Le secret mystérieux de la vampire

Chapitre 31

« Il est là, » murmurai-je, ma voix à peine un souffle, mais si claire dans le silence qui suivit le rugissement de la créature. Je pouvais sentir tous les regards se tourner vers moi, mais je ne pouvais plus détacher mes yeux de l’ombre mouvante qui émergeait de l’escalier.

« Je l’ai senti venir depuis longtemps… bien avant vous tous. Je n’ai rien dit parce que ça n’aurait rien changé. C’était inévitable. »

Je respirai profondément, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Chaque pas de la créature résonnait dans la salle comme un coup de glas, mais étrangement, une paix glaciale s'installait en moi.

« Vous ne comprenez pas… Il ne nous chasse pas pour nous tuer. Non, c'est bien pire que ça. Il veut nous absorber, nous avaler tout entiers, nos pensées, nos âmes. Il ne reste jamais rien de ceux qu’il prend… rien. »

Je fis un pas en avant, sentant la peur de mes compagnons derrière moi, palpable comme une brume épaisse. Mais pour moi, il n’y avait plus rien à craindre, juste l'inéluctable.

« Ça a toujours été écrit… Depuis le début. Nous n’avons jamais eu une seule chance. »

« Il est là, » murmurai-je, ma voix brisée par l’effroi qui grandissait en moi, mais elle résonnait pourtant, perçant le silence glacé de la salle. Le rugissement de la créature s’était éteint, laissant derrière lui une tension presque insupportable. Je pouvais sentir chaque battement de mon cœur, résonnant dans mes tempes, comme un écho sinistre de ce qui allait suivre.

Tout le monde se tourna vers moi. Ils attendaient des réponses, des explications que je ne voulais pas donner. Mais à quoi bon mentir maintenant ? Les ombres se resserraient autour de nous, engloutissant peu à peu la lumière vacillante des torches.

« Je l’ai senti venir… depuis longtemps, » continuai-je, les mots s’échappant de mes lèvres comme une confession amère. « Avant même que nous ne posions un pied ici. Je savais que tout cela finirait ainsi. Et je n’ai rien dit, parce que ça n'aurait rien changé. Ça devait arriver… Tout était écrit. »

Mon regard restait fixé sur la créature, ses yeux rouges perçant l'obscurité, des flammes de haine brûlant dans son regard. Son corps massif, couvert d'une peau noire et luisante, semblait se fondre parfaitement dans l’ombre qui l’entourait, comme s’il était né de cette obscurité elle-même. Chaque mouvement qu'il faisait était lent, calculé, comme s’il se délectait de notre terreur.

« Vous croyez que c’est un monstre ordinaire… » dis-je, plus fort maintenant, mes mots emplis d’une sombre vérité que j’avais refusé d’admettre. « Mais ce n’est pas un chasseur. Non… il ne nous poursuit pas pour nous tuer. Ce serait trop facile. »

Je fis un pas en avant, sentant la terreur de mes compagnons s’intensifier derrière moi, mais je ne pouvais plus m’arrêter. Les mots coulaient hors de moi, incontrôlables, comme si toute cette vérité s'était accumulée pendant trop longtemps, prête à exploser.

« Il veut plus que nos corps… Il veut tout ce que nous sommes. Il veut nos pensées, nos peurs, nos souvenirs. Il se nourrit de nous… de nos vies.

Je venais à peine de murmurer mes dernières paroles quand quelque chose changea dans l’atmosphère oppressante de la pièce. Un éclat vif, presque imperceptible au début, transperça l’obscurité épaisse. Lysander, qui jusqu’alors semblait figé par la terreur comme nous tous, fit un pas en avant. Ses yeux, auparavant empreints de doute, brillaient maintenant d'une détermination froide et implacable. Ses traits, d’habitude calmes et réfléchis, étaient durcis par une résolution nouvelle, presque féroce.