VITTORIA SANTONI
J'ai vérifié pour la troisième fois ma ceinture en serrant au maximum. Mathieu a enlevé un de ses écouteurs pour me dévisager.
- Bah arrête de serrer tu vas finir par te tuer là.
J'ai secoué la tête en continuant à tirer sur la ceinture. Une vraie folle.
- On sait jamais.
Le polonais a chantonné "quand ça va péter, quartiers sensibles, zone à éviter". Je l'ai ignoré pour installer mon doudou sur mes genoux. Tout était parfait pour le vol. Mathieu a rigolé avant d'attraper Grigri dans ses mains. J'ai protesté.
- Rends la moi !
Il a jonglé avec mon doudou grenouille avant de se moquer :
- Quand je pense que t'as passé cinq minutes à expliquer ce que c'était à la sécurité. T'étais vraiment ridicule.
Je me suis retenue de lui dire que c'était lui qui avait l'air le plus ridicule dans l'avion. Il portait sa capuche et ses lunettes de soleil dans le but d'avoir l'air discret dans l'avion. Ça marchait pas mais alors pas du tout.
- Oui bah j'aime pas ça. J'ai peur de l'avion.
Il m'a rendu mon doudou que j'ai serré contre moi en lui jetant un regard mauvais.
- On va pas y aller en dauphin hein.
J'ai soupiré. Visiblement même après ce week-end cohésion, c'était raté pour compter sur lui pour me rassurer.
- Tu sais qu'en vrai y a zéro risque. A part au décollage et l'atterrissage, à continué Mathieu son menton dans la main et l'air pensif.
C'est bien sur à ce moment que l'avion a choisit de commencer le décollage. J'ai cligné des yeux plusieurs fois. On aurait dû prendre le bateau je le savais.
- Merci pour tes infos très précieuses maintenant je vais faire un petit infarctus tranquillou dans mon coin.
Mathieu a rigolé avant de se calmer en voyant que j'étais aussi blanche que l'avion.
- T'es un vrai bébé. Passe ta main.
J'ai regardé la main qu'il me tendait.
- Fais pas la fière ça se voit tu vas chouiner.
J'ai serré sa main. Dans certains moments fallait accepter qu'on allait se pisser dessus de peur et qu'il fallait donc accepter l'aide. Peu importe quelle aide.
- Par contre là tu me détruis la main Vitto.
J'ai un peu desséré ma prise tout en fixant le siège devant moi. Je voulais surtout pas regarder la vue. L'avion a finit par arriver à sa vitesse de croisière et j'ai lâché la main de Mathieu en soufflant.
- Merci.
Il a secoué sa main ce qui m'a permit d'admirer son tatouage et ses bagues.
- Putain t'as une de ses poignes. Faut pas te fâcher toi. Ça va mieux ?
J'ai jeté un regard au reste de l'avion. Comment ils pouvaient avoir tous l'air aussi calme ? Les gens étaient vraiment inconscients.
- J'ai envie de me déhubloter mais tranquille.
- C'est quoi ça encore ?
- C'est comme se défenestrer mais depuis un hublot. Révise toi vocabulaire.
Mathieu a regardé le hublot puis il a fait glisser son regard le long de mon corps en se pinçant les lèvres.
- J'pense ça serait hyper compliqué. C'est trop petit, tes fesses resteraient coincées.
Je lui ai envoyé un petite tape dans l'épaule.
- Attends qu'on retourne sur terre et c'est toi qui va avoir chaud aux fesses.
Mathieu a sourit de toutes ses dents.
- J'ai hâte qu'on atterrisse alors.
J'ai levé les yeux au ciel avant de vite me reconcentrer sur le siège devant moi. Fallait pas que je pense au fait que j'étais dans un avion qui volait je sais même pas comment.
On a finit par atterrir et j'ai enfin pu respirer quand j'ai touché le sol. Mathieu a rigolé en me voyant limite sauter de joie. Il m'a tiré vers lui en passant son bras autour de mes épaules. De loin ça pouvait avoir l'air mignon. De près c'était plutôt ambiance clé de bras.
- Vas-y cache un peu ta joie d'être débarrassé de moi.
Je l'ai regardé et il a détourné le regard avec un air boudeur. J'allais lui répondre mais un sifflement nous a interpellé. Mathieu m'a direct lâché avant de se détendre en voyant Ormaz et Elyo. On est allés à leur rencontre. Mathieu les a tchecké tandis que les gars m'ont fait la bise.
- On vous laisse un week-end et vous finissez copains comme tout.
J'ai souris en les écoutant nous chambrer pendant qu'on allait en direction de leur voiture. J'étais bien contente qu'ils me ramènent, j'avais pas la foi de prendre un taxi ou les transports.
- On est devenus les meilleurs potes du monde, hein Cléo ? A rétorqué Mathieu en jetant mon sac dans le coffre.
J'ai regardé en grimaçant mon sac rebondir dans le coffre. Heureusement que j'avais rien de fragile. J'ai rigolé en m'installant sur la banquette arrière.
- Dans tes rêves. Ça mène à rien nous deux.
Les gars ont rigolé et on a démarré. Le trajet était particulièrement lent à cause des bouchons et je somnolais à moitié.
- Bah dis donc tu l'as épuisé Polak, s'est moqué Ormaz.
J'allais me motiver à lui faire un doigt d'honneur mais Mathieu m'a bizarrement défendu :
- Mais ta gueule toi. On s'est juste levés super tôt pour l'avion. Et en plus elle était au bout de sa vie dedans. Ça faisait de la peine.
J'ai eu un petit sourire en l'entendant. Ça changeait de quand il me traitait de grosse chouineuse.
Le moment mignon a duré à peine le temps du trajet. On était même pas encore garé devant chez moi que j'ai senti qu'on me secouait. J'ai ouvert les yeux pour voir le visage du blond à quelques centimètres du mien.
- Putain la vision d'horreur, j'ai murmuré.
- Réveilles toi on arrive là.
J'ai regardé par la vitre et j'ai reconnu ma rue. J'avais trop hâte de voir mon frère et surtout offrir les cadeaux que j'avais chopé pour ma nièce.
- Dire que tu pleurais à l'aéroport parce qu'on se quittait et là tu vas limite me jeter en roulant.
Mathieu a attrapé mon sac à dos en se penchant dans le coffre et me la enfoncé dans les mains. Ouais, il voulait vraiment que je dégage. Elyo s'est retourné depuis le siège passager pour nous observer en fronçant les sourcils.
- Vous êtes pas croyables les deux. Laisse la vivre Polak.
- Nan mais d'accord qu'on la ramène mais après faut que vous me déposiez dans le quatorzième pour que je capte une meuf.
J'ai vérifié que j'avais toutes mes affaires importantes dans mon sac en me retenant de faire une remarque comme quoi il pensait vraiment avec sa bite. J'ai tout de même décidé de l'aider en lui faisant remarquer que le quatorzième c'était pas vraiment à côté et qu'il ferait mieux de se bouger.
- Bah c'est pour ça que je veux que toi tu bouges vite Cléo le ptit cerveau.
J'ai pas relevé puisqu'on était devant chez moi. Je me suis contentée de sortir de la voiture et saluer nos pilotes. Mathieu m'a adressé un clin d'oeil et je lui ai fais un signe de la main.
C'était vraiment un week-end bizarre. Enfin l'essentiel c'est que j'avais gagné cent balles, même si mon frère m'avait fait remarquer qu'avec le billet d'avion c'était pas le pari le plus rentable de l'histoire.