𝐓𝐎𝐔𝐂𝐇𝐄𝐑

Chapitre 22

— Hey Daisy !

Je lui adresse un petit sourire crispé. La dernière fois qu'on s'est vu il m'avait embrassé. Mais c'est pas tant ça le problème. Le problème c'est Vinnie qui est à quelques mètres. Je n'ai pas envie qu'ils se voient tous les deux. John est très curieux et je n'ai pas envie de lui dévoiler que je couche avec Vinnie. Je sais que je pourrais donner une excuse, mais je n'aime pas mentir. Mais bon, je n'aurais pas le choix.

— Salut. Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je me suis dis que je pouvais passer, j'avais envie de te voir. Je te dérange pas ?

— Euh non, mais je...

Je m'arrête en pleine phrase quand je sens Vinnie se mettre juste derrière moi.

C'est pas vrai...

— Oh salut, s'étonne John d'un ton monocorde.

— Salut.

John se racle la gorge visiblement mal à l'aise.

— Je savais pas que vous étiez proches comme ça.

J'entends le blond étouffer un rire ce qui me donne réellement envie de le gifler.

— Il allait partir, est tout ce que je trouve à dire.

— Ah bon ?

Je me retourne vers Vinnie et le fusille du regard. Bon sang, il le fait exprès de m'énerver ?

— Non, mais je vais y aller, annonce John. Je repasserai un autre jour Daisy.

— Oui...d'accord.

Il me fait un petit signe avant de disparaître dans la cage d'escalier. Moi, je claque la porte et retourne dans la cuisine. Je prends rageusement un couteau et commence à couper mes légumes. Je m'occuperai de la viande après.

— C'était donc lui l'homme pour qui tu craquais avant ?

— T'es encore là toi ?

Je l'entends glousser.

— Parce qu'il fallait que je parte ?

— J'aurais aimé, marmonné-je dans ma barbe.

Je vois du coin de l'œil Vinnie se rapprocher un peu plus de moi et croiser les bras sur son torse.

— Alors ?

— Qui te dit que je ne craque pas encore pour lui ?

Il émet un ricanement moqueur. Je crois que je ne l'ai jamais entendu rire autant en si peu de temps même si je dois admettre que ce ne sont pas vraiment des rires spontanés, francs pour la plupart.

— Voyons Daisy, on sait tous les deux que tu n'en pinces plus pour lui.

Qu'est-ce que j'aurais aimé lui mettre le doute. Mais il est si sûr de lui que c'en est agaçant.

Il pose sa main sur ma hanche, mais je me dérobe.

— Arrête. Je vois clair dans ton petit jeu Vinnie. Si t'as envie de baiser, va voir ailleurs.

Il enlève lentement sa main.

— Tu es persuadée que je suis venu pour ça ?

Je me tourne complétement vers lui.

— Pour quoi d'autre sinon ?

Son buste va légèrement vers l'arrière et ses sourcils se haussent comme s'il était déçu par mes propos. J'ai l'impression que c'est ce genre de lueur qui brille à présent dans ses yeux. De la déception.

— Pour juste...passer du temps avec toi ? Et puis parce que je ne veux plus que tu sois contrariée. Peu importe ce que tu t'imagines entre Samantha et moi, c'est loin maintenant. Et peu importe ce que tu ressens, je veux juste que tu sois rassurée. Parce que j'ai vraiment l'impression que t'en as besoin.

Je reste bouche bée. Et me radoucis un peu.

Alors je compte plus que comme un plan cul pour lui ? Vraiment ?

— Je peux te donner un coup de main ? demande-t-il en désignant les aliments et les ustensiles sur le comptoir d'un coup de menton.

— Oui, je réponds en hochant la tête.

Il passe derrière moi pour se mettre à ma droite et saisit un autre couteau pour s'atteler à couper une courgette en cubes.

Nous cuisinons en silence. Ses mots prononcés il y a quelques instants tournent en boucle dans ma tête. Je les pense et les réfléchis. 

J'aimerais savoir ce que je représente pour lui. J'ai besoin de le savoir car je ne veux pas me faire de faux espoirs et être amenée à souffrir. 

À vrai dire, je ne sais même pas si je veux quelque chose de sérieux avec Vinnie. Parce que lui, est-ce qu'il sait entretenir une relation ? Si je me retrouve en couple, je veux que ce soit avec quelqu'un qui souhaite l'être réellement et qui est fidèle.

Plusieurs minutes plus tard, le plat est prêt et enfourné dans le four.

Je m'active à nettoyer le comptoir et Vinnie remplit le lave vaisselle. 

— Tu sais, dit-il enfin, l'autre jour après le restaurant quand tu ne m'as pas laissé finir ma phrase et que tu m'as envoyé bouler en me disant d'aller rejoindre Samantha parce que tu pensais que je voulais te voir le soir pour...tu sais...

Je hoche la tête.

— Eh ben, je voulais pas te voir pour ça Daisy. Je voulais qu'on parle tous les deux. Tu sais je t'aime bien et j'ai l'impression que tu penses que je veux seulement te voir pour coucher avec toi.

Je rougis, un peu gênée. Il a raison c'est exactement comme ça que je perçois les choses.

Je soupire et m'assois sur un des tabourets de la table de la cuisine. Il vient s'asseoir en face de moi.

— J'aime pas quand tu m'évites, continue-t-il.

— Ah oui ?

— Oui. C'est si difficile à croire ? Que des fois j'ai envie de passer du temps avec toi sans qu'il n'y ait rien ? Aussi bon le sexe soit-il avec toi...

Je pouffe avant de reprendre mon sérieux.

— Désolée, c'est l'impression que tu me donnes. À Paris, tu me rejoignais le soir pour ça et je m'en plaignais pas, mais quand on est revenu à San Francisco, je me suis demandée comment ça se passerait entre nous... Je dois avouer que j'imagine souvent que tu te mettes à ne plus me recontacter et que tu ailles te trouver d'autres filles. Mais de toute façon, je me fais pas d'illusions, je sais que tu en vois d'autres...

— C'est vraiment ce que tu te dis ? me demande-t-il doucement.

Je me mordille la lèvre, un peu honteuse. Vinnie sourit amèrement.

— Et bref, je reprends après m'être raclée la gorge, je veux pas que ça arrive parce qu'on s'entend bien tous les deux, non ?

Bien joué ça Daisy. Car il est hors de question que je lui avoue que j'ai peur de le perdre, que je me perds moi-même dans mes sentiments à son égard. Je ne veux pas lui dévoiler cette faiblesse, me mettre à nue devant lui.

— Ça arrivera pas.

— Cool, dis-je en hochant la tête. Tu veux regarder un truc en particulier ?

Je saute de mon perchoir et vais m'emparer de la télécommande. J'ai vraiment besoin de changer de sujet.

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