2. Sutures et coupures

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🔴 𝗧𝗪 : 𝗔𝗰𝘁𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗶𝗿𝘂𝗿𝗴𝗶𝗰𝗮𝘂𝘅

Dulce est desipere in loco

°•.ʚ♡ɞ •°

Ça allait faire mal. Très mal.

Mais Augustin n'avait pas le choix.

Agenouillé aux côtés du second blessé - celui qui était toujours en vie - il avait sorti le kit de chirurgie d'urgence qui ne quittait jamais son cartable.

Malheureusement, son expérience de terrain lui avait donné raison.

Dans un gargouillis écoeurant, l'homme dont s'occupait son grand frère s'était éteint avant qu'il ne puisse faire le moindre geste, noyé dans son sang. La balle allemande avait perforé son poumon, rendant impossible toute action dans ces conditions précaires. La bouche tâchée de rouge, il avait cessé de respirer, lâchant un dernier râle affreux en serrant la main de François, la souffrance déformant ses traits.

Jeanne avait laissé échapper un léger sanglot, abandonnant la lampe à huile pour essuyer ses larmes, les lèvres tremblantes.

- On peut me dire ce qui c'est passé exactement ? Répéta Augustin de sa voix douce, faisant un signe pour qu'on vienne l'éclairer.

D'un geste marqué par l'habitude, il tira sur la chemise que portait son nouveau patient, arrachant le tissu pour accéder à son bras meurtri. Une grimace apparut sur son visage au moment où il réalisa que la blessure était bien trop profonde pour être soignée.

- Lui, c'est Rafael, murmura Gisèle en se glissant derrière lui, portant la lampe à bout de bras. Il devait faire traverser la frontière à ces deux gamins...

Elle désigna les deux enfants au fond de l'étable, leurs visages sales et terrifiés soulignés par la lumière tremblotante. Jeanne s'était approchée d'eux, les consolant de ses bras.

- Ils ont dû tomber sur une patrouille dans la forêt. Fit François en essuyant le sang qui tachait ses doigts. Ils se sont fait tirer dessus et Rafael s'est fait rattraper par les chiens en essayant de les ramener ici. Grâce à Dieu, il les ont semés.

- Ils ne sont pas loin. Le coupa Gisèle, ses doigts tambourinant nerveusement contre la lampe à huile. Ils patrouillent dans le village, on a failli...

S'interrompant, elle murmura une prière à voix basse, portant un regard aux deux enfants qui ne perdaient pas une miette de la conversation. Concentré, Augustin avait achevé de déchirer la chemise de l'homme, constatant les dégâts avec un petit tic nerveux.

Rafael... Il murmura intérieurement, soucieux de ne pas alourdir l'atmosphère de la pièce déjà bien pesante. Eh bien mon cher Rafael, il va falloir te faire rapidement à l'idée que tu n'as plus besoin de ton bras gauche.

Provoquant un cri de douleur, il déplaça doucement le membre blessé, tirant de son cartable un flacon de morphine sous le regard alarmé de son grand frère :

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais... je vais devoir amputer. Il chuchota. Il va avoir mal, c'est pour ça que je vais lui injecter de la morphine. Si tu as de l'alcool fort, c'est aussi le moment d'y penser.

Contrairement à la voix de François, celle d'Augustin ne tremblait pas. Il avait déjà vu trop de blessures pour en reconnaître une qui allait se gangrener rapidement. Une petite étable n'était pas le lieu idéal pour une opération d'une telle ampleur, mais il allait falloir faire avec.

- T-Tu vas couper son bras ?! S'étrangla Gisèle, manquant de faire tomber la lampe à huile, faisant trembler les ombres sur les vieilles poutres.

Le médecin hocha la tête, préparant son aiguille pour l'injection. Plus vite le membre serait anesthésié, plus vite il pourrait sévir.

Rebellis Fides (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant