VITTORIA SANTONI
J'aurais pas parié un centime dessus mais on avait réussi à s'entendre avec Mathieu. Pour le canoë et pour la préparation d'un repas. On avait envoyé les photos à ses potes qui avaient été un peu déçu. Ormaz avait parié avec Lisko qu'on se tuerait dans les premières vingt quatre heures.
- J'ai mis la table dehors sur la terrasse.
J'ai remercié Mathieu et j'ai attrapé le plat pour le sortir. C'était une recette que mon père m'avait apprise. La recette était succulente. C'était dur à croire sachant qu'elle venait de mon père et qu'il avait jamais été particulièrement doué dans quoi que ce soit. A commencer par être un bon père ou un bon époux.
Je me suis installée en face de Mathieu. J'avais trop hâte de manger. Tout le sport qu'on avait fait, ça m'avait affamé. On a commencé à manger dans le silence. Je guettait les réactions de Mathieu pour voir s'il allait kiffer.
- C'est grave bon. Tes mecs ils devaient être refaits.
J'ai ricané en l'entendant parler de mes exs.
- C'était des gros bouffons. J'étais trop occupée à pas pleurer ou devenir hystérique pour avoir le temps de leur cuisiner des bons ptits plats.
Il a eu un petit rictus que j'ai pas réussi à identifier.
- Me fait pas le coup des exs paranos ou je sais pas quoi.
J'ai secoué la tête devant son air accusateur. J'étais sortie avec seulement trois mecs. Le premier et le dernier m'avait salement trompé. Je sais pas quelle morale il faut tirer de cette affaire mais voilà.
- Je te jure que c'était des mecs bien ghetto.
Mathieu a rigolé.
- J'te vois pas trop avec des bad boy pourtant.
J'ai haussé des épaules.
- C'en étaient pas. Le premier il était juste con et m'a trompé et le dernier était un manipulateur possessif.
C'était un peu un raccourci. Livio vous direz que c'était un pervers narcissique, qui passait son temps à me rabaisser et ultra jaloux au point de vouloir contrôler ma vie. Mais j'avais pas encore envie de faire une séance gossip avec le blond assit en face de moi. Ça avait déjà demandé beaucoup d'effort pour en parler en thérapie.
- Bah t'as bien fais de les dégager alors. Ça me ferait flipper de savoir que ma sœur pourrait sortir avec des gars comme ça.
J'ai souris devant l'air protecteur qu'il avait prit. Le peu de temps qu'on avait passé ensemble m'avait bien fait comprendre qu'il était à fond derrière sa famille. Et je comprenais parce que j'étais pareil avec Livio. Mathieu a continué à parler avec la bouche pleine :
- Ça a du te faire bizarre d'avoir un crush sur Bekar vu que c'est un mec normal.
J'ai faillis avaler de travers devant son sourire.
- Comment tu sais ça toi ?
Il a rigolé et j'ai du attendre que son vieux rire imitation moteur qui arrive pas à démarrer se termine.
- Il me l'a raconté une fois au studio. Mais c'était tah l'époque. Il m'avait parlé de la sœur d'un pote à lui qui était en crush et ça le mettait mal à l'aise.
J'ai bu un verre d'eau pour pas avoir à répondre et cacher mon visage qui devenait rouge tomate. Ça c'était la faute de mon frère. Tu lui disais un truc une fois par erreur et toute la France entière était au courant.