Chap 10

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15 janvier 2025

Pdv Apolline

Je venais d'arriver en cours, les yeux rouges et bouffis, les joues encore mouillées. C'était Jordan qui m'avait accueillie ce matin. Il avait essayé de me parler un peu, mais j'étais toujours muette. Rémi s'était excusé et avait demandé si je pouvais aller plus loin. Ensuite, je le vis parler de quelque chose avec Jordan. Je soupirai et regardai la classe pour trouver Tom. Il était installé à une table en train de dessiner. Je m'installai à côté de lui. Il leva les yeux vers moi et me sourit. Il est bizarre aujourd'hui, je ne sais pas, je ne le sens pas. Je m'assois juste à côté de lui.

« - Tu vas bien ? lui demandai-je en me frottant les yeux. Il me regarda attentivement.

- Aussi bien que toi à priori, me dit-il avec un demi-sourire. Oui, il ne va pas bien, je l'avais senti. Il regarda rapidement autour de nous, puis se pencha vers mon oreille.

- J'ai un plan pour m'enfuir, me murmura-t-il avant de s'écarter de moi. Je lui fis les gros yeux. Pourquoi ? Je croyais que tout se passait bien avec ses mommys ? Encore hier, il me disait que tout allait bien avec elles.

- Tom, ne fais pas ça, ce n'est pas une bonne idée. Je sais que tu vaux mieux que ça, tu n'es pas un délinquant comme certains dans ce centre. Et puis, je croyais que tout se passait bien avec tes mommys, elles ne t'ont pas emmené voir un film au cinéma hier soir ? essayai-je de le réconforter en parlant à voix basse. Il me sourit doucement avec un regard triste.

- Apolline, ce n'est juste pas un problème avec mes mommys. Et si on a été voir Cars, c'était vraiment bien, surtout qu'avant, on a été dans un restaurant. C'est juste le centre, surtout l'après-midi, Apolline, c'est horrible. J'ai l'impression d'être... d'être... un poupon ! Un poupon dans les mains d'adultes détraqués. Ils sont là à nous changer à la chaîne, sans douceur. Je ne peux plus, Apolline, et quand je te vois arriver en pleurs, ça me fait dire que toi aussi tu n'es pas heureuse, me dit-il toujours en murmurant. Il n'a pas tort.

- Moi aussi, je ne supporte pas ça, mais je n'ai pas envie de parler de ce matin. Écoute, si tu viens me dire que tu as un plan infaillible pour t'enfuir, là j'aviserai pour te suivre ou t'arrêter, parce que là, Tom, je ne comprends pas trop. Il s'est passé quelque chose, j'en suis sûre, alors dis-moi quoi, s'il te plaît, lui demandai-je toujours en murmurant. Il me regarda en souriant tristement.

- Je ne veux pas en parler, Apolline, mais si j'en ressens le besoin, c'est à toi que j'en parlerai, me dit-il sincèrement en arrêtant de murmurer. J'hochai la tête de haut en bas.

- Parlons d'autre chose alors. Tu as un film favori ? lui demandai-je. Il réfléchit un instant avant de me répondre.

- Alors quand j'avais le droit de regarder ce que je voulais, je dirais que c'était un film d'horreur, La Maison de Cire, mon premier film d'horreur. Maintenant que les films d'horreur sont bannis, je dirais Cars, justement. Et toi ? me dit-il. Je n'eus pas besoin de beaucoup réfléchir.

- Spirit : L'étalon des plaines, lui répondis-je sans hésiter. Je sentis une présence derrière nous. Une main se posa sur mon épaule et une autre main se posa sur l'épaule de Tom. On releva la tête après avoir sursauté tous les deux et on y vit Jordan.

- Tout va bien, les loulous ? nous demanda Jordan. Vu qu'on avait sursauté et vu de quoi on avait parlé avant, on était un peu tendus, et Jordan eut l'air de le remarquer. Il nous regarda suspicieusement.

- Oui, daddy Jordan, répondit Tom en bougeant son épaule de manière à ce que Jordan enlève sa main de son épaule. Il se remit à son dessin. Il m'avait déjà dit que c'était l'une de ses passions ; il était en train de dessiner des petits personnages tout mignons.

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