𝐓𝐎𝐔𝐂𝐇𝐄𝐑

Chapitre 23

John vient me chercher comme chaque matin depuis quelques jours. D'ailleurs, quelqu'un vient enfin pour ma voiture en fin d'après-midi. J'espère que ce n'est pas trop grave.

— Salut.

— Salut.

Il démarre pendant que je m'attache.

L'ambiance est assez étrange. C'est moins détendu qu'à l'accoutumé et il n'engage pas non plus la conversation.

— Dis euh...finit-il par dire. Il se passe quelque chose avec Vinnie ?

Merde, ça ne m'étonne même pas qu'il aborde le sujet. Je décide d'être honnête.

— En fait je...je sais pas trop ce qu'on est tous les deux. Mais il se passe quelque chose en tout cas.

Il ne répond pas tout de suite et reste concentré sur la route. Je poursuis en lui demandant:

— John pourquoi tu m'as embrassé l'autre soir ?

Je l'entends pousser un petit soupir de dépit.

— J'en avais envie, je te l'ai dit. Et puis, l'autre jour quand on s'est revu alors que ça faisait un petit temps qu'on ne l'avait pas fait, je...je sais pas trop...

Il passe la main dans ses cheveux d'un geste nerveux. Ouais, il sait pas vraiment où il en est.

— Je vois.

— Tu sais, je savais que tu en pinçais pour moi avant, lâche-t-il alors.

J'écarquille les yeux et tourne la tête vers lui.

— Ah bon ?

— Ouais. Je l'avais deviné. Ça se voyait.

Je passe mes mains sur mon visage en soupirant. Eh bien, on peut dire que la subtilité c'est pas mon truc...

— Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?

— Eh ben je comptais le faire, mais il y a eu un petit obstacle sur ma route...

Il tourne un instant la tête vers moi pour me jeter un regard curieux.

— Comment ça ?

Je lui explique comment j'avais prévu de lui dire, à la boîte de nuit, et évidement j'omets de préciser que dans mes plans, nous finissions chez lui. Je mentionne cette fille qui a tout gâché et j'omets encore une fois que j'ai fini dans le lit de Vinnie cette nuit-là.

— Et toi tu l'avais remarqué et tu m'en as jamais fait part ?

— Non. Je crois que je voulais pas te gêner et peut-être qu'au fond, j'attendais que tu me le dises. Merde, je t'ai gâché ton plan, je suis désolé, ricane-t-il.

— Ça fait rien, je ricane à mon tour.

Il ralentit à l'arrivée d'un feu rouge et arrête la voiture. Il tourne la tête vers moi et me demande avec une touche d'espoir dans la voix:

— Et donc tu...es vraiment passé à autre chose ?

Je lui adresse un petit sourire désolé auquel il me répond par un rictus timide.

— Mauvais timing.

Il redémarre et nous arrivons à peine quelques petites minutes plus tard devant l'agence.

— C'est ta maître de stage qui te ramène ce soir alors ?

— Oui.

Il hoche la tête et je presse un instant son épaule amicalement avant de sortir du véhicule.