21

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Rien n'avait changé, songea Sophie, excepté son patronyme. La noce avait été magique. La cérémonie avait eu lieu dans l'intimité, au grand dam de la haute société londonienne. Mais ils avaient ensuite été séparés pour se préparer à la nuit de noce et depuis, Sophie n'osait pas rentrer dans la chambre.

Pourtant, cela était facile. Elle n'avait qu'à faire trois pas, attraper la poignée, la tourner et entrer. Ensuite, elle se déshabillerait, s'allongerait sur le lit et suivrait les dessins que sa cousine lui avait fait pour expliquer comment se déroule une nuit de noce.

- Tout va bien se passer, se répéta-t-elle en faisant les trois pas, en attrapant la poignée et en la tournant.

Et elle entra. Lord Debling l'attendait, encore habillé du costume du mariage. Alors elle prit peur.

- Je m'en vais, dit-elle doucement, avant de pivoter sur elle-même.

Dans un premier temps, son mari ne réagit pas. Puis, comme sa main se refermait sur la poignée de la porte, il comprit qu'il ne pouvait pas la laisser partir. Ni ce soir ni jamais.

- Non, fit-il d'une voix rauque, en la rejoignant. Restez.

Elle leva les yeux vers lui. D'un geste infiniment tendre, il prit son visage entre ses mains. Sophie savait que le moment était venu de lui parler. Et, d'une manière ou d'une autre, elle tenait trop à lui pour le lui cacher plus longtemps.

- Je pense que nous devrions nous assoir, dit-elle.

Ils se dirigèrent vers le lit, gardant une certaine distance. 

- Je sais ce qui se passe entre un homme et une femme pendant leur nuit de noces, commença-t-elle. J'ai vu des dessins et on m'a fourni une explication détaillée.

- Vraiment ? fit lord Debling, surpris.

Sophie hésita, se mordit la lèvre.

- Je voulais que vous sachiez... que je ne suis pas sûre de ressentir les mêmes choses que vous lors de cette nuit. Je sais ce qui me... donne du plaisir. Et je crois que vous l'avez compris.

Les joues enflammées, elle jeta un regard en direction de son époux qui ne laissait rien transparaître. Mais au plus profond de lui, il savait qu'il ne pourrait jamais offrir à Sophie ce qu'une autre personne pourrait lui offrir. Une personne comme Cressida Cowper. 

- Mais je vous serai toujours fidèle, ajouta Sophie. Vous avez ma parole. Et puis... j'aimerais beaucoup porter vos enfants.

Lord Debling sentit la sincérité dans le ton de son épouse et il se mit à penser qu'il n'aurait pas pu faire un meilleur choix. Certes, il aurait pu se marier à une femme qui le désirait autant que lui à cet instant. Mais il ne doutait pas un seul instant de Sophie et les vœux qu'ils avaient prononcés avaient bien plus de sens que le reste à ses yeux.

- Sachez que ce n'est pas forcément douloureux. Peut-être légèrement au début... Et j'imagine que vous serez un peu gênée. 

Sophie lui jeta un regard perplexe.

- Me permettez-vous d'essayer ?

- Essayer ?

- De vous donner du plaisir. Vous m'avez dit savoir comment faire. Peut-être pourriez-vous me montrer ? Cela rendra cette expérience plus agréable.

- Oui, souffla Sophie.

Il défit quelque boutons de sa chemise de nuit, puis inclina la tête pour déposer un baiser sur la peau qu'il venait de dénuder. Les couvertures avaient été retroussées. Sophie s'étendit sur les draps. Elle détourna pudiquement les yeux quand lord Debling ôta ses vêtements. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il se déshabille si vite.

Persuasion | BRIDGERTON T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant