chapitre 1: Le fardeau du passé

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**13 Septembre 2010**

Les éclats de voix résonnaient à travers les murs, échos d’une violence qui s’était installée comme une vieille habitude dans la maison. Chaque mot craché par son père, était une nouvelle blessure, un coup de plus sur une âme déjà en lambeaux.

— Écoute-moi quand je te parle, putain! Tu me dégoûtes! Tu me déçois! hurla son père, son visage déformé par la rage. J'ai honte que tu portes mon nom, que tu partages mon sang. J'ai envie de vomir rien qu'en pensant une seule seconde que tu es mon fils. Un incapable, voilà ce que tu es!

Le regard de celui-ci était noir, dur, sans la moindre trace de compassion. Il n’y avait plus d’amour, plus de respect, seulement un mépris glacial qui transperçait Jordan jusqu’à l’os.

— Dégage! Je ne veux plus te voir, ni avoir à faire quoi que ce soit avec toi. Pour moi, tu n’es plus rien, tu n’existes plus… Tu es mort.

Ces mots tombèrent comme un couperet, et le sac en plastique que Jérôme jeta à ses pieds semblait être un symbole cruel de cette sentence. Un vieux pantalon troué, un tee-shirt trop grand. Rien d’autre. Rien qui puisse rappeler qu’il avait un jour été un fils, un membre de cette famille.

Jordan resta figé, les larmes aux yeux, mais refusant de les laisser couler. Il tremblait, ses jambes vacillaient, son cœur battait à tout rompre, comme s’il tentait désespérément de lui rappeler qu’il était vivant, qu’il existait encore, malgré ce que son père venait de lui dire. Le jour de son anniversaire. Le jour où toute sa famille était réunie. Le jour de ses 15 ans.

Il se tenait là, devant la porte close, espérant que, comme toutes les autres fois, son père reviendrait. Qu’il s’excuserait encore, qu’il lui promettrait de ne jamais recommencer. Mais rien ne vint. Seulement les rires, les bruits de verres qui s’entrechoquaient, des bribes de conversation joyeuses filtrant à travers les murs. Comme si son expulsion n’avait aucune importance.

Jordan se fit alors une promesse, une promesse murmurée entre ses dents serrées, pleine de rancœur et de haine.

— Je vais devenir tout ce que tu détestes. Je vais devenir tellement puissant que tu ramperas pour me récupérer. Et le meilleur dans tout ça? Je te regarderai avec dédain. Je ne me cacherai plus jamais.

Mais Jordan n’avait aucune idée du chemin qui l’attendait. Il ne savait pas que ses paroles, prononcées avec tant de colère, allaient façonner sa vie de manière irréversible. Et que ce chemin serait pavé de violence, de manipulation, de pouvoir, et de désespoir.

**13 Septembre 2022**

Six heures trente du matin. Jordan se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Chaque année, le 13 septembre, ce cauchemar revenait, encore et encore, implacable, le replongeant dans cette nuit où tout avait basculé. Il avait beau tenter de s’en détacher, de le repousser dans les recoins sombres de son esprit, rien n’y faisait. L’emprise de son passé était trop forte.

Il se leva, titubant jusqu’à la salle de bain. Son visage se refléta dans le miroir, fatigué, marqué par des années de lutte intérieure. Le regard qu’il se renvoyait était celui d’un homme brisé, malgré le masque de puissance et de contrôle qu’il arborait devant le monde.

— Putain, mais regarde-toi… Tu fais pitié, murmura-t-il, se parlant à lui-même comme pour se secouer. Reprends-toi bon sang, ce n’est pas toi, ça !

Mais c’était bel et bien lui. Un homme mutilé par son passé, portant encore les cicatrices invisibles des violences subies.

Aujourd’hui, il aurait préféré rester chez lui, à se morfondre dans ses draps, comme il le faisait chaque année. Mais ce 13 septembre-là, il avait un débat à mener. Un débat crucial contre Gabriel Attal, un adversaire redoutable. Il n’avait pas le choix. Il devait se lever, enfiler son masque, et faire face.

Sous les masques du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant