chapitre 8: révélations inattendues

216 9 23
                                    

Jordan resta figé sur le seuil, incapable de détacher son regard des yeux de Gabriel. C'était comme si tout le reste du monde s'était estompé, laissant seulement ces deux prunelles brillantes et insondables, pleines de choses non dites. Le cœur de Jordan battait à tout rompre, chaque pulsation résonnant dans ses tempes comme un tambour lointain. Pendant un instant, il se sentit happé, absorbé par la profondeur de ce regard. Une multitude d'émotions le submergeaient, le rendaient presque paralysé, incapable de se rappeler pourquoi il était là, pourquoi c'était si important.

« Jordan ? » La voix de Gabriel le sortit brusquement de sa transe.

Jordan cligna des yeux, comme s'il venait de se réveiller d'un rêve troublant. Il tenta de rassembler ses pensées, de se souvenir de l'endroit où il se trouvait et de ce qu'il devait faire. Mais tout lui échappait, tout semblait flou. Il détourna les yeux, tentant de cacher la confusion qui régnait en lui. Sa respiration était saccadée, ses mains tremblaient légèrement alors qu'il luttait pour reprendre le contrôle de lui-même.

« Merci », lâcha-t-il enfin d'une voix froide, presque mécanique.

C'était la seule chose qu'il parvint à dire, la seule chose qui ne lui semblait pas fausse, même si cela sonnait étrangement vide. Il entra dans l'appartement, évitant soigneusement le regard de Gabriel. Il se sentait à la fois soulagé et terriblement nerveux d'être enfin à l'intérieur. Le silence entre eux était presque palpable, lourd de tension et d'attentes inexprimées.

Gabriel referma la porte derrière lui, ses mains moites glissant légèrement sur la poignée. Lui non plus ne savait pas comment se comporter, comment rendre cette atmosphère moins oppressante. Il détestait ce mur invisible qui les séparait encore, cette distance émotionnelle qui semblait s'être creusée entre eux depuis leur dernière rencontre. Il essaya de se reprendre, de retrouver un semblant de calme.

« Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » proposa-t-il finalement, sa voix trahissant une certaine nervosité.

Jordan secoua la tête, refusant poliment mais froidement, sans un mot de plus. Il se sentait incapable de se détendre, d'accepter la moindre forme de gentillesse de la part de Gabriel. À l'intérieur, il était terrorisé, mais il s'efforçait de maintenir une façade d'arrogance et de distance. Il ne pouvait pas se permettre de montrer sa vulnérabilité, surtout pas maintenant, pas devant Gabriel.

Gabriel, décontenancé par ce rejet silencieux, chercha un moyen de détendre l'atmosphère, de briser cette glace qui semblait les enfermer tous les deux. Sans autre idée, il se dirigea vers le salon et, d'un geste hésitant, invita Jordan à le suivre et à s'asseoir sur le canapé.

Ils s’installèrent chacun à une extrémité, la distance physique traduisant la faille émotionnelle entre eux. Le silence se fit plus lourd encore. Jordan, incapable de trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait, agita nerveusement sa jambe. Il sentait le stress monter en lui, mais il était incapable de s'en débarrasser. Les souvenirs de leur altercation tournaient en boucle dans son esprit, mais les mots restaient coincés dans sa gorge, impossibles à exprimer.

Gabriel, sentant l’agitation de Jordan, tenta de l’approcher doucement. « Est-ce que tout va bien ? » demanda-t-il, sa voix douce mais teintée d’inquiétude. « Comment ça se passe au travail ? Et ta campagne ? Tout se déroule comme tu le veux ? »

Jordan répondit froidement, presque tranchant. Chaque mot qu'il prononçait semblait être une barrière supplémentaire, une distance qu'il mettait intentionnellement entre eux. Il ne voulait pas de cette douceur, de cette gentillesse qui lui rappelait à quel point il se sentait faible à l'intérieur.

Gabriel, bien que blessé par la froideur de Jordan, ne voulait pas abandonner. Il savait que sous cette carapace se cachait une douleur immense, une fragilité qu'il reconnaissait bien. Il tenta alors une dernière question, essayant de toucher une corde plus sensible, de percer l'armure que Jordan avait érigée entre eux.

Sous les masques du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant