1.L'Orphelin

172 13 12
                                    

Une pluie fine tombait sur Pré-au-Lard, créant une brume épaisse qui enveloppait tout le village d'une chape humide. L'air était frais, presque mordant pour un mois d'août, et les gouttes s'accrochaient aux vitres et aux enseignes, traçant de longues lignes tremblotantes. Severus Rogue avançait d'un pas décidé, sa cape noire battant légèrement contre ses jambes à mesure qu'il traversait les rues silencieuses.

— Quel gâchis de temps, grogna-t-il entre ses dents serrées, son souffle formant de petits nuages blancs dans l'air. Livrer une lettre à un enfant qui n'en mérite sans doute même pas l'attention...

Mais Dumbledore en avait décidé autrement. Et plutôt que de laisser cette mission à Hagrid, qui avait quitté Poudlard la veille pour une autre mission mystérieuse, c'était lui, Rogue, qui avait été chargé de cette tâche ennuyeuse. Il préférait cela à imaginer Hagrid patauger dans ces bois, renversant branches et buissons au passage.

Les rues de Pré-au-Lard étaient désertes à cette heure matinale, voilées par la brume grise qui semblait tout avaler. Rogue passa devant la Cabane Hurlante, ses fenêtres sales presque invisibles sous les couches de poussière et de toiles d'araignée, puis s'engagea sur le sentier qui menait plus loin dans la campagne.

Le chemin, couvert de flaques d'eau et de boue, serpentait à travers une partie de la forêt qui entourait le village. Les arbres denses, leurs branches tordues sous le poids des ans, formaient un tunnel naturel où la lumière peinait à pénétrer. Les gouttes de pluie, fines mais persistantes, glissaient des feuilles, tombant en silence sur le sol spongieux.

Après plusieurs minutes de marche dans cette atmosphère humide et oppressante, l'orphelinat apparut enfin devant lui, émergeant de la brume comme un fantôme. La vieille maison était en retrait, presque dissimulée par la végétation environnante. Ses murs de pierre sombres semblaient absorber la faible lumière du matin, et son toit en pointe était coiffé de lierre et de mousse, dégoulinant d'eau.

Les fenêtres, étroites et encadrées de bois, projetaient une lumière vacillante à travers les rideaux tirés, donnant à l'ensemble de la maison un air d'abandon et de mystère. Rogue fronça les sourcils en observant la bâtisse de plus près. Elle ressemblait presque à une créature accroupie, prête à bondir.

— Charmant, murmura-t-il d'un ton sarcastique.

Il approcha de la porte principale, une lourde porte en bois sombre, marquée par le temps et l'humidité, avec une cloche en laiton attachée à un cordon usé. Il hésita un instant avant de tirer sur le cordon. Le son qui en sortit était grave, résonnant d'une manière lugubre à travers la forêt silencieuse.

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit lentement dans un grincement sinistre. Une femme au visage émacié, les cheveux gris rassemblés en un chignon serré, apparut dans l'entrebâillement. Ses yeux plissés, encadrés de petites lunettes rondes, étudièrent Rogue avec une méfiance marquée.

— Que puis-je pour vous ? demanda-t-elle d'une voix sèche.

— Severus Rogue, répondit-il d'un ton brusque, ses yeux noirs perçants fixés sur elle. Professeur à Poudlard. Je viens pour comprendre pourquoi Félix Ashstone n'a pas reçu sa lettre.

La femme fronça les sourcils, son regard s'assombrissant davantage à la mention de ce nom.

— Ah... Félix, murmura-t-elle, presque comme un avertissement, Il serait préférable que vous parliez à Mme Slender. Elle saura vous expliquer.

Rogue hocha légèrement la tête, sans sourire, et pénétra dans l'ombre du hall d'entrée, suivant la vieille femme le long d'un couloir sombre aux murs tapissés de papier jauni.

Le Phénix NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant