VITTORIA SANTONI
Ma journée avait été épuisante. Si c'était à refaire, j'aurais essayé de me faire écraser par un camion ce matin au lieu d'aller au travail.
J'avais commencé la journée en me disputant avec mon frère au petit dej. Juste parce que j'avais pas lancé le lave vaisselle la veille et que du coup il pouvait pas manger avec son bol préféré. J'aimerais dire que ce gosse mérite des coups mais il a vingt trois ans, c'est même plus un gosse. Juste un gros relou.
Ensuite j'avais passé ma matinée à m'embrouiller au téléphone avec des fournisseurs et pour organiser des sorties. Et le clou du spectacle c'était le métro en panne.
J'étais rentrée à dix sept heures au bout de ma vie. J'avais eu juste assez de force pour faire un doigt d'honneur à mon frère qui jouait avec sa fille dans le salon et filer dans ma chambre.
Le plan c'était regarder tout youtube pour me distraire et ensuite commander je sais pas quoi à manger. La soirée parfaite.
La soirée parfaite a duré même pas jusqu'au moment de la vidéo où Squeezie annonce son placement de produit. J'ai entendu toquer à ma porte. Si c'était Maya qui voulait jouer, je hurlait. Si c'était Livio qui voulait parler de son bol préféré, je hurlait aussi. C'est finalement une blonde qui a fait son entrée dans ma chambre.
- Tiens Mathieu, manquait plus que toi. Tu veux quoi encore ?
Ce mec c'était la punition pour mes péchés visiblement. Toujours il apparaissait de nulle part quand j'avais pas besoin de lui. Il a mis ses lunettes de soleil dans la poche de son pantalon avant de me sourire.
- T'as l'air de super bonne humeur Vitto. C'est cool. Ça fait plaisir.
Il m'a tendu son poing et j'ai roulé des yeux. Il a rigolé et s'est penché vers moi.
- Ah oui la miss veut me faire la bise, je vois.
Avant que j'ai pu dire quoi que ce soit il a claqué ma joue avec ses joues en exagérant bien le bruit de la bise. Si on m'avait dit un jour que mon ennemi juré serait un blond décoloré.
- Comment t'es rentré ?
- Ton frère m'a laissé rentré. Il est fan de moi. Plus que la petite sœur et toute la miff sera convertie au phénomène Polak.
Ça pour le coup c'est sur que c'était un phénomène. J'ai hoché polimment de la tête. C'était comme avec les fous quand j'attendais le bus : on sourit, on hoche de la tête et on attend que ça passe.
- Et sinon pourquoi t'es là ? Parce que moi j'avais prévu des bails là.
Mathieu a eu un air intéressé.
- T'allais voir un mec ?
J'ai désigné mon corps pour lui montrer à quoi je ressemblais.
- Tu crois j'irais voir un mec avec cette dégaine ?
Je portais un vieux jogging et un t-shirt taché avec du dentifrice. Mathieu s'est détaché de l'observation de ma chambre et de mes affaires pour m'adresser un clin d'œil.
- T'es belle peu importe ce que tu portes.
- Oui ça je sais. Et d'abord essaye pas de me flatter juste parce que tu veux que je te rende un service ou je sais pas quoi.
