Chapitre 3

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Après avoir envoyé le message, je restai un moment à fixer l’écran de mon téléphone, comme si la réponse de Lysander pouvait y apparaître instantanément. Une vague d’anxiété monta en moi alors que mes pensées tourbillonnaient. Je savais qu’il serait inquiet, qu’il sentirait que quelque chose n’allait pas.

Mais mon secret… mon secret est bien trop sombre pour qu’il me reparle après. L’idée de le perdre, de voir cette lueur de tendresse dans ses yeux s’éteindre, me terrifiait plus que tout. Comment pourrais-je lui expliquer que ce pouvoir, que je ne contrôlais pas toujours, faisait de moi quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’il pourrait ne pas reconnaître ?

Je serrai mon téléphone contre ma poitrine, comme si ce simple geste pouvait atténuer la douleur qui commençait à percer mon cœur. La lumière tamisée de la lampe sur ma table de chevet créait des ombres dans la pièce, des ombres qui semblaient danser avec mes peurs. Je me levai, incapable de rester assise plus longtemps, et fis quelques pas dans ma chambre, essayant de trouver un semblant de calme.

Je m’approchai de la fenêtre et tirai légèrement le rideau, observant les rues en contrebas. Tout était calme, paisible, comme si le monde extérieur n’était pas au courant du tumulte qui m’habitait. « Pourquoi moi ? » murmurai-je à voix basse, sachant que la question resterait sans réponse.

Les souvenirs de la soirée me revinrent en mémoire. Les voyous, leur menace, et cette force obscure qui avait pris le dessus en moi. Je ne voulais pas être cette personne, celle qui se cachait derrière un masque de normalité tout en sachant que la noirceur de ce pouvoir menaçait de tout dévorer.

Je laissai retomber le rideau et retournai m’asseoir sur le lit, mes doigts jouant nerveusement avec le bord de ma couverture. Le silence de la pièce était presque assourdissant, amplifiant le bruit de mes pensées.

Un frisson parcourut mon échine. Je me sentais piégée, comme une bête traquée dans un espace confiné. Chaque recoin de ma chambre, chaque ombre, semblait contenir un morceau de la vérité que je voulais désespérément cacher. Je baissai les yeux vers mes mains, ces mains qui, quelques heures plus tôt, avaient libéré une puissance que je ne comprenais pas pleinement. Une puissance qui pouvait aussi bien protéger que détruire.

Le son familier de mon téléphone vibrant me sortit de ma torpeur. Je sursautai, le cœur battant, et attrapai l’appareil. C’était Lysander.

Lysander : « Je suis content que tu sois en sécurité. Si jamais tu as besoin de parler, tu sais que je suis là, non ? Peu importe ce que c’est, tu peux tout me dire, Elara. Je m’inquiète pour toi. »

Ses mots étaient simples, mais ils portaient un poids immense. Je sentis mes yeux s’embuer. Il était là, prêt à m’écouter, prêt à m’aider, mais il ne savait rien de ce que j’étais vraiment, de ce que je pouvais devenir.

Je reposai le téléphone sur la table de chevet, incapable de lui répondre pour le moment. Comment pouvais-je lui demander de porter ce fardeau avec moi ? Comment pouvais-je l’entraîner dans cette obscurité que je peinais moi-même à comprendre ?

Un soupir échappa à mes lèvres. J’avais l’impression d’être à un carrefour, mais je n’étais pas encore prête à choisir une direction. Tout ce que je pouvais faire pour l’instant, c’était tenter de contrôler cette chose en moi, pour que jamais Lysander n’ait à découvrir la vérité. Mais au fond de moi, je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que le masque ne se fissure.

Je me glissai sous les couvertures, essayant de chasser ces pensées sombres. La fatigue alourdissait mes paupières, mais le sommeil se refusait à venir. Le silence de la nuit était oppressant, et chaque craquement de la maison semblait amplifier mon malaise.

Le secret mystérieux de la vampire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant