Ⅸ. Traque ouverte

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Je ne m'abaissais toujours pas et il s'apprêtait à me soumettre une nouvelle fois quand la porte s'ouvra et une femme à la voix très aiguë se mit à parler « Bébé t'es où ? Je te cherche- elle s'arrêta à la vue du sabot de son « bébé » sur ma jambe et à ma tête assez haute pour voir la situation d'une autre façon...

Oh » Elle s'arrêta net devant nous et cet saleté de Sabattini approcha sa chaussure de mon visage, essuyant ma salive d'une traite près de mon menton. La fille dont le visage était imperceptible dans la noirceur de la salle s'agrippa à son bras et les deux sortirent de la salle sans retour en arrière.

Encore un putain d'homme qui a réussi à gagner.

Je les déteste tellement.

Et non, ce n'est pas seulement à cause de mon père que cette haine grandit chaque jour. Cette haine provient tout simplement de leur existence. Sérieusement, leur vie est tellement plus simple que celle d'une femme. Que ce soit dans le travail légal ou non, nous sommes moins respectées et moins bien payées.

Il y a aussi la malédiction des règles.

Une fois par mois, nous souffrons, alors qu'eux peuvent faire ce qu'ils veulent 7 jours sur 7. Ils peuvent s'habiller comme ils veulent, mais qu'une femme ose porter une jupe trop courte, et elle sera qualifiée de prostituée.

Vous voyez le vrai problème ?

Je me releva de ma piteuse position espérant que Zyran ne soit pas parti, je pris une bouteille de whisky et la finit en quelques gorgées.

Le liquide amer avait coulé sur mon haut qui devenait encore plus flatteur qu'il ne l'était déjà.

Je regardais une nouvelle fois les cadavres délaissés sur le canapé maintenant tachée et sûrement irrécupérable. Bon courage à celui qui le lavera songeai je avant de sortir de cette salle. La fête ne s'était toujours pas arrêtée et je descendis les escaliers en boitant presque, car ma brûlure était entrain de me ronger de l'intérieur. Je pris sur moi et avançai, atteignant le trottoir. Je m'assis sur le sol froid et dur.

Décembre.

Un mois que je n'ai jamais particulièrement apprécié. Les fêtes de Noël n'ont jamais été un grand plaisir pour moi, surtout depuis que Lidia, mon ancienne gouvernante, m'a convaincu dans son scepticisme. Elle croyait en Dieu, certes, mais pour elle, la Trinité n'avait aucun sens. J'ai grandi dans cette éthique, et cela n'a jamais changé.

Parfois, je me demande si un être supérieur existe réellement. Pourquoi ne m'aide-t-il pas ?

Peut-être suis-je trop "abîmée" ? Trop "mauvaise" ?
Si c'est ce qu'il pense, je consens. À vrai dire, je ne suis pas une bonne personne.

Un SDF était assis à quelques mètres de moi. Il me souriait en me voyant le regarder, mais son sourire s'est figé lorsque deux hommes se sont approchés de lui, le forçant à se déshabiller.

Une scène aussi hideuse que cette journée elle-même.

Je continuai à marcher, essayant de ne pas attirer l'attention. Mais mes chaussures claquaient contre le pavé, et ce bruit attira l'attention des deux hommes. Ils se retournèrent, un sourire malsain aux lèvres. L'un d'eux murmura qu'ils allaient bien "s'amuser".

La faucheuse va s'amuser à vous récupérer plutôt...

D'un geste rapide, je frappai le premier homme au tibia. Il chancela, son équilibre déjà précaire, et j'en profitai pour enchaîner avec un nouveau coup, le faisant basculer au sol.

« Je vais te faire ta fête, sale p... », cracha-t-il en se redressant.

Mais je ne lui en laissai pas l'occasion. Trois coups de tête, précis et violents, suffirent à l'envoyer au tapis.
Cependant, je n'avais pas vu le deuxième homme se glisser derrière moi.

Cendres et sermentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant