10. Les plaines du Paradis

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...semper cupimusque negata

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Contrairement à ce que pouvait laisser entendre son air angélique - dû entre autres à ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus - Augustin n'était pas une vierge effarouchée, loin de là. Bien que cela fasse plusieurs années, il avait déjà eu plusieurs amants, de son colocataire en ville à des étreintes plus brèves, corps virils se perdant entre ses cuisses le temps d'une soirée - ou parfois plus, si affinités.

Dans ses aventures amoureuses, sa connaissance de l'anatomie humaine avait toujours été un avantage ; s'il connaissait parfaitement son propre corps, il savait également reconnaître lorsqu'il faisait de l'effet à quelqu'un.

Et en cet instant, contre lui, le corps de Rafael lui hurlait ce à quel point il le désirait ; dans leur position - soit Augustin, à califourchon sur lui - sa chair vigoureuse s'était dressée contre ses fesses, laissant peu de suspense quant à son état d'excitation.

Mais notre apprenti prêtre n'était pas dans un bien meilleur état, en vérité.

- Rafael... Je-

- Padre. L'interrompit l'espagnol, la voix chargée d'un désir brûlant. Je suis désolé.. J-J'ai...

Les yeux d'Augustin s'écarquillèrent légèrement alors que la main encore valide du brun glissait le long de son dos, tremblante, presque hésitante, comme s'il prenait conscience de ce qu'ils étaient en train de faire, là, dans les hautes herbes.

- J'ai peur de te faire mal... Il souffla, presque coupable.

- Ma jambe ne-

- Pas physiquement, Padre. Je... Je ne suis même pas censé être ici. Mes frères m'attendent là-haut, dans les coteaux. Dès que les enfants seront en sécurité il faudra que je disparaisse, pour ton bien.

Augustin se mordit la lèvre, ses longs cils blonds venant assombrir son regard pâle. Bien sûr. Ils jouaient à faire semblant. Le combat de Rafael n'était pas ici, dans ce petit village niché au cœur des montagnes franco-suisses.

S'ils osaient franchir la ligne rouge...

- Laisse-moi des souvenirs alors. Il murmura, presque comme une prière. Si tu dois disparaître, je veux pouvoir me souvenir de ce moment.

Et avec douceur, il posa ses mains à plat sur les joues de son homme, effleurant les angles virils de sa mâchoire avant de l'embrasser à nouveau, tendrement. Contre ses lèvres, Rafael laissa échapper un léger soupir, fermant les yeux pour se laisser embarquer dans cette étreinte plus tendre.

Petit à petit pourtant, le feu reprenait de la vigueur : s'il était doux dans un premier temps, le baiser devint plus langoureux, marqué par des grondements et des soupirs plus francs, plus affamés.

- Padre... Gronda Rafael contre ses lèvres, prenant les rênes.

Sa main avait quitté le creux de ses reins pour venir glisser le long de la boutonnière de sa soutane, en dégrafant chacun des boutons avec facilité jusqu'à le débarrasser totalement du vêtement liturgique. Ce fut ensuite au tour de la chemise à col haut de subir le même sort, laissant Augustin torse nu, frissonnant sous la brise.

A la douce lumière du soleil, sa peau diaphane semblait s'embraser, les tâches de rousseur constellant ses épaules comme autant de petites braises engaillardies par le feu qui le ravageait de l'intérieur. Sous le regard brûlant de Rafael, il avait la sensation qu'on le dévorait tout entier, qu'on le voulait, lui, entièrement.

Rebellis Fides (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant