Amare et sapere vix deo conceditur
°•.ʚ♡ɞ •°
- Rafael !
Les cavaliers de l'Apocalypse n'auraient pas pu filer plus rapidement qu'Augustin au travers du village, cheveux battus par le vent et l'air affolé. Ignorant la douleur dans sa jambe tremblante, il s'était hissé au grenier pour y trouver l'espagnol et les deux enfants, occupés à simuler une bataille épique avec des petits soldats de plombs.
Il s'immobilisa net en croisant les prunelles sombres de son amant, reprenant son souffle. Voyant son expression, ce dernier perdit aussitôt le léger sourire qui avait fleuri sur ses lèvres à son arrivée :
- Padre ?
- Ils savent ! Hoqueta Augustin. Et il a... Il a...
Il s'interrompit. Ishem et Sara venaient de prendre une expression horrifiée, leurs traits se tordant dans une grimace qui n'avait pas sa place sur des visages d'enfants, surtout si jeunes. Inertes, les petits soldats s'étaient répandus sur le sol.
Rompant ce flottement étrange, Rafael se redressa d'un bond. Il avait remarqué les boutons de la chemise du jeune religieux, arrachés quelques minutes auparavant par Herr Karl. En trois pas, il fut sur lui, le laissant se blottir contre son épaule, sa main se perdant dans ses cheveux.
- Hay, Todo está bien, estoy aquí.... il murmura doucement, déposant un léger baiser sur son front. Dis moi qu'il ne t'a pas fait de mal, por piedad...
- Rien que je ne puisse encaisser. Répondit Augustin, refoulant les larmes qui menaçaient d'envahir ses yeux clairs. Mais il a parlé d'un espagnol qu'il a capturé... je...
Le visage enfoui dans le torse de Rafael, il inspira lentement pour ne pas céder à la panique, passant en revue toutes les cachettes qu'il connaissait dans le village - et bien que nombreuses, aucune d'elles ne se trouvait vraiment hors de portée d'une meute de chiens enragés et d'un Herr Karl trop heureux de traquer de nouveaux fugitifs.
Contre sa nuque, la main de Rafael caressait doucement ses mèches blondes, cherchant à l'apaiser. Ce fut cependant Ishem qui brisa le silence de sa voix fluette, la terreur sur son visage laissant place à une expression étrangement déterminée pour un enfant de sept ans :
- Il ne faut pas s'inquiéter. Rafael est super fort, il va nous défendre ! Il a été sur un bateau avant, et après, dans les montag-
- Tais-toi ! le coupa Sara. Frère Augustin parlait d'un espagnol. C'est Miguel ? Miguel ne se serait pas fait capturer ?!
A la mention de ce prénom - Augustin l'avait déjà entendu dans la bouche de François - Rafael se raidit légèrement, une ombre étrange courant sur ses traits anguleux. Il mit fin à leur étreinte, le regard sombre :
- Non... ce n'est pas Miguel. Il murmura d'une voix un peu trop calme et contenue. Je suis sûr qu'il est toujours libre.
Il ne fallait pas être Albert Einstein pour comprendre qu'il cherchait à se convaincre autant qu'à convaincre les enfants. Intense, son regard balaya le grenier où les reliefs des quelques semaines de tranquillité passées dans le presbytère devenaient des souvenirs de leurs instants d'insouciance.
Puis, semblant regagner son sang froid, il s'éclaircit la gorge :
- Bien. On va trouver une solution. Personne n'a encore frappé à la porte. Ishem, Sara, rassemblez vos affaires. Vous repartez pour les coteaux ce soir, Estrella ou Miguel auront bien un créneau pour vous faire passer la frontière plus tôt que prévu.
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Rebellis Fides (MxM)
RomanceFrance occupée, 1941. Médecin devenu prêtre pour dissimuler son homosexualité, une rencontre inattendue avec un résistant communiste risque de chambouler l'ordre établi... °•.ʚ♡ɞ •° Médecin retiré à la suite d'une blessure de guerre, Augustin n'a ja...