Chapitre 20

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DAISY.

Je ressasse dans ma tête les paroles de Vinnie depuis que nous nous sommes quittés. Il avait l'air vraiment préoccupé de me voir distante comme ça. Et ensuite, quand je l'ai laissé sur le trottoir pour monter dans la voiture de John, j'ai bien vu qu'il était limite déboussolé. J'aurais peut-être dû attendre qu'il me fournisse des explications...

À vrai dire, je suis un peu pommée. Je sais pas quoi faire avec lui. Le problème, c'est que je veux de l'exclusivité avec lui, mais je suis presque certaine qu'il ne voudra jamais. Quand je l'imagine avec une autre femme...ça me remue les tripes. Et je veux pas souffrir.

Alors le mieux, ce serait de m'éloigner de lui, mais ce serait tellement compliqué. Je le vois plusieurs fois par semaine, je n'ai pas le choix. Et puis, au fond de moi, je n'en ai pas vraiment envie.

Je soupire et me retourne pour la énième fois dans mon lit. Je sens Ada, qui était allongée au bout du lit, venir se blottir contre moi. Je passe ma main dans son doux pelage et suis vite apaisée.

{...}

— Quoi ?! Donc t'es en train de me dire que Vinnie se tape la patronne de l'agence ?

— Oui, je soupire.

— Quel con.

J'éteins le gaz et apporte le plat de pâtes sur la table de la cuisine. Je sers Nailea et nous commençons à manger.

— Qu'est-ce que tu vas faire alors avec Vinnie ?

— J'en sais rien... Tu crois que je devrais le laisser s'expliquer ? 

— Tu parles, il va te sortir une bonne excuse.

— Ouais, j'ai pas envie de me faire baratiner...

Ils sont comme ça les hommes. Ils te servent de belles paroles sur un plateau doré pour t'avoir. Ils savent ce que nous les femmes on a envie d'entendre.

Peut-être devrais-je prendre mes distances une bonne fois pour toutes avec Vinnie...

Mon téléphone sonne, signe que j'ai reçu une notification.

Je retourne mon téléphone et découvre un message de la part de John.

— John me demande si je veux aller boire un verre avec lui ce soir.

— Ah ouais ? 

Je lui explique rapidement qu'on s'est revu, qu'on est allé au bar ensemble l'autre jour et qu'il me dépanne en ce moment car ma voiture ne veut plus démarrer. Il faudra que j'appelle quelqu'un pour venir la checker.

— Tu éprouves toujours quelque chose pour lui ? Je croyais que t'étais passée à autre chose.

— C'est le cas. Mais John est toujours mon ami et je suis contente de passer à nouveau du temps avec lui. On s'était un peu éloigné ces derniers temps.

— D'ailleurs, faudrait qu'on se refasse une sortie tous les quatre. Ça date.

— Oui, t'as raison.

{...}

— Enfin bref, une cata, ricane John à la fin de sa tirade.

Je ricane également et reprends une gorgée de mon verre. J'en viens presque à bout depuis plus de 1 heure que nous sommes dans ce bar.

— Tu fréquentes quelqu'un en ce moment d'ailleurs ?

Je finis le contenu de mon verre et avale un peu trop vite ma gorgée. Elle peine à descendre dans mon œsophage ce qui m'arrache une grimace.

— Oh euh, pas vraiment.

— Pas vraiment ? C'est-à-dire ?

Même moi je ne saurais développer. Est-ce qu'on peut vraiment qualifier Vinnie comme une fréquentation romantique ? Et puis, vu ce qui s'est passé dernièrement, je doute que ça n'aille plus loin entre nous.

— Je veux dire: non. Personne. On y va ?

John acquiesce et nous nous levons en enfilant nos vestes. Nous allons payer avant de sortir du bar. Il fait déjà nuit et, comme toujours, mon regard se perd sur les belles lumières de la ville. Nous marchons jusqu'à arriver à mon appartement.

— Et toi, à part cette cata qui t'est arrivée dernièrement ? je l'interroge, faisant référence à ce qu'il m'a raconté il y a quelques minutes.

En effet, John avait fait connaissance avec une femme qu'il a invité à déjeuner il y a peu. Ça ne s'est pas passé comme il faut. Une cata quoi.

— Tu vois quelqu'un d'autre ? j'ajoute.

— Non. Personne non plus. 

Je hoche la tête avant qu'un frisson violent me parcoure. Il fait super froid. Je fais un signe vers ma résidence et m'apprête à ouvrir la bouche pour lui dire que j'allais rentrer quand quelque chose d'inattendu arrive. Sans que je comprenne quoi que ce soit, les mains de John emprisonnent mes joues et ses lèvres entrent en contact avec les miennes. Je me fige, les yeux grands ouverts.

Alors là.

Il se retire quelques secondes après et m'offre un petit sourire.

— Je...Je voulais faire ça depuis un petit moment.

Je lui offre à mon tour un sourire, mais le mien est crispé. 

— Hum je...on se voit demain ? dis-je en me raclant la gorge.

— Ouais, je viens te chercher. Bonne soirée !

— À demain !

J'entre dans l'immeuble, monte les escaliers et, arrivée dans mon appart, je m'adosse à la porte et soupire.

John m'a embrassé. J'ai du mal à y croire.

J'en ai rêvé pendant des mois quand j'avais le béguin pour lui et, maintenant que je ne ressens plus rien à son égard sauf de l'amitié, il le fait. Il m'offre un baiser.

Je soupire une énième fois et ferme la porte à clé. Quelque chose de plus que je vais ruminer, quelque chose de plus où je vais me poser tous un tas de questions. Comme si je n'en avais pas assez avec Vinnie...

Ça signifiait quoi ce baiser hein ? Ça veut dire que John en pince pour moi ? 

— Eh bien, il est en retard, je marmonne.

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𝐓𝐎𝐔𝐂𝐇𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant