Esperanza

Chapitre 9

Je me réveillai dans un champ de maïs, leurs pousses s'élevaient vers le ciel bleu et mesuraient au moins ma taille. Je peinais à ouvrir les yeux et à me rappeler les événements de la veille. Trop d'informations contradictoires m'avaient soudainement assailli, il fallait que je fasse le tri. Un doute se forma au fond de mon cœur et me serra la poitrine. Je me refusai à cette idée. Je ne voulais pas rejoindre Sergio et Micheltorena pour l'instant, je voulais d'abord découvrir la vérité sur ses mines si convoitées. A condition, bien sûr que j'arrive à déchiffrer les plans. Je dépliai soigneusement la carte géographique, et à ma grande surprise, l'inscription « mina de oro » ne me laissa pas de doute quant à l'objet indiqué par une croix rouge au centre du plan. Il n'y avait donc aucun code à déchiffrer, étrange. Je réussi assez bien à repérer ma localisation sur le papier. Je me situai en périphérie de la ville de Sonoma, en campagne. J'allais devoir marcher quelques heures avant de tomber sur ce que je recherchais, situé encore plus en bordure de la civilisation. Je me doutai bien que le valet était parti avertir Sergio de ma disparition mais je m'expliquerai avec lui en temps voulu. Il ne m'en voudra pas de m'être assurée que ces plans étaient bien corrects et non falsifiés. Je me mis alors en route, les épaules chauffées par un soleil déjà haut dans le ciel.

J'approchai de l'endroit marqué par la croix rouge. Je commençais à distinguer les restes de ce qui avait dû être une exploitation minière. Le seul souci est que l'endroit était désert, bien trop désert pour être une mine soi-disant d'or qui exploitait les habitants du pays. Je m'accroupis par terre pour apercevoir des traces de sabot. J'effleurai le sable de mes doigts, au même moment où une bourrasque se leva, faisant danser mes cheveux détachés devant mes yeux. Ces traces étaient fraîches, un cheval était passé par là il y a peu de temps. Mes sens étaient aux aguets, tout mon corps était en alerte. J'approchai de la roche minière et détachai un bout de caillou noir charbon. Aucune trace d'or. Seulement du charbon, partout, au sol, sur les murs, entassé en tas. C'était une mine de charbon et non d'or. Santa Anna nous avait bien leurrer. Un léger sourire se dessinait sur mon visage, lorsque je sentis une présence derrière moi. Je tournai la tête vers une silhouette effrayante qui faillit m'arracher un cri et je manquai un souffle. Mes yeux écarquillés mirent quelques secondes avant de se rendre compte que seul un épouvantail se tenait devant moi. Je poussai un soupir de soulagement. J'observai plus attentivement et je remarquai qu'un bout de papier était accroché à l'homme de paille. Je me hissai sur la pointe des pieds pour le décrocher. Je pus y lire les inscriptions suivantes « Tu t'es trompée de destination. Je sais ce que tu fais ». Je fronçai les sourcils. Un fruit était dessiné sur le papier, cela ressemblait à une capsule ovale sertie de minuscules pétales sur le dessus et dressée sur une longue tige. Je n'arrivais pas à mettre de nom sur l'espèce, elle m'était inconnue. Je fourrai le papier dans ma poche et tournai les talons. Santa Anna avait voulu berner quelqu'un. Micheltorena ? Ou une autre personne ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je devais parler à Sergio, toute cette histoire ne tournait pas rond. Micheltorena l'aurait-il manipulé pour l'entrainer dans son plan ? Je perdais de plus en plus confiance en le gouverneur de Californie. Ses motifs de pouvoir m'effrayaient et n'auguraient rien de bon pour moi et Sergio. J'étais sûre d'au moins une chose. Sergio s'était trompé sur Santa Anna, j'en étais certaine. J'avais encore en tête l'image de l'homme désemparé devant moi. Ce n'était pas un sanguinaire barbare. Mais que savais-je réellement à son sujet ? Quel était son lien avec mes parents ? Avait-il réellement trahi ma famille ? Je m'obligeai à taire toutes ces questions incessantes qui fusaient dans mon esprit. J'avais besoin de calme et de lucidité.