Chapitre 23

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Royce

Lorsque j'ai reçu l'appel anonyme me demandant de venir récupérer Asia devant l'Empire de la Luxure, je n'ai pas hésité une seconde à abandonner ce que j'étais en train de faire pour sauter dans ma voiture. Ce n'est qu'en arrivant devant l'établissement et en voyant l'état dans lequel était Asia, que j'ai compris que quelque chose de grave était arrivé. Toutefois, en voyant les personnes qui l'accompagnent, je ressens un léger soulagement. Les connaissant, ils n'auraient jamais laissé quoique ce soit lui arriver.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandé-je en arrivant à leur niveau.

— Sa salope de sœur va mourir dans d'atroces souffrances, je te le garantie, grommelle Natasha tout en caressant les cheveux de ma brune.

Je me tourne vers son compagnon qui hausse les épaules, pas le moins du monde surpris par les paroles de sa femme.

— Qu'est-ce que vous faites-là ? Depuis quand est-ce que vous êtes en ville ? questionné-je.

— On est là depuis qu'elle est là, répond Pavel en montrant Asia du menton.

— Vous étiez avec elle depuis tout ce temps ? grogné-je.

— Évidemment, tu crois vraiment qu'Heather l'aurait laissé disparaître comme ça ? Je te croyais plus malin que ça, gamin. Quoi que, tomber amoureux de sa cible, c'est pas le bon deal.

— Tu peux parler, t'as fait la même chose avec Nat, répliqué-je hargneusement en m'approchant d'Anastasia.

— Sur ce point, il n'a pas tort, ajoute Natasha.

Je prends sa place aux côtés d'Asia, qui est toujours en pleurs et qui n'a aucune idée de ce qui est en train de se passer. Je la serre contre moi et respire son parfum fleurit tout en lui chuchotant que je suis là pour elle.

— Merci de m'avoir appelé, finis-je par dire.

Elle plonge son regard dans le mien et je sais d'instinct que ce qu'elle va dire ensuite, j'ai plutôt intérêt à le mettre à l'œuvre si je ne veux pas finir à la morgue, non identifié. Natasha peut être sacrément flippante quand elle le veut, et à côté d'elle, j'ai l'air d'un petit joueur.

— Toi seul est en mesure de la rassurer et d'être là pour elle, Royce, alors ne fous pas tout en l'air, tu veux ? Je détesterais avoir à détacher cette si jolie tête du reste de ton corps.

Je hoche ladite tête et soulève Asia dans mes bras avant de la ramener à ma voiture, que j'ai laissé en double file. Je bloque une partie de la circulation, mais c'est le cadet de mes soucis et il suffit d'un regard noir en direction d'un automobiliste un peu trop zelé, pour qu'il ferme son clapet. Après avoir installé la cadette Youssoupov sur le siège passager, je me dépêche de faire le tour de la bagnole et de mettre les voiles. J'ignore où je vais exactement, mais je n'ai pas envie de rompre la bulle qui s'installe peu à peu autour de nous.

Au bout de quelques minutes, je ne résiste plus et pose ma main sur celle de la femme à mes côtés, qui sèche lentement ses joues humides.

— Merci d'être venue, murmure-t-elle d'une voix brisée, tandis que j'embrasse tendrement ses doigts.

— Toujours, kotenok, toujours.

Elle m'offre un sourire qui n'a rien à voir avec ceux qu'elle a l'habitude de faire. Si je n'étais pas aussi inquiet pour elle, je ferais demi-tour et j'irais trouver sa garce de sœur pour la réduire en cendre. Cependant, mon plan va devoir attendre un petit peu car Asia est ma priorité.

— Je suis désolée, chuchote-t-elle.

— Désolée de quoi ?

— Pour tout.

— Tu n'as absolument pas besoin de t'excuser, surtout pas auprès de moi, assuré-je.

— Si, Royce, je le dois. J'ai été injuste avec toi, la dernière fois qu'on s'est vu. Je ne pensais pas les choses que je t'ai dites et pour ça, je m'en excuse. Tu réponds toujours présent quand j'en ai besoin et moi, j'ai abandonné le navire dès la première occasion.

La vulnérabilité sur son visage me tue de l'intérieur, mais comme elle semble ressentir le besoin d'expier ce qu'elle a sur le cœur, je la laisse faire.

— Je crois bien qu'on a eu notre première dispute, dis-je, afin de détendre un peu l'atmosphère.

— Je crois aussi, sourit-elle brièvement. Et je sais d'ores et déjà que je déteste ça.

J'embrasse de nouveau le dos de sa main, puis lui demande où est-ce qu'elle veut qu'on aille, même si j'ai déjà ma petite idée.

— Peu importe, du moment qu'il y a un lit. Je suis épuisée, soupire-t-elle en calant sa tête contre mon épaule.

Je dépose un baiser sur le sommet de son crâne, puis je prends la direction de mon penthouse. C'est l'endroit le plus près où nous pourrons nous reposer et où nous pourrons discuter tranquillement, mais plus tard.

Une fois dans le quartier de Red Hook, je me gare dans le parking souterrain de mon immeuble, avant d'attirer Asia jusqu'à l'ascenseur. Dans la cabine, je place un bras sur ses épaules et la ramène contre mon torse, tout en gardant mon nez plongé dans ses cheveux soyeux. Son odeur de shampoing me rend dingue et je suis obligé de réfréner mes pulsions pour ne pas la plaquer contre le mur et me perdre en elle. Lorsque nous arrivons au dernier étage, Anastasia ne prend même pas la peine de découvrir les lieux et me demande simplement où se trouve la salle de bain.

Je l'emmène à l'étage, lui donne tout ce dont elle pourrait avoir besoin, et la laisse dans la salle de bain de ma chambre, pour lui laisser un peu d'intimité. Quant à moi, je retourne au rez-de-chaussée et mets la bouilloire en route. J'aurais bien pris un verre de vodka ou de Cognac, mais je préfère avoir les idées claires, au cas où.

Asia réapparaît, quelques minutes plus tard, vêtue de l'un de mes caleçons et un de mes sweatshirts, ce qui me fait sourire. C'est con à dire, mais la voir porter mes fringues réveille quelque chose de primaire en moi et, visiblement, elle a conscience de l'effet que ça a sur moi.

Elle s'approche de moi et quand nos corps se retrouvent à quelques centimètres l'un de l'autre, elle se met sur la pointe des pieds et scelle sa bouche à la mienne. Contrairement aux autres baisers qu'on a pu partager, celui-ci est aussi tendre que salvateur. Nous prenons notre temps pour apaiser l'autre et ce, même si on crève d'envie de passer à la vitesse supérieure. On a besoin de ce moment pour apprécier ce qu'on a, rien de plus, rien de moins.

Let the World BurnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant