chapitre 13: disparu

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Gabriel se réveilla avec les yeux gonflés et rougis par les larmes de la veille. Une confusion latente l'envahit alors qu'il tentait de rassembler ses souvenirs épars. Où était-il ? Que s'était-il passé ? La douleur sourde dans sa tête n'aidait pas à clarifier les choses. Il se souvint vaguement de la soirée à L'Illustrée, de la querelle avec Stéphane, puis... plus rien. Le vide. Ses pensées s'attardèrent sur cette absence de nouvelles de Stéphane, et cela lui brisa le cœur un peu plus. Ils avaient toujours été proches, inséparables, et s'étaient promis que personne ne pourrait les séparer.

Personne, sauf Jordan.

Jordan... Le nom résonna dans son esprit, amenant avec lui un flot de souvenirs intenses. Les aveux de la veille lui revinrent brutalement, et il eut envie de s'enterrer vivant. Il avait craqué, complètement. Pas devant n'importe qui. Devant Jordan Bardella. L'homme qu'il avait toujours considéré comme son adversaire politique, celui qu'il avait appris à mépriser dans son métier. Et pourtant, dans sa vie personnelle, Jordan avait su percer cette carapace, révélant une autre facette de lui-même. Gabriel murmura, ses mains frottant son visage :

- Ce n'est pas vrai... Dites-moi que c'est faux... Que ce n'est qu'un cauchemar...

Il fut interrompu par une voix douce résonnant dans l'encadrement de la porte.

- Tu es réveillé ?

Gabriel abaissa lentement ses mains, découvrant Jordan dans l'embrasure de la porte. Le jeune homme portait un simple t-shirt blanc qui mettait en valeur sa carrure et un jogging gris. Face à cette vision, Gabriel resta muet. Les mots restaient coincés dans sa gorge.

Jordan, voyant son silence, s'inquiéta et s'approcha pour s'asseoir sur le lit.

- Tout va bien, Gabriel ?

Gabriel déglutit, cherchant désespérément quelque chose à dire, mais il ne réussit qu'à souffler :

- Tu es resté...

Un faible sourire se dessina sur le visage de Jordan, mais ce sourire dissimulait une douleur qu'il n'arrivait pas totalement à masquer, celle de voir Gabriel dans cet état, à bout de nerfs, terrifié à l'idée d'être seul encore une fois. D'une voix calme, il répondit :

- Je te l'ai dit que je resterai, non ?

Gabriel détourna le regard, fixant un point invisible dans la pièce, tout cela semblait irréel, trop rapide, trop intense.

- Tu es resté toute la nuit... ici ? Avec moi ? Pour moi ?

Jordan rit légèrement avant de répondre avec douceur :

- Oui, Gabriel. Personne ne m'a forcé.

Ils partagèrent un bref moment de légèreté dans ce rire commun, mais au fond de lui, Gabriel luttait toujours contre ses propres démons. Avant qu'il ne puisse parler à nouveau, Jordan se leva.

- Prends ton temps pour te lever, je vais chercher le petit déjeuner.

À ces mots, le sourire de Gabriel disparut instantanément.

- Tu reviens, hein ?

Jordan se rapprocha pour déposer un baiser sur le front de Gabriel, son geste tendre contrastant avec l'intensité des émotions du plus vieux.

- Évidemment, mon ange. Tu n'as pas à t'inquiéter.

Sur ces mots, Jordan quitta la chambre, puis l'appartement.

"Mon ange..."

Ces mots résonnèrent dans la tête de Gabriel, encore et encore. Tout allait si vite, presque trop vite, mais une part de lui aimait ça. Il aimait voir Jordan si épanoui à ses côtés. Avec lui, il savait qu'il irait mieux. Le souvenir de leur baiser la veille fit monter une chaleur réconfortante en lui. Mais cette douceur fut brutalement interrompue par un mal de tête toujours plus intense. Gabriel, vacillant légèrement, se leva du lit et se dirigea vers la cuisine pour prendre une Doliprane. Le médicament était censé soulager la douleur physique, mais une part de lui savait que le véritable remède à ses maux était Jordan. Jordan, celui qui le faisait respirer à nouveau.

Sous les masques du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant