Chapitre 8

1.4K 47 11
                                    




Ça fait deux semaines que nous sommes rentrés de l'expédition du Cervin. Notre quotidien a repris son cours habituel, mais ce soir, nous sommes invités à une soirée en l'honneur du départ d'Inox, qui part bientôt pour l'Everest.

- Jude, je sais pas trop... On n'a rien à faire là-bas et on connaît personne en plus.

- Allez, Emma, ça va être cool ! C'est lui qui nous a invités et il veut vraiment qu'on soit là.

- Ou alors, c'est Lise qui lui a demandé de nous inviter pour faire de la pub pour son documentaire.

- Arrête un peu, Emma, et va t'amuser ! intervient John. Il faut que tu profites un peu, tu ne sors jamais et tu es tout le temps occupée avec l'association. Profite ma belle.

Finalement, j'ai cédé, et nous nous sommes rendus à la soirée avec Maël et Jude. Une fois arrivés sur place, nous découvrons une boîte de nuit aménagée spécialement pour l'événement. La pièce est bondée, la musique résonne à un volume assourdissant, et l'ambiance est électrique. Les lumières clignotent dans tous les sens, rendant l'atmosphère encore plus festive.

Après quelques verres et beaucoup de rires échangés, Maël nous entraîne sur la piste de danse. Je me laisse emporter par la musique, mes pieds suivant le rythme entraînant. À ma grande surprise, je m'amuse vraiment. L'angoisse des derniers jours disparaît, remplacée par une légèreté que je n'avais pas ressentie depuis longtemps.

Après un moment, Maël me prend par la main et m'entraîne un peu à l'écart, loin du tumulte de la piste de danse. Je sens une certaine tension dans l'air, mais je le suis, intriguée. Nous nous arrêtons dans un coin plus sombre et tranquille de la salle, à l'abri des regards curieux.

- Je ne t'avais jamais vue aussi détendue, murmure-t-il avec un sourire en coin, se rapprochant encore plus de moi. La proximité entre nous est indéniable, et une certaine gêne commence à monter en moi.

Sans crier gare, Maël se penche soudainement vers moi et m'embrasse. Je suis prise de court, mon esprit vacille entre surprise et confusion. Ce n'est pas du tout ce que j'avais imaginé, et le geste me laisse figée, incapable de réagir immédiatement. Mon cœur bat à toute vitesse, non pas de plaisir, mais de pur choc.

Je me recule, déconcertée, cherchant mes mots pour dire quelque chose. Mais c'est alors que je le vois. Inox est là, à quelques mètres, nous regardant avec une expression que je ne peux pas décrypter.

Dans la pénombre, je devine qu'il a tout vu et je le vois quelques seconde après disparaître dans la foule.

- Maël, je pensais avoir été claire avec toi. Je suis désolée, mais je ne ressens pas la même chose pour toi.

- c'est à cause de lui, c'est ça ?

- Hein ? De quoi tu parles ?

- Arrête de faire semblant. J'ai très bien vu comment tu le regardes depuis qu'on le connaît. T'es folle de lui.

- Mais putain, de qui tu parles ?

- Inox !

Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres.

- Quoi ? Mais n'importe quoi ! Ça n'a rien à voir avec lui, Maël, je te parle de moi, là.

- Ouais, bien sûr. Il me toise du regard et s'éloigne, me laissant seule avec mes pensées.

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais une étrange impulsion me pousse à aller retrouver Inox. Peut-être pour dissiper ce malentendu qui plane entre nous, ou peut-être juste pour fuir la confusion que Maël vient de semer en moi. Quoi qu'il en soit, je me fraie un chemin à travers la foule, cherchant à le retrouver.

Je finis par le repérer dans un des couloirs isolés de la boîte. Ce que je vois me coupe le souffle : Inox est là, en train d'embrasser une fille. Mon cœur se serre inexplicablement, et je reste figée sur place, incapable de détourner le regard. Ils ne me remarquent pas tout de suite, mais quand il lève les yeux et me voit, il s'écarte de la fille.

- Retourne près des autres, je te rejoins après, murmure-t-il à la fille d'une voix basse mais ferme.

Elle le regarde, surprise, puis tourne la tête vers moi, gênée. Sans un mot, elle s'éloigne rapidement, me laissant seule face à Inox dans ce couloir sombre.

L'atmosphère est tendue, chargée de quelque chose de difficile à ignorer. Incapable de rester là, je tourne les talons pour partir, mais il m'interpelle.

- Alors, comme ça, il ne se passe rien entre Maël et toi, hein ? dit-il d'un ton froid et moqueur.

Je me retourne furieuse, me rapprochant de lui enragée.

- Pourquoi, ça t'intéresse ? craché-je, les mots remplis de colère. T'avais l'air de bien t'amuser aussi, non ?

- Jalouse ?

Je rigole faussement.

- Jalouse ? Je ris, un rire amer et sans joie.Jalouse de quoi ? De te voir jouer les Don Juan avec des gamines qui sont juste là pour raconter à leurs copines qu'elles ont embrassé leur youtubeur préféré ? Je rigole à nouveau. Sérieusement, t'es pathétique, Inox.

Il me toise, sa mâchoire se crispant. Il avance vers moi, ses yeux lançant des éclairs.

- Pathétique ? Tu sais ce qui est vraiment pathétique, Emma ? C'est ta manière de te cacher derrière tes critiques pour éviter de faire face à ce qui se passe entre nous.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Il ne se passe rien entre nous !

Son torse se soulève rapidement, la colère et la frustration émanant de lui. Il me saisit par les poignets, ses yeux fixés sur les miens avec une intensité presque insupportable.

- Oh, ne joue pas les innocentes ! On était à deux doigts de s'embrasser dans cette putain de tente, et tu t'es dégonflée !

Je le regarde, la respiration haletante, ma colère mêlée à une confusion croissante. Il s'approche encore plus, et la proximité devient écrasante.

- Mais la vérité, continue-t-il sans me lâcher du regard, c'est que tu en veux plus, même si tu refuses de l'admettre.

Je suis prise de court, ma respiration se faisant plus rapide. Son corps est si proche du mien que je peux sentir la chaleur de sa peau, et une étincelle d'intensité traverse ses yeux.

Il se penche, son souffle chaud contre mon visage. Je vois la colère dans ses yeux se transformer en quelque chose de plus brut et sincère. Dans un mouvement soudain et déterminé, il pose ses mains sur mes joues et m'embrasse. Le baiser est impulsif, empli de toute la rage et de la passion accumulées. Nos corps se heurtent avec une intensité que je n'avais pas anticipée.

Quand il se retire, ses yeux sont toujours ancrés dans les miens. Le couloir semble rétrécir autour de nous, les battements de nos cœurs résonnant plus fort que tout.

- Peut-être qu'il est temps qu'on affronte ce qu'on ressent vraiment, dit-il enfin, sa voix presque rauque.

Nous restons là, stupéfaits et ébranlés par ce qui vient de se passer, chacun tentant de comprendre ce que ce baiser signifie pour nous deux.

Ce sommet entre nous - InoxtagOù les histoires vivent. Découvrez maintenant